Professeur Des universités, docteur d’Etat 1974 Expert international Abderrahmane MEBTOUL
L’économie économie mondiale avec un endettement inégalé de 300.000 milliards fin 2022 soit plus de trois fois le PIB mondial, voit selon le FMI dans son rapport d’avril 2023 sa prévision de croissance en baisse de 2,8%, son troisième niveau le plus faible en trente ans, derrière les récessions mondiales de 2009 et 2020. Face à la n de l’économie mondiale principal facteur de la détermination du cours des hydrocarbures en 2023 , cette contribution pose la problématique de l’impact sur l’économie algérienne via le cours des hydrocarbures qui dépend pour 98% de ses recettes en devises des hydrocarbures où le cours du pétrole a été coté le 04 mai 2023 à 135,1727 dinars un dollar, 149,1090 un euro, pour un cours euro/dollar de 1,1017 après avoir été coté le 3 mai 2023 à 73,19 dollars le Brent et à 69,53 le Wit pour une cotation euro dollar 1,1036, le cours achat sur le marché parallèle étant de 223,50 dinars un euro , et à la vente 225,00 ce qui a un impact sur les produits importés.
1 – La majorité des experts nationaux et internationaux, pas les experts dit organiques qui pour une rente font des louanges -pour le pays, , s’accordent sur le constat que que l’Algérie de mai 2023 dépend pour 98% de ses recettes en devises des hydrocarbures, avec les dérivés inclus dans la rubrique hors hydrocarbures pour une valeur dépassant les 60%, rendant urgent le redressement national. Les exportations ont fluctué ces dernières années environ 450 000 /500 000 barils/j pour le pétrole et entre 45/50 milliards de mètres cubes gazeux pour le gaz, la consommation intérieure étant presque l’équivalent des exportations, avec les risques pouvant d’absorber les 70/80% de la production horizon 2030, devant diversifier son économie, accélérer la transition énergétique et éviter de vivre sur l’illusion de la rente éternelle afin d’éviter le drame des effets de la baisse des cours entre 1986/1990. La hausse des prix tant du pétrole moyenne de 106 dollars le baril en 2022 selon la Banque d’Algérie et 16 dollars le prix du gaz a permis à Sonatrach d’avoir une recette de 60 milliards de dollars et des réserves de change clôturées fin février 2023 à 63 milliards de dollars, l’Algérie ayant des marges de manœuvres avec une dette extérieure de 2,914 milliards de dollars n’étant pas touchée par le relèvement des taux d’intérêts des banques centrales. Mais s’impose une rationalisation des choix budgétaires, évitant ces assainissements à répétition évalués à environ 250 milliards de dollars, les banques malades de leurs clients durant les trois dernières décennies à fin 2020 selon le Premier ministre et plus de 66 milliards de dollars, pour les réévaluations ces dix dernières années(source APS). Par ailleurs, la loi de finances 2023 prévoit un déficit budgétaire de 5720 milliards de dinars soit au cours de 135,44 dinars un dollar le 28/04/2023, 42,23 milliards de dollars, avec une dette publique en croissance selon le FMI, de 60,5% à fin 2022, et des prévisions de 65,3% en 2023, contre 51,4% en 2020. Selon le rapport du FMI, l’Algérie aura besoin d’un baril de pétrole à 149,2 dollars pour assurer l’équilibre de son budget de 2023 contre 135 dollars pour 2021/2022 et 100/110 dollars pour 2019/2020, ne pouvant continuer à dépenser sans compter, le PIB étant estimé fin 2022 par le FMI à 193 milliards de dollars US, loin de ses importantes potentialités. La dépense monétaire n’a pas été proportionnelle aux impacts économiques et sociaux avec plus de 1100 milliards entre 2000/2022 de dollars d’importations de biens et services en devises, sans compter les dépenses en dinars, (mauvaise gestion et corruption).
2.-Le taux de croissance est certes positif de 2,6% en 2023 prévu par le FMI pour 2023, Mais pour l’Algérie il faut un taux de croissance de 8/9% par an sur plusieurs années pour absorber le flux additionnel de demandes d’emplois d’environ 350 000/400 000 qui s’ajoute au taux de chômage 2022, (où selon le ministre du Travail fin février 2023 1900 000 ont été inscrits au chômage sur une population active d’environ 12,5 millions soit un taux de chômage de plus 15,2%, incluant les emplois improductifs, les emplois rente et les sureffectifs au niveau des administrations et des entreprises publiques, un taux proche de celui du FMI. Le taux d’inflation pour des raisons à la fois internes et externes, dont l’indice n’a pas été réactualisé depuis 2011, le besoin étant historiquement daté selon l’ONS depuis 2022 approche les 10% laminant le pouvoir d’achat où les banques doivent relever leur taux directeur pour éviter de nouveaux assainissements via la rente des hydrocarbures. Les recettes avec les dernières décisions de débloquer les importations de matières premières, décisions bureaucratiques dans la précipitation sans ciblage, qui ont paralysé tout l’appareil productif et accéléré les pénuries et l’ l’inflation, seront largement inférieures en 2023 par rapport à 2022, avec des impacts sur la balance des paiements du fait de la baisse des prix des hydrocarbures (une estimation entre 50/55 milliards de dollars si le cours moyen est de 80/85 dollars pour le pétrole et 11/12 dollars le MBTU pour le gaz. Si le cours moyen est de 75 dollars les recettes devraient être inférieures à 50 milliards de dollars devant retirer environ 25% des frais pour avoir le profit net. Car , il faut être réaliste, en économie, la perte de temps ne se rattrape jamais, et paradoxe pour calmer transitoirement le front social, c’est une loi économise universelle, le versement de salaires sans contreparties productives conduit au suicide collectif par l’accroissement du taux d’inflation et du taux de chômage, pénalisant à terme les couches les plus défavorisées. La rentabilité d’ un projet mis en exploitation en 2023 nécessitera deux à trois années pour les PMI/PME et 5/7 ans pour les grands projets et chaque année de retard repousse les délais avec des surcoûts.
En conclusion, s’impose un langage de vérité si l’on veut mobiliser la population algérienne autour d’un large front national, réalisant la symbiose Etat-citoyens, face tant aux tensions budgétaires qu’ aux tensions géostratégiques. L’Algérie connaît la stabilité grâce aux efforts de l’ANP et des services de sécurité, mais en mai 2023, Sonatrach, c’ est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach. Il y a urgence, loin de discours déconnectés des réalités, du redressement de l’économie nationale pour 2023, d’une croissance hors hydrocarbures soutenue afin de réaliser la nécessaire cohésion sociale, condition pour faire de l’Algérie un pays pivot au sein de l’espace méditerranéen et africain et au sein des BRICS, ayant toutes les potentialités sous réserve d’une nouvelle gouvernance. Existant un lien dialectique entre sécurité et développement, la mobilisation citoyenne face aux tensions géostratégiques, le sacrifice devant être partagé, renvoyant à la MORALE, est une question de sécurité nationale. . Concilier l’efficacité économique et une profonde justice sociale dans le cadre d’une économie ouverte, par la maîtrise du savoir, constitue le défi principal de l’Algérie. Aussi, le passage de l’État de «soutien contre la rente» à l’Etat de droit «basé sur le travail et l’intelligence» est un pari politique majeur car il implique tout simplement un nouveau contrat social entre la Nation et l’Etat- ademmebtoul@gmail.com
DEUXIÈME CONTRIBUTION
Quel rôle pour l’intellectuel et le journaliste en Algérie dans la nouvelle gouvernance, pour le développement national et face aux nouvelles mutations géostratégiques
Célébrée tous les 3 mai, la journée, l’UNESCO a organisé un événement anniversaire spécial au siège des Nations Unies à New York, marquant les 30 ans depuis la décision de l’Assemblée générale des Nations Unies proclamant une journée internationale de la liberté de la presse. sous le titre « façonner un avenir des droits : la liberté d’expression; clé de voûte des droits humains ». A cette occasion, .l’Algérie étant confrontée aujourd’hui à plusieurs défis, tant pour la préservation de sa sécurité et sa stabilité dans un environnement marqué par les tensions que pour le parachèvement de son processus rénové sur la voie de la construction et de l’édification économique, sociale, culturelle et politique, devant transmettre des messages vérités, rien que la vérité , loin de tout dénigrement mais également de toute autosatisfaction , loin des réalités, source de névrose collective
.1.-Le mot intellectuel provient du mot latin intellectus, de intellegere, dans le sens d’établir des liaisons logiques, des connexions entre les choses. La fonction de l’intellectuel n’est pas à proprement parler récente car à l’époque de la Grèce antique des leaders charismatiques, qui font l’intellectuel, se retrouvent dès la première étape du mouvement social, comme Gorgias ou Protagoras, ont marqué leur époque par une démarche passionnelle de l’esprit, le contrepoids des actes réels. L’intellectuel et le journaliste ne sauraient vivre en vase clos. La méthodologie pour produire est simple : pour paraphraser le grand philosophe allemand Hegel, méthodologie reprise par Karl Marx dans le Capital, il observe d’abord le concret réel ; ensuite il fait des abstractions, les scientifiques diront des hypothèses. Il aboutit à un concret abstrait c’est-à-dire son œuvre. Si le résultat final permet de comprendre le fonctionnement du concret réel à partir du canevas théorique élaboré, les abstractions sont bonnes. C’est aussi la méthodologie utilisée en sciences politiques pour déterminer le niveau de gouvernance dite des 80/20%.
En effet, 20% d’actions bien ciblées ont un impact sur 80% de la société ; mais 80% d’actions désordonnées que l’on voile par de l’activisme ministériel n’ont un impact que sur 20% Aussi l’intellectuel se pose entre la réalité et le devenir de l’humain devant tenir compte de la complexité de la société toujours en mouvement d’où l’importance de la multi pluridisciplinarité et donc du mouvement de l’histoire. L’intellectuel et le journaliste produisent ainsi de la culture qui n’est pas figée, mais évolutive, fortement marquée par l’ouverture de la société sur l’environnement englobant l’ensemble des valeurs, des mythes, des rites et des signes partagés par la majorité du corps social et est un constituant essentiel de la culture d’une manière générale , de la culture d’entreprise , du transfert technologique d’une manière particulière et tenant compte du rôle d’ Internet et des nouvelles technologies, où le monde est devenu une maison de verre, en vue de l’adaptation de la diffusion des connaissances. Cette approche socioculturelle qui rend compte de la complexité de nos sociétés doit beaucoup aux importants travaux sous l’angle de l’approche de l’anthropologie économique de l’économiste indien prix Nobel Amartya Sen où d’ailleurs selon cet auteur il ne peut y avoir de développement durable sans l’instauration d’un Etat de droit et de la démocratie tenant compte de l’anthropologie culturelle de chaque société, qui permet à la fois la tolérance, la confrontation des idées contradictoires utiles et donc l’épanouissement des énergies créatrices. Cela renvoie au concept de rationalité, (voire les importants travaux du grand philosophe allemand Kant) qui est relative et historiquement datée comme l’ont montré les importants travaux de Malinowski sur les tribus d’Australie. Car, il s’agit de ne pas plaquer des schémas importés sur certaines structures sociales figées où il y a risque d’avoir un rejet ( comme une greffe sur un corps humain) du fait que l’enseignement universel que l’on peut retirer de l’Occident- est qu’il n’existe pas de modèle universel.
2.-Ainsi, l’intellectuel ne saurait s’assimiler uniquement aux diplômes, mais avec son niveau culturel. Et c’est cela qui fait que les journalistes peuvent parfois jouer le rôle des intellectuels autrefois réservé aux scientifiques surtout dans une société hypermédiatisée. En fait, il s’agit de toute personne (femme ou homme) qui, du fait de sa position sociale, dispose d’une forme d’autorité et la met à profit pour persuader, proposer, débattre, permettre à l’esprit critique de s’émanciper des représentations sociales. L’intellectuel et le journaliste doivent douter constamment et se remettre toujours en question, selon la devise que le plus grand ignorant est celui qui prétend tout savoir. L’histoire du cycle des civilisations, prospérité ou déclin, est intimement liée à la considération du savoir au sens large du terme et qu’une société sans intellectuels et journalistes est comme un corps sans âme. Je pense fermement que la seule façon de se maintenir au temps d’une économie qui change continuellement, et donc d’une action positive de l’intellectuel et du journaliste, c’est d’avoir une relation avec l’environnement national et international, c’est-à-dire mettre en place progressivement les mécanismes véritablement démocratiques qui ont un impact sur l’accumulation des connaissances internes. Le rôle de l’intellectuel et du journaliste n’est pas de produire des louanges par la soumission contre-productive pour le pouvoir lui-même en contrepartie d’une distribution de la rente, mais d’émettre des idées constructives, selon sa propre vision tenant compte de la réalité À l’ère d’Internet le monde est devenu une maison en verre où le monde de l’audiovisuel et de la communication connaît un bouleversement sans précédent. En ce monde mondialisé super-médiatisé, je ne puis séparer le rôle de l’intellectuel, non l’intellectuel organique aux ordres et celui du journaliste. Je considère que le rôle de l’intellectuel, du journaliste et d’un cadre de la nation y compris les ministres, est d’éviter tant la sinistrose, le dénigrement gratuit que l’autosatisfaction source de névrose collective. Le débat contradictoire productif, le dialogue serein et la symbiose Etat/citoyens, sont, me semble-t-il, la condition sine qua non, pour établir tant un bilan objectif afin de corriger les erreurs que de tracer les perspectives futures du pays. Il s’agit de mettre fin au mythe que c’est la possession d’importantes fortunes qui fait la valeur d’une personne, lorsque des responsables au plus haut niveau de l’Etat , Premier ministre, ministres et Walis recevront au perron de leurs bureaux avec un tapis rouge, les véritables entrepreneurs créateurs de richesses, des journalistes, professeurs et chercheurs de renom, on pourra alors dire que l’Algérie aura changé de gouvernance. Combien de compétences avérées, formées par l’Algérie, ayant privilégié les relations de clientèles, au lieu des compétences, se sont expatriées constituant une fuite de capitaux indirects se chiffrant en milliards de dollars, montrant qu’ il reste un long parcours pour intégrer l’économie de la connaissance.
En conclusion, la bataille de la relance économique de l’Algérie et sa place dans la compétition mondiale se remportera grâce à la bonne gouvernance et par notre capacité à innover, le monde avec les nouvelles tensions géostratégiques , s’orientant vers la multipolarité, étant à l’aube de la quatrième révolution technologique mondiale, avec le développement de l’intelligence artificielle, la transition numérique et énergétique qui préfigurent un bouleversement mondial sans précédent, où l’intellectuel et le journaliste auront un rôle déterminant à jouer. Concilier l’efficacité économique et une profonde justice sociale dans le cadre d’une économie ouverte, par la maîtrise du savoir, constitue le défi principal de l’Algérie. Aussi, le passage de l’État de «soutien contre la rente» à l’Etat de droit «basé sur le travail et l’intelligence» est un pari politique majeur car il implique tout simplement un nouveau contrat social et un nouveau contrat politique entre la Nation et l’Etat. Aussi, l’Algérie a besoin d’un regard lucide sur sa situation afin de tracer les perspectives d’avenir sur une base objective, loin des intérêts rentiers nuisibles au devenir du pays. Cela passe par l’urgence d’une gouvernance rénovée et la réhabilitation du rôle du journaliste et de l’intellectuel dans la société.
TROISIEME CONTRIBUTION
Hommage à feu l’économiste Mohamed Bahloul : le savoir, fondement de la maitrise technologique et de la richesse des nations
Mohamed Bahloul , brillant économiste, que j’ai eu l’honneur d’avoir comme étudiant en licence et magister entre les années 1977/1983 vient de s’éteindre le 04 mai 2023 après une longue maladie. Que le Dieu le tout puissant puisse accueillir dans son vaste paradis Il a participé activement sous ma direction dans le cadre de l’audit réalisé , sur les axes de la relance de l’économie algérienne 2015/2025/2030 (huit volumes 900 pages) d’une brûlante actualité remis au Premier ministère le 15 janvier 2013 au volume consacré au capital humain avec deux autres experts sur le thème, « le capital humain, comme socle d’un nouveau développement : éléments pour une analyse comparée du système éducatif algérien », le docteur Abdelhak Lamiri ayant abordé le thème « Éducation : que faut-il faire » et le professeur Abdelkader Djeflat ,coordinateur du réseau de recherche sur la science et la technologie dans le développement du Maghreb Maghtech, « la nécessité d’insérer l’Algérie dans un nouveau régime de croissance tiré par l’économie du savoir et de l’innovation », mais avons nous été écoutés , certains responsables, comme cela sera démontré par la suite , étant surtout préoccupés par les enrichissements personnels au détriment des intérêts supérieurs de la Nation . En sa mémoire , lui qui a toujours défendu le savoir comme pilier du développement , je lui dédie cette contribution
1.-Un élément fondamental du savoir est la maîtrise du transfert de technologie, fondement du développement, mais qui ne saurait se limiter à l’aspect technique mais renvoie à l’organisation de la société algérienne d’une manière générale face aux mutations tant internes que mondiales. Selon l’OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle) le transfert technologique est le processus désignant le transfert formel à l’industrie de découvertes résultant de la recherche universitaire et la commercialisation de ces découvertes sous la forme de nouveaux produits et services. Pour la recherche académique, le transfert de technologie est une opération qui consiste à transmettre les connaissances issues d’une recherche, formalisées ou non sous forme de brevet(s) ou de droits de propriété déposés, à un autre centre de recherche, public ou privé, destiné à les poursuivre à des fins de développement industriel ; ou à transformer la recherche en innovation industrielle, en cédant ses découvertes à une société. Si l’on se limite à l’industrie, un transfert de technologie consiste à vendre, par contrat, à un acquéreur, les droits d’utilisation d’une technique, d’un procédé, d’un produit (bien marchand) dont on est propriétaire, ainsi que le savoir-faire nécessaire à sa production industrielle. Le propriétaire de la technologie reste donc propriétaire, et l’acquéreur est contractuellement limité à un marché (limites géographiques, type de clientèle, volumes, par exemple) et soumis à des contraintes de diffusion (l’acquéreur ne peut pas lui-même transférer la technologie). Comme on ne doit pas confondre un transfert de technologie avec une cession de licence, le transfert de technologie incluant la communication d’un savoir-faire adapté au contexte de l’acquéreur. Droit public ou privé. Quelles sont les différentes formes de transfert de technologie ? Nous pouvons classer cela en différentes formes d’ailleurs souvent complémentaires. D’abord, la diffusion des connaissances, parfois nommée diffusion et transfert de connaissances, qui est une discipline pratiquée par les centres de recherche à des fins d’information des organismes publics, des entreprises. Cette diffusion est pratiquée lors de congrès, par des publications constituant une des sources d’information de la veille technologique, veille qui permet de surveiller l’évolution des connaissances, du savoir-faire, de la faisabilité et des inventions dans un domaine et ses environnements de développement. Mais à proprement parler la veille technologique n’est pas un transfert de technologie mais facilite le transfert. Vient ensuite le siphonage technologique qui consiste à déterrer les projets somnolents dans les laboratoires de recherche, les universités, qui n’ont pas trouvé de débouchés industriels, pour les promouvoir à fin de créations d’entreprises. Une autre méthode de transfert souvent utilisée dans l’industrie pour faciliter la maîtrise du savoir-faire est le recrutement des cadres et des spécialistes d’une technologie. C’est une des activités des chasseurs de têtes, des cabinets de recrutement ou parfois cela débouche sur l’espionnage industriel si les bénéficiaires des informations savent les exploiter. Egalement on peut citer comme facilité de transfert dans une première phase la rétro-ingénierie appliquée dans l’enseignement technique, la contrefaçon ou piratage, prohibée selon les clauses de l’OMC qui a introduit la protection de la propriété intellectuelle, débouchant parfois sur une acquisition du savoir-faire, par la méthode des tâtonnements. Enfin nous avons le transfert partiel de technologie à travers la licence de production accordée à l’acquéreur mais exclut certaines technologies comme la protection du secret d’un savoir-faire.
2.- Face à la pression de la concurrence par l’innovation, du développement de produits sur mesure et de technologies de plus en plus complexes, à la production de services de plus en plus personnalisés, le travail demandé aux salariés n’a plus rien d’immédiat. De plus en plus, les directions d’entreprises demandent aux salariés de produire la connaissance de leur propre travail d’où l’importance d’une formation permanente. Cette production de connaissances repose sur des formes d’engagement et d’implication qui font jouer un rôle central à l’initiative, à l’intuition, aux jugements (la fameuse boîte à outils japonaise source d’innovation par le collectif des travailleurs) mais aussi aux capacités des individus et plus largement aux «savoirs sociaux ». Le Knowledge Management est stratégique pour chaque entreprise qui veut continuer à réussir. Le management des connaissances s’appuie sur les leviers de succès à savoir, les connaissances incorporées dans les produits et services ; les connaissances et compétences humaines au sein de l’entreprise (le capital humain) ; les connaissances contenues dans les processus (la structure interne) ; la mémoire organisationnelle ; la mémoire transactionnelle et enfin les connaissances en tant que biens immatériels (capital intellectuel). Cette ouverture traduit la nécessaire rupture avec les formes de gouvernance centralisées, disciplinaires et mutilantes héritées de l’ère fordienne. Aussi, le capital se socialise dans différents dispositifs technico-organisationnels influant dans le rapport des individus au travail. Les enquêtes montrent clairement que cette extension des savoirs sociaux s’accompagne de nouvelles formes de segmentation (qualifiés/non qualifiés ; mobiles /immobiles ; jeunes/vieux ; homme/femme) et d’un partage des activités et services qui deviennent de plus en plus marchands (délocalisation avec l’informatique en Inde, l’électronique au Japon, Corée du Sud). Cette approche socioculturelle qui rend compte de la complexité de nos sociétés dont le transfert de technologie en est l’aspect apparent doit beaucoup aux importants travaux de l’économiste indien, prix Nobel, Amartya Sen où d’ailleurs, selon cet auteur, il ne peut y avoir de développement durable sans l’instauration de l’économie de marché concurrentielle et d’une véritable démocratie solidaire qui seule permet à la fois la tolérance, la confrontation des idées contradictoires utiles et l’épanouissement des énergies tenant compte des anthropologies culturelles des sociétés. Il existe un lien dialectique entre le transfert de technologie et la culture d’une manière générale. La culture nationale n’étant pas figée, mais évolutive fortement marquée par l’ouverture de la société sur l’environnement englobant l’ensemble des valeurs, des mythes, des rites et des signes partagés par la majorité du corps social est un constituant essentiel de la culture d’entreprise et du transfert technologique. Les expériences réussies du Japon, des pays émergents comme la Chine et l’Inde montrent que l’on peut assimiler la technologie sans renier sa culture. D’ailleurs le transfert est favorisé lorsqu’existe une meilleure compréhension des valeurs convergentes et divergentes qui s’établissent entre deux groupes et vouloir imposer ses propres valeurs, c’est établir une relation de domination qui limite le transfert. Aussi, la culture d’entreprise est un sous-produit de la culture nationale et par conséquent un ensemble de valeurs, de mythes, de rites, de tabous et de signes partagés par la majorité des salariés et un élément essentiel pour expliquer les choix stratégiques en renforçant les valeurs communes : exemple, les règlement de conduite, les descriptifs des postes, ainsi que par le système de récompense et de sanctions adopté afin de mobiliser les salariés, qu’ils s’identifient à leur entreprise et s’approprient son histoire. Tout cela facilite le transfert de technologie qui ne doit pas se limiter à l’aspect technique, mais également managériale, organisationnel et commercial. L’indice de développement humain ou IDH développé en 1990 par l’économiste pakistanais Mahbub ul Haq et l’économiste indien, prix Nobel d’économie Amartya Sen traduit l’importance du développement du capital humain dont l’éducation et la santé.
En conclusion, devant mettre fin au mythe que c’est la possession d’importantes fortunes qui fait la valeur d’une personne, lorsque des responsables au plus haut niveau de l’Etat , Premier ministre, ministres et Walis recevront au perron de leurs bureaux avec un tapis rouge, les véritables entrepreneurs créateurs de richesses, des professeurs et chercheurs de renom, on pourra alors dire que l’Algérie aura changé. Car la bataille de la relance économique de l’Algérie et notre place dans la compétition mondiale se remportera grâce à la bonne gouvernance et notre capacité à innover. Combien de compétences avérées, formées par l’Algérie, ayant privilégié dans bon nombre de cas les relations de clientèles, fondement du système bureaucratique-rentier , au lieu des compétences se sont expatriées constituant une fuite de capitaux indirects se chiffrant en milliards de dollars, montrant , contrairement aux discours, qu’ il reste un long parcours pour que nos gouvernants intègrent l’économie de la connaissance. Nous sommes à l’aube de la quatrième révolution technologique mondiale, avec le développement de l’intelligence artificielle, la transition numérique et énergétique qui préfigurent un bouleversement mondial. Concilier l’efficacité économique et une profonde justice sociale dans le cadre d’une économie ouverte, par la maîtrise du savoir, constitue le défi principal de l’Algérie. Aussi, le passage de l’État de «soutien contre la rente» à l’Etat de droit «basé sur le travail et l’intelligence» est un pari politique majeur car il implique tout simplement un nouveau contrat social entre la Nation et l’Etat.
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