C’est l’alerte énergétique en Europe. Les prix du gaz naturel poursuivaient leur bond. Des prix toujours propulsés par les nouvelles d’interruption momentanée des livraisons de gaz russe via Nord Stream 1. Pour des raisons de maintenance, le géant gazier russe Gazprom a annoncé vendredi une interruption de ses livraisons de gaz à l’Europe par le gazoduc Nord Stream1. Une interruption de trois jours, du 31 août au 2 septembre. Devant cette menace de coupure totale de l’approvisionnement en gaz russe, l’Union européenne (UE) s’est mise en quête d’alternatives. Une menace ayant contraint l’UE à ordonner aux États membres de «relancer le dialogue énergétique avec l’Algérie», a rapporté le quotidien espagnol Libremercado. Bruxelles se met sur les traces de l’Italie, partenaire stratégique de l’Algérie.
La décision de Bruxelles fait partie, selon le quotidien espagnol, du plan REPowerEU. Un plan élaboré par la Commission européenne et s’articulant autour de quatre lignes d’action: économiser l’énergie, diversifier les approvisionnements, substituer rapidement les énergies fossiles par des énergies renouvelables et combiner intelligemment investissements et réformes. Un plan visant, selon la Commission, à rendre l’Europe indépendante des combustibles fossiles russes bien avant 2030. Parmi les mesures préconisées dans le plan, notamment dans son chapitre «Collaboration avec des partenaires internationaux», la quatrième s’intitule « renouer le dialogue sur l’énergie avec l’Algérie».
Un dialogue constructif. Mais un dialogue, désormais, conjugué au passé, comme le relève le journal espagnol, qui note que l’UE rappelle, à ce titre, que «ce dialogue était parfait, jusqu’à ce que, en premier lieu, Sanchez envoie sa ministre de la Transition écologique Teresa Ribera, pour négocier les futurs prix du gaz avec l’Algérie et leur expliquer que l’Espagne était opposée au développement du gaz, parce qu’elle voulait donner la priorité à l’éolien et au solaire dans le respect de l’agenda 2030». La même parution relève que la deuxième raison n’est autre que le retournement de « veste» de Pedro Sanchez qui avait annoncé que pour l’Espagne, l’initiative d’autonomie présentée en 2007 par le Maroc était «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend» entre Rabat et le Front Polisario.
Une volte-face ayant «provoqué l’une des plus grandes crises diplomatiques avec le pays exportateur de gaz, ces derniers temps». Un revirement ayant «poussé» l’Algérie à suspendre le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération conclu en 2002 avec l’Espagne. Une décision accompagnée de la réduction de moitié de l’entrée du gaz algérien par l’Espagne. «C’est pourquoi, à présent, l’UE estime que l’Espagne aura la tâche compliquée en raison du niveau de tension avec l’Algérie, pour rétablir ce dialogue et mettre fin à la baisse des entrées de gaz en Europe», révèle le quotidien espagnol qui souligne que «contrairement à l’Italie, avec le soutien communautaire, fait figure de pays le plus avancé dans ses relations avec l’Algérie et qui envisage de développer des gazoducs pour acheminer ce gaz vers l’Europe».
En somme, l’Algérie est devenue le centre de toutes les convoitises. Pour preuve la signature, en juin dernier, d’un contrat pétrolier et gazier de quatre milliards de dollars sur vingt-cinq ans entre le groupe Sonatrach et le français Total Energie, l’italien ENI et l’américain Continental Petroleum. Lors de la conférence de presse qui a suivi la ratification de ce contrat crucial pour l’avenir énergétique de l’Europe, Toufik Hakkar, P-DG de Sonatrach, a annoncé que d’autres contrats pourraient être conclus avant la fin 2022. Une conjoncture est vertueuse pour l’Algérie dont le profil stratégique est rehaussé sur la scène régionale. Source de 11% des importations de gaz de l’Europe, l’Algérie demeure un partenaire « fiable» et de plus en plus courtisée.
lexpressiondz.com Smaïl ROUHA 23-08-2022