Du 9 au 11 décembre 2024, Alger a accueilli un événement majeur : le Forum international “Cinéma et Mémoire”. Organisé sous le haut patronage du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, et par le Centre Algérien de Développement du Cinéma (CADC) en collaboration avec le ministère de la Culture et des Arts, ce forum s’inscrivait dans le cadre des célébrations du 70e anniversaire du déclenchement de la Glorieuse Révolution de libération.
Avec la participation de chercheurs, d’experts, de réalisateurs et de figures du secteur cinématographique de 16 pays, cette édition a mis en lumière le rôle crucial du cinéma dans la préservation de la mémoire historique et la consolidation des valeurs de liberté et de résistance. Ce rendez-vous intellectuel et culturel visait à renforcer le cinéma de résistance en Algérie et à élargir le débat à l’échelle internationale.
Une Vitrine pour le Cinéma de Résistance
Le Forum “Cinéma et Mémoire” s’est ouvert avec une cérémonie marquée par des hommages rendus aux pionniers du cinéma révolutionnaire algérien. Parmi les figures célèbres honorées figuraient Amar Laskri, Tahar Hannache, Benamar Bakhti, Ahmed Rachedi et Rachid Bouchareb, mais aussi des cinéastes étrangers tels que Stevan Labudovic, René Vautier, Gillo Pontecorvo et Milton Alberto Diaz Canter, qui ont soutenu la Révolution algérienne à travers leurs caméras et leurs œuvres.
Des expositions de matériels cinématographiques historiques et des projections de documentaires, comme celui sur l’histoire du cinéma algérien, ont permis de redécouvrir les moyens mis en œuvre pour immortaliser les épopées de la lutte de libération nationale. Le film “Tayara Safra” (l’avion jaune) de la réalisatrice algérienne Hadjer Sebata, présenté à Skikda dans le cadre de la semaine du film historique, illustre bien cette volonté de raconter des histoires marquées par la douleur et la résilience.
Un Outil de Conscientisation et de Résistance
Le cinéma algérien a été au cœur de la lutte contre le colonialisme français, démontrant la capacité des peuples à résister à l’oppression. Des figures emblématiques comme Mahmoud Guenez ont joué un rôle essentiel en formant les premiers cadreurs de l’Armée de Libération Nationale (ALN). Les films de résistance ont servi de “contre-propagande”, contrecarrant la narrative coloniale française. Le FLN a exploité l’image comme une “arme douce” en mobilisant l’opinion publique internationale et en montrant les souffrances du peuple algérien.
Des universitaires et chercheurs présents au forum, tels qu’Ahmed Bedjaoui et Aïssa Ras El Ma, ont analysé les trois phases de l’évolution du cinéma algérien : la période coloniale, marquée par des œuvres de propagande, la période de résistance armée, et l’après-indépendance, marquée par des films accompagnant les choix stratégiques de l’Etat algérien.
Un Soutien Politique Affirmé
Sous l’impulsion du président Abdelmadjid Tebboune, l’Algérie entend raviver l’éclat de son cinéma. Les annonces du ministre de la Culture et des Arts, Zouhir Ballalou, confirment cette volonté de soutenir les talents algériens et de renforcer l’industrie cinématographique nationale. Les mesures prévues incluent la création de villes cinématographiques, le soutien financier allant jusqu’à 70% pour les œuvres nationales et la réalisation d’établissements de production cinématographique. Ce cadre est destiné à faciliter la production, la restauration et la distribution des films algériens, ancrant le cinéma comme une composante essentielle de la mémoire collective.
Le cinéma de résistance transcende les frontières nationales. L’appel à créer des “groupements cinématographiques” vise à briser le monopole des grandes sociétés occidentales et à développer des réseaux de production autonomes.
Des Recommandations pour l’Avenir
Lors de la clôture, le comité scientifique a présenté des recommandations clés. Il a appelé à renforcer la numérisation et la création d’une banque numérique du patrimoine cinématographique algérien. La restitution des archives cinématographiques stockées à l’étranger a été jugée essentielle pour préserver l’histoire et la mémoire nationale. Un thème pour la prochaine édition a été proposé : “Cinéma et diplomatie culturelle : le rôle du soft power dans les transformations actuelles”.
Ce forum aura été une véritable vitrine du cinéma de résistance. Au-delà des écrans, c’est une stratégie de souveraineté culturelle qui s’affirme, face à la domination de l’industrie cinématographique mondiale.
Hope & ChaDia