L’analyse du projet de loi de finances pour 2026, présentée devant la Commission des finances du Parlement, met en lumière les équilibres, les ajustements nécessaires et les perspectives d’amélioration de notre politique budgétaire. Comme le rappelle le Pr Kamel Dib, l’enjeu n’est pas seulement de financer les dépenses publiques, mais de bâtir un modèle de financement soutenable, intelligent et productif.
Le ministre des Finances a souligné que, contrairement à un ménage, l’État dépense avant de percevoir ses recettes. Cette logique, propre aux finances publiques, est saine dès lors que la dépense anticipe un retour économique concret : infrastructures, innovation, formation, industrie et exportation. L’enjeu n’est donc pas la dépense en soi, mais sa capacité à créer de la valeur durable.
Pour 2026, les dépenses prévues s’élèvent à 17 636 milliards DZD pour 8 989 milliards de recettes — soit un écart de 9 627 milliards DZD (près de 73 milliards USD). Cette situation n’est pas alarmante : elle traduit la volonté de l’État de préserver sa souveraineté financière en évitant l’endettement extérieur. Mais elle appelle à une gestion interne rigoureuse, proactive et ciblée.
L’exécution des crédits d’investissement, estimée à 38 % en 2025, mérite d’être mieux accompagnée. Les lenteurs administratives, les doubles validations ou la crainte de la responsabilité financière ralentissent le rythme de réalisation. Un dinar investi dans la production est un dinar qui renforce la valeur du travail national.
– Suggestion : fluidifier les procédures, accélérer la numérisation des circuits d’autorisation et renforcer la coordination entre ordonnateurs et exécutants.
La création monétaire, encadrée mais élargie à 20 % des recettes, constitue un levier à manier avec prudence. Elle peut temporairement soutenir le Trésor, mais doit rester alignée sur la capacité productive réelle pour éviter les déséquilibres monétaires.
– Suggestion : veiller à ce que chaque dinar injecté soit adossé à une valeur économique mesurable — production, exportation, ou infrastructures stratégiques.
Les transferts sociaux, qui représentent 33 % du budget (44 milliards USD), témoignent de la solidarité de l’État. Toutefois, leur universalité réduit leur efficacité.
– Suggestion : renforcer le ciblage en priorisant les foyers vulnérables, les jeunes créateurs d’activité et les zones à potentiel agricole ou industriel, afin d’optimiser l’impact social tout en réduisant le déficit.
La fiscalité ordinaire, qui assure 61,6 % des recettes fiscales, reste perfectible. Le problème n’est pas le taux d’imposition mais la capacité de recouvrement.
– Suggestion : moderniser les systèmes de collecte, unifier les bases de données fiscales et lutter contre la fraude par la traçabilité numérique. Cela renforcerait la justice fiscale tout en réduisant le recours au financement monétaire.
L’émission de sukuk ouvre une voie nouvelle : conforme à l’éthique islamique, inclusive et adaptée aux réalités du marché algérien.
– Suggestion : encourager leur utilisation pour financer les grands projets structurants, mobiliser l’épargne nationale et créer un marché financier plus profond et plus participatif.
Enfin, comme le souligne le Pr Dib, il faut donner du sens à la dépense publique. Dépenser, c’est investir dans l’avenir : soutenir la recherche, dynamiser les territoires et consolider la valeur du dinar par la création de richesse réelle.
– Suggestion : instaurer un suivi numérique des investissements publics et publier régulièrement des indicateurs de rendement économique et social.
L’Algérie aborde 2026 avec une assise financière solide et une vision claire. Il s’agit désormais de gérer avec attention les déséquilibres internes, de transformer les marges d’amélioration en leviers d’efficacité, et de consolider la cohérence entre dépense, financement et résultat.
Notre économie n’a pas besoin de plus de moyens, mais de plus de maîtrise.
Hope & ChaDia
La Presentation du Pr Kamel Dib en Arabe … أ.د. كمال ديب: هل هي العودة للتمويل غير التقليدي؟