Par Azedine Maktour
Que ce soit livraison ou passation d’accord, le marché mondial du gaz est sujet chaque mois à des transactions qui retiennent l’attention, même en ces temps où la demande ne sort pas de l’ordinaire comme c’était le cas en 2022 ou durant quelques périodes de l’année dernière lorsque les pays de l’Union européenne s’étaient attelés à renflouer leurs réserves.
Il ne se passe pas un mois sans que des transactions émergent parmi celles qui font le marché mondial du gaz. Ceci est surtout valable pour le gaz naturel liquéfié (GNL), segment dans lequel l’Algérie a (ré) appris à exceller pour se frayer une place parmi les plus grands fournisseurs mondiaux, américains, qataris, australiens et autres norvégiens ou émiratis. Un marché très concurrentiel et surtout «politiquement sensible» particulièrement depuis que le conflit russo-ukrainien a tourné à la guerre. Mensuellement, la plateforme arabophone Attaqa, spécialisée des questions de l’énergie, suit les mouvements des navires et tient des statistiques enrichies par les rapports et autres publications émanant de cabinets spécialisés et de plateformes électroniques relatives à tout ce qui a trait au marché de l’énergie. Il en est donc ainsi du marché mondial du GNL qui a été riche, durant le mois de mai dernier, en transactions, accords et fourniture de GNL.
Dans son rapport, la plateforme spécialisée en énergie a répertorié, donc, les cinq plus grandes transactions de GNL de mai, qui variaient entre des accords pour augmenter les volumes d’exportation, des cargaisons expédiées pour la première fois vers de nouvelles destinations, ainsi que des ouvertures de marchés nouveaux pour les expéditions. Le mois de mai a été marqué sur le marché mondial du GNL, selon la plateforme spécialisée, par les Émirats arabes unis, le Qatar et l’Algérie, auteurs des cinq plus grandes transactions. L’entreprise émiratie ADNOC continuant à développer ses projets, tandis que QatarEnergy commercialisant le GNL produit par ses projets en cours de développement, et Sonatrach matérialisant par des livraisons de nouveaux marchés. Ainsi, l’entreprise émiratie ADNOC a renforcé sa position parmi les cinq plus grandes transactions de GNL en mai 2024 en signant les principales conditions d’un accord d’exportation de 600 000 tonnes métriques par an de GNL pendant 15 ans avec la société allemande EnBW (EnBW Energie Baden-Württemberg AG). La société ADNOC a également réalisé l’une des cinq plus grandes transactions de GNL en mai 2024 en acquérant une participation dans un projet de GNL au Mozambique. Cette initiative s’inscrit dans les efforts de la société pour étendre son portefeuille dans le domaine du GNL à faible teneur en carbone.
Deuxième haut fait ayant marqué le marché mondial du GNL, selon la classification du site spécialisé Attaqa, la réception de la première cargaison de gaz naturel liquéfié algérien par la Croatie, le 23 mai 2024. «Le transporteur de GNL Ougarta a livré sa cargaison à l’unité flottante de stockage et de regazéification, d’une capacité de 140 000 mètres cubes, à la station de GNL sur l’île de Krk en Croatie». Une cargaison, qui a propulsé l’Algérie dans la liste des cinq plus grandes transactions de GNL en mai 2024, était la première destinée à la station de GNL de Krk, qui reçoit habituellement des cargaisons en provenance des États-Unis, du Qatar, du Nigeria, d’Égypte, de Trinité-et-Tobago et d’Indonésie, ainsi que des opérations de rechargement depuis des stations en Europe.
Après les Émirats arabes unis et l’Algérie, la compagnie QatarEnergy a occupé, elle aussi, une position de choix le mois dernier dans la liste des cinq plus grandes transactions de GNL de mai, avec un accord visant à étendre sa flotte maritime en acquérant certains des plus grands transporteurs de GNL au monde pour gérer les nouvelles capacités issues de l’expansion du champ Nord. Les sociétés QatarEnergy et Qatar Gas Transport Company Limited (Nakilat) ont signé un accord à long terme, en vertu duquel elles posséderont et exploiteront neuf transporteurs de GNL de classe «Q-Max», les plus grands transporteurs de GNL au monde.
Ce n’est pas la première fois que Sonatrach s’illustre sur le marché mondial du gaz naturel et du GNL. La dernière remarquable performance remonte au mois de février, lorsque l’Algérie s’était distinguée en réalisant la plus importante transaction de gaz de toutes celles conclues de par le monde en février. En quête d’une «alternative solide» au gaz russe, l’Allemagne s’est en effet tournée vers l’Algérie pour signer un accord permettant à Berlin d’importer du gaz algérien via des gazoducs afin de sécuriser ses besoins face à la demande croissante en énergie. Les pourparlers entre les deux pays ont été concrétisés le 8 février dernier par la signature d’un contrat, paraphé par Sonatrach et une filiale du groupe énergétique VNG AG, stipulant que du gaz naturel algérien sera livré à moyen terme en Allemagne. Cet accord fait de VNG la première entreprise allemande à acheter du gaz algérien transporté par pipeline. Comme l’avait souligné la presse internationale qui avait commenté l’information, cet accord se distingue par le fait qu’il s’agit d’un des rares contrats à long terme conclus par une compagnie allemande pour la livraison de gaz, un fait très rare en Allemagne où les négociants et importateurs se reposent davantage sur les marchés spot du gaz, caractérisés par leur volatilité et leur instabilité.
Azedine Maktour