Plusieurs artistes-peintres et plasticiens algériens prendront part à l’exposition intitulée «Présences arabes – Art moderne et décolonisation» – Paris 1908-1988, qui se tiendra du 5 avril au 25 août prochains au Musée d’art moderne de Paris.
L’exposition en question, qui s’annonce des plus imposantes, mettra à l’honneur plus de 200 œuvres signées par 130 artistes venus, entre autres, d’Algérie, Syrie, Egypte, Irak, Tunisie…
La plupart des œuvres qui seront exposées – entre peintures, sculptures et photographies – n’ont, pour la plupart, jamais été montrées en France. Parmi les artistes algériens présentés dans l’exposition figurent entre autres Baya Mahiéddine, Souhila Belbahar, Mahdjoub Benbelia, Abdellah Benanteur, Djamila Bent Mohamed, Samta Benyahia, Mohamed Issiakhem, Mohamed Khadda, Rachid Koraïchi, Mohamed Kouaci, Azouaou Mammeri, Denis Martinez, Choukri Mesli, Mohamed Racim et Omar Racim.
Ainsi, le Musée d’art moderne de Paris entend bien refaire découvrir la diversité des modernités arabes au XXe siècle et de renouveler le regard historique sur des scènes artistiques encore peu connues en Europe, c’est du moins ce que soulignent les organisateurs de cet événement artistique. L’exposition mettra en avant plan la relation des artistes arabes avec Paris, tout au long du XXe siècle. Toujours selon les organisateurs, l’exposition explore une autre histoire de l’art moderne, éclairée par de nombreuses archives sonores et audiovisuelles historiques présentes dans le parcours.
L’exposition se décline sous une forme chronologique. Elle débutera en 1908, coïncidant avec l’arrivée du poète et artiste libanais, Khalil Gibran, à Paris et de l’ouverture de l’Ecole des beaux-arts du Caire. Elle se terminera en 1988, avec la toute première exposition consacrée à des artistes contemporains arabes à l’Institut du monde arabe (inauguré quelques mois plus tôt) à Paris et avec l’exposition «Singuliers : bruts ou naïfs».
Dans le catalogue de l’exposition, l’historienne d’art Silvia Naef s’interroge : «Comment faire un art moderne et arabe ? Un vrai projet esthétique se met en place au cours du XXe siècle : pensé à la fois en rupture avec l’art académique, en écho avec les avant-gardes occidentales, dans le cadre d’une identité nationale propre, sans retour pour autant à un art islamique.»
L’exposition est structurée de différentes trajectoires d’artistes ayant étudié dans les Ecoles des beaux-arts de leurs pays avant de venir étudier et s’installer à Paris pour continuer leur formation. Au cours du XXe siècle, Paris est le lieu de la modernité, de la critique du colonialisme et le centre de nombreuses rencontres. Le Musée d’art moderne a, d’ailleurs, joué un rôle capital dans la période d’après-guerre, et ce, grâce à ses expositions et aux acquisitions initiées à partir des années 1960.
Le parcours initiatique de l’exposition se compose de quatre chapitres. Dans le premier chapitre intitulé «Nahda : Entre renaissance culturelle arabe et Influence occidentale, 1908-1937», il est souligné que face à l’influence occidentale, la Nahda (renaissance culturelle arabe) se développe plus particulièrement en Egypte, au Liban et en Algérie, et ce, grâce aux écoles d’art, à la presse… En parallèle, à Paris, les grandes expositions dites universelles, accueille des artistes issus des pays colonisés.
Dans le deuxième chapitre «Adieu l’orientalisme : Les avant-gardes contre-attaquent», l’accent est mis sur le cas de certains artistes qui renoncent à des références importées et imposées pour se saisir d’une expression artistique enracinée dans l’histoire locale de l’Egypte et la Tunisie mais également se connecter directement aux avant-gardes européennes. Le troisième chapitre «Décolonisations : L’art moderne entre local et global.
A l’épreuve des deuxièmes indépendances (Tunisie, Maroc, Algérie), 1956-1967», évoque période marquée par la violence et l’enthousiasme des indépendances nationales, notamment nord-africaines (Algérie, Maroc, Tunisie), l’Art moderne arabe se mondialise. Enfin, le quatrième chapitre «L’art en lutte : De la cause Palestinienne à «l’apocalypse arabe», 1967-1988 met exergue le «salon de la jeune peinture», à Paris.
Ce dernier est dominé par les questions politiques et les luttes anti-impérialistes internationales, de la guerre du Vietnam à la cause palestinienne. A titre d’exemple, l’artiste libanaise Etel Adnan publie, en 1980 à Paris, son grand texte poétique «l’Apocalypse arabe». L’exposition se referme par la thématique de l’immigration arabe en France, largement traitée par les musées parisiens dans les années 80.
Les œuvres
Les œuvres exposées proviennent de grandes collections régionales (Mathaf, Doha, (Qatar) ; Barjeel Art Foundation, Sharjah, (Emirats arabes unis) ; Ibrahimi Collection, Amman, (Jordanie) ; Musée d’art moderne du Caire, (Egypte), Musée national des beaux-arts, Alger (Algérie)… et de collections privées et publiques françaises (MNAM, CNAP, Fonds d’art contemporain-Paris collections, Musée d’art moderne de Paris, Institut du monde arabe, Musée du Quai Branly-Jacques Chirac…).
Le catalogue de l’exposition comporte une documentation et une iconographie riches et inédites à la fois, brassant les grands chapitres de l’art moderne arabe à Paris, et ce, à travers de nombreux essais, notices thématiques et chronologies transnationales ; ainsi que des auteurs et autrices, tels que Michael Goebel, Emilie Goudal, Morad Montazami, Silvia Naef… R. C. et sources