La 12e édition du Festival international de la miniature et de l’enluminure s’est ouverte samedi soir au Centre d’études andalouses à Tlemcen, avec la participation de neuf pays et la programmation d’un hommage au regretté Bachir Yellès, l’icône de l’art contemporain en Algérie.Plusieurs expositions d’artistes enlumineurs et de miniaturistes de différentes wilayas du pays et de pays étrangers dont la Turquie, l’Iran, l’Inde, l’Ouzbékistan, l’Indonésie et Oman, ont été inaugurées à cette occasion.
Le wali de Tlemcen, Amoumene Mermouri, qui était accompagné du président de l’Assemblée populaire de wilaya de Tlemcen, d’un représentant de la ministre de la Culture et des Arts et de la commissaire du festival, a visité plusieurs stands ornés de tableaux d’une haute valeur esthétique représentant différentes écoles artistiques
Ce festival qui regroupe des artistes spécialisés dans l’art islamique parmi les plus connus à travers le monde, est l’occasion pour «rendre hommage au plasticien algérien Bachir Yellès, qui nous a quittés en août dernier, en reconnaissance de son long parcours au service de l’art, de la culture et du patrimoine en Algérie», a précisé le wali de Tlemcen.
Le représentant de la ministre de la Culture et des Arts, Samir Thaâlbi, a, quant à lui, mis en exergue «les étapes parcourues par l’Ecole algérienne de miniature grâce à l’apport indéniable de Mohamed Racim, maître absolu de la miniature en Algérie et source d’inspiration pour beaucoup d’artistes».
Cette manifestation artistique internationale «entre dans le cadre de la série de festivals culturels organisés par le ministère de la Culture et des Arts cette année», a-t-il indiqué, précisant que «d’ici fin décembre, une cinquantaine de festivals auront été organisés dans plus de 38 wilayas».
De son côté, la commissaire du festival, Samia Kadrine, a précisé que cette manifestation vise à
«mettre en exergue les caractéristiques de l’Ecole algérienne de l’art islamique et à encourager les artistes à se lancer dans cette spécialité»,
ajoutant que cette édition sera marquée par des sessions de formation qui seront organisées, pour la première fois, au profit des étudiants de l’Ecole des beaux-Arts d’Annaba, de l’annexe de l’Ecole des beaux-Arts d’Azazga (Tizi Ouzou) et de la Faculté des arts islamiques de Tlemcen, avec un encadrement assuré par des professeurs d’art islamique d’Algérie, de Turquie, d’Iran et autres.
La cérémonie d’ouverture a été marquée par la projection d’une vidéo sur la vie et le parcours de Bachir Yellès (1921-2022).
Cette édition a pour objectif de mettre en avant les plus grandes écoles de l’art islamique dans le monde musulman, dont l’école algérienne, ainsi que les expériences des artistes algériens dans ce domaine.
A l’occasion de la Journée internationale de l’art islamique célébrée le 18 novembre, une conférence sur les «Ecoles de l’art islamique» a été organisée hier, et a vu la participation de professeurs et d’académiciens d’Algérie et des pays participants.
Cette rencontre a porté sur l’enluminure ottomane à la fin du XVIe siècle, l’école algérienne de la miniature à travers les deux frères Mohammed et Omar Racim, le développement des écoles de la miniature dans le monde musulman, outre le développement de l’enluminure. Le festival prendra fin par l’annonce des résultats du Concours international de la miniature et de l’enluminure lancé en septembre dernier.
Amine Boudefla, directeur de la culture de Tlemcen : “Assurer la continuité artistique intergénérationnelle”
El Moudjahid : Quelle est l’importance d’une telle journée d’étude pour les étudiants et amateurs de ces arts ancestraux ?
Amine Boudefla : Cette journée d’étude a pour but, entre autres, de vulgariser cet art peu connu et parfois méconnu par beaucoup d’Algériens. Il est donc important de connaître la racine historique de cette pratique hautement esthétique et historique.
D’éminents professeurs universitaires ont abordé les aspects scientifiques et historiques de l’enluminure et de la miniature par rapport aux différentes écoles mondiales, comme l’école mongole, perse et orientale avec naturellement une halte sur l’école algérienne, ses origines et son évolution. On évoque la grande contribution des frères Racim, de Mohamed Ranem ou de Bachir Yellès à qui un grand hommage a été rendu à l’ouverture de cette édition, mais le but essentiel de cette rencontre et d’initier les jeunes pour renouveler cet art, le rehausser et revenir aux sommets comme autrefois.
L’architecture de la ville de Tlemcen rime avec la thématique du festival. Comment est l’engouement pour l’enluminure et la miniature ?
Le choix d’organiser ce festival dans la capitale des Zianides est très judicieux.
Lorsqu’on visite Tlemcen et qu’on se perd entre ses ruelles, on découvre un grand intérêt et beaucoup d’influences de la miniature, de l’enluminure et du style architectural authentique.
Cela ne se résume pas à une pratique ancestrale qui trouve place uniquement dans les musées d’art et d’histoire, palais, citadelles de la ville ou lieu historique, comme la mosquée Sidi Belahcen ou le palais d’El Méchouar, les nouvelles constructions et établissements publics mettent à l’honneur ces arts originaux. On peut considérer Tlemcen comme un musée à ciel ouvert.
Les ateliers et sessions de formation ont-t-ils pour but d’assurer la continuité avec la nouvelle génération d’artistes ?
Nous avons insisté pour faire venir des artistes et professeurs de différentes écoles, notamment l’école perse qui animera des ateliers et workshop pour faire découvrir aux artistes confirmés de demain les caractéristiques et techniques de la conception au bénéfice des enluminures et des miniatures.
Ces sessions de formation sont destinées aux étudiants des écoles des Beaux-Arts qui ont tellement besoin de côtoyer des artistes représentant d’autres cultures. Il est important de leur inculquer les rudiments des pratiques artistiques qui se font sur d’autres rives pour contribuer à l’élargissement de leurs horizons créatifs.
Il y aura des portes ouvertes, des visites pour les écoliers et des ateliers de vulgarisation destinés aux amateurs et passionnés de ces arts. Le plus important est de découvrir et de redécouvrir ces trésors du patrimoine.
Le Jour d’Algérie, 20 novembre 2022 et El Moudjahid, 20 novembre 2022