L’Algérie pourrait transformer son avenir énergétique grâce à une ressource stratégique : le lithium. Lors d’un atelier organisé dimanche à Alger, des experts algériens issus de la diaspora, notamment le professeur Karim Zaghib, ont souligné le potentiel de cette ressource dans l’accélération de la transition vers des énergies renouvelables.
Cet atelier, présidé par Mohamed Arkab, ministre d’État en charge de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, a mis en lumière les opportunités offertes par le développement des batteries lithium-ion. Le professeur Zaghib, expert de renom en technologie des batteries basé au Canada, a exposé l’importance cruciale des batteries dites « LFP » (lithium-fer-phosphate) pour le stockage d’énergie renouvelable, une condition essentielle pour réduire l’empreinte carbone et améliorer la durabilité des systèmes énergétiques.
Une expertise algérienne reconnue à l’échelle internationale
Le professeur Zaghib a détaillé les divers types de stockage d’énergie et leurs caractéristiques, notamment la densité énergétique et la sécurité. Il a également abordé le processus de transformation du lithium brut en matériaux utilisables dans les batteries. Selon lui, le lithium ne se limite pas à son rôle dans les batteries, mais trouve également des applications dans l’industrie du verre, la céramique, le traitement de l’air et la médecine.
Malgré des coûts initiaux élevés, Zaghib a assuré que les investissements dans cette filière offrent un retour rapide. Il a insisté sur la nécessité de développer un capital humain qualifié et de favoriser le recyclage de produits usagés pour récupérer du lithium. À titre d’exemple, il a précisé qu’une tonne de lithium peut être extraite de 28 tonnes de batteries recyclées.
L’expert a par ailleurs recommandé une cartographie nationale des ressources minières rares. En Algérie, le lithium pourrait être extrait des eaux saumâtres des chottes, des roches, de certaines boues et même des eaux marines. Cette étude préliminaire, selon Zaghib, est un prérequis pour exploiter pleinement ce potentiel.
Perspectives locales et collaboration
Le directeur de l’Agence du service géologique de l’Algérie (ASGA), Abderezak Khama, a également mis en avant l’importance du lithium, présent dans de nombreux outils technologiques. Il a mentionné des indices de présence de lithium dans des régions comme le Hoggar et les chottes, où des recherches plus approfondies sont nécessaires.
Cette journée de discussions a rassemblé des acteurs clés du secteur énergétique algérien, notamment les dirigeants de Sonatrach, Sonarem et Sonelgaz, ainsi que des représentants d’agences et d’organismes spécialisés. Trois ateliers thématiques ont exploré les axes stratégiques de la filière lithium : « Exploration et extraction », « Raffinage et transformation », et « Applications et marchés ».
Un appel à une mobilisation nationale et internationale
La contribution d’experts de la diaspora algérienne, à l’instar de Karim Zaghib, illustre l’importance de mobiliser les compétences internationales pour soutenir les ambitions énergétiques du pays. En mettant l’accent sur l’innovation, la durabilité et le développement local, l’Algérie pourrait émerger comme un acteur stratégique dans le domaine des énergies renouvelables et des technologies vertes. La cartographie des ressources, la formation des talents et le recyclage apparaissent comme des piliers essentiels pour concrétiser cette vision.
APS , Hope&ChaDia