Il n’est pas rare, dans le jargon populaire, de rencontrer des expressions consacrées, des raccourcis lexicaux qui permettent de construire des images mentales évitant de longs récits argumentatifs, telle cette expression récurrente lue ces derniers temps dans les médias « l’Algérie a bénéficié d’un alignement de planètes » favorable !
Pragmatisme oblige et férue d’astronomie, je m’interroge : « Mais, au fait, y’ a-t-il eu un alignement de planètes, cette année 2022 ? »
Et en effet, il y en a bien eu un, un vrai, le 22 juin 2022 ! Faut-il y voir un signe mystique, un présage ? Le dernier similaire se serait produit en 1997 et le prochain en 2124 !
D’illustres dirigeants, et cela, depuis la nuit des temps, recourent à la voyance, aux arts divinatoires, s’enquièrent de leurs thèmes astraux pour s’assurer de conditions favorables à leurs prises de décision, Napoléon, Mittérand pour ne citer que ceux-là, mais aussi de grands dirigeants d’entreprises, ont bien sollicité des services de voyance pour présager de leur longévité au pouvoir; Alors, au gré de mes pérégrinations « illuminées » dans le monde des sciences occultes – bien sûr, sans une once de conviction aucune- me hasarderai-je à un jeu ésotérique prédictif sur le nombre 54, nombre des engagements du président Tebboune.
A défaut de décrypter les lignes de la main droite du président pour lui prédire son avenir politique, calculer son thème astral pour l’année 2023, ou lui « tirer » les cartes du Tarot, je sollicite un géant de la prédiction numérique, célèbre moteur de recherche « le nombre 54 serait une combinaison des énergies vibratoires des nombres 5 et 4, le 5 étant le symbole de la liberté, Il représente le changement, l’évolution, la mobilité, le 4, symbole du carré, représente la structuration, l’organisation, le travail et la construction ». De quoi ébranler mes certitudes scientifiques les plus tenaces !
54 engagements «pour un changement global et véritable à même de permettre à notre pays de se redresser et de prendre un nouveau départ et à notre peuple de vivre dans une Algérie démocratique et prospère fidèle aux valeurs de la révolution du 1er novembre 1954 et où tous les algériens auront leur place »
C’est comme aligner 54 planètes, un réel défi astronomique. Et pourtant…
Il faut croire qu’au-delà du choix symbolique, en référence certaine à l’année du déclenchement de la guerre d’indépendance, le Président Abdelmadjid Tebboune aura misé sur une combinaison numérologique gagnante. Serait-il né sous une bonne étoile ?
Trêve de fétichisme. En politique, en géopolitique, en économie, les enjeux stratégiques ne laissent guère place au hasard. La dialectique historique s’en trouverait bien malmenée !
S’engager à mettre en œuvre 54 points d’un programme ambitieux au lendemain de bouleversements majeurs, dans un climat d’hostilité paralysant, crisogene et anxiogène tant au plan national qu’international ; au centre d’enjeux géostratégiques qui redessinent, reconfigurent un monde qui entre dans une complexité de rapports et de tensions extrêmes, relève de la clairvoyance mais surtout d’une ferme volonté politique d’exploiter, dans ce contexte précisément, toutes les opportunités politiques économiques, diplomatiques, géostratégiques pour sortir l’Algérie du marasme dans lequel elle s’est trop longtemps empêtrée et dans lequel, nombreux sont, ceux qui voudraient la voir encore s’y enliser jusqu’à disparaître… L’ambition d’aligner 54 planètes !
Dans l’Algérie d’aujourd’hui, cette « Nouvelle » à laquelle nous aspirons, pouvoir faire le bilan des actions d’un dirigeant, d’un gouvernement, en toute transparence, est le signe d’une gouvernance moderne soucieuse de rompre avec les carcans anciens, résolument tournée vers un avenir meilleur.
Où en sont les 54 engagements du président après 3 années d’exercice dont deux sous le signe du COVID- 19 chiffré lui aussi (décidément, de quoi faire frémir Fibonnacci !), qui ont freiné voire paralysé, l’économie du monde entier ?
On pourrait prendre point par point les engagements du Président, analyser les discours, évaluer sur le terrain le nombre de réalisations et des actions entreprises et les mettre en regard:
Organiser dans un contexte des plus hostiles une ligue arabe avec le succès qu’on lui connaît, remettre la question palestinienne sur la scène de l’ONU, fédérer des factions palestiniennes trop longtemps divisées, réaffirmer des positions de principe fondamental pour le droit du peuple Sahraoui à son autodétermination et à sa souveraineté, quitte à clouer au pilori des voisins tendancieux et amnésiques réduits aujourd’hui à voir en la visite de tout ami un possible entremetteur …, relancer l’économie, développer la numérisation dans de nombreux secteurs, augmenter les salaires, les allocations chômages, préserver des acquis sociaux alors qu’en Europe, le pouvoir d’achat se détériore, responsabiliser et impliquer la société civile, hisser les taux de production, d’indice de développement humain, de sécurité alimentaire à des niveaux honorables jamais encore atteints, briguer l’entrée dans les BRICS, penser l’avenir et l’alternative énergétique, raviver la dynamique culturelle, ….Enfin, relancer des secteurs trop longtemps restés en jachère et marginalisés, développer l’industrie et les exploitations minières, et en sus, récupérer des sommes colossales d’argent détournés depuis de trop nombreuses années …
Alors, n’en déplaise aux détracteurs et adeptes du verre à moitié vide, voire plus vide qu’il ne l’est, et aux partisans, pseudo défenseurs d’une conception de la liberté d’expression qui voudraient que celle-ci ne soit l’apanage exclusif que de groupes d’opinions consanguins, excluant tous ceux qui auraient l’acuité et la lucidité de voir en le verre, l’autre moitié bien pleine, le Train Algérie avance à grands rails !
L’algerian bashing, ce sport favori de certains porte-voix algériens, pour reprendre l’expression d’un ami, a et aura encore la dent dure et quelques années avant que les esprits ne se réconcilient et atteignent la résilience. Mais « le mythe de Sisyphe » n’a que trop duré, après des décennies enfermée dans” l’absurde”, il est temps pour l’Algérie de s’atteler aux douze travaux d’Hercule !
Nos 54 planètes, en bonne orbite s’alignent une à une doucement mais sûrement …
Incapable de résister! Pour finir, je m’adonnerai, encore une fois, à un dernier jeu de numérologie, un dernier pour le fun comme dirait les jeunes : La somme des chiffres de 2023 donne 7: « chiffre de la sagesse et de la connaissance, c’est un chiffre porte-bonheur qui vous annonce que vous êtes prêts à grandir ».
Alors le réveil d’un géant ou la résurrection du Phénix?
Très belle année 2023 à l’Algérie et à tous les algériens !
OUSSA Nam, 1er Janvier 2023
2 comments
Un article plus que magnifique
Merci Oussa Nam
Génial ❤️❤️