Depuis qu’Imane Khelif a remporté une médaille d’or olympique en boxe, les athlètes et entraîneurs en Algérie constatent un engouement national croissant pour ce sport, particulièrement chez les femmes.
L’image de Khelif est omniprésente, présente dans des publicités dans les aéroports, sur des panneaux d’affichage et dans les salles de boxe. Le succès de cette jeune boxeuse de 25 ans à Paris l’a propulsée au rang de héroïne nationale, surtout après que les Algériens se sont rassemblés pour la soutenir face à des spéculations infondées sur son genre et son éligibilité à la compétition.
La boxeuse amateur Zougar Amina, étudiante en médecine et pratiquante depuis un an, qualifie Khelif d’idole et de modèle.
« Depuis que je pratique la boxe, ma personnalité a changé : je suis plus confiante, moins stressée », a-t-elle déclaré, décrivant ce sport comme une thérapie pour combattre la timidité, apprendre à se défendre et gagner en assurance.
À Ain Taya, la ville côtière à l’est d’Alger où Amina s’entraîne, ce que les médias locaux appellent « Khelifmania » est omniprésent.
Derrière une porte tapissée d’une grande photographie de la médaillée d’or, des sacs de frappe pendent du plafond de la salle de sport locale, et des jeunes filles s’échauffent près d’un ring entouré d’étagères contenant des masques, des gants et des protège-dents.
Les 23 jeunes femmes et filles qui s’entraînent dans cette salle rêvent toutes de devenir la prochaine Khelif, explique leur entraîneuse Malika Abassi.
Abassi précise que les femmes imitent les célébrations de Khelif après ses victoires, sautant autour du ring et saluant les supporters. Elle s’inquiète que l’intérêt pour la boxe ne croisse si rapidement que sa salle ne puisse plus l’accueillir.
« Nous recevons des appels de parents voulant inscrire leurs filles », dit-elle. « Je suis la seule entraîneuse et notre salle est petite. »
Les Algériens de toutes origines ont afflué vers les places des grandes villes du pays pour suivre les combats de Khelif diffusés sur des projecteurs. Son histoire a touché la majorité de la population du pays, bien que quelques imams et politiciens aient critiqué son exemple pour le port de son uniforme de boxe sans foulard.
Amina Abassi, une autre boxeuse amateur de la même salle, mais sans lien de parenté avec son entraîneuse, estime que le soutien massif pour Khelif surpassera toute critique.
« Je suis convaincue que même les familles conservatrices laisseront leurs filles faire de la boxe », dit-elle. « Imane a brisé un mur de fausse modestie et d’hypocrisie. »
Noureddine Bouteldja, ancien boxeur amateur et journaliste sportif, affirme que Khelif a transcendé la boxe et est devenue un « phénomène social » en Algérie grâce à son histoire personnelle et aux critiques auxquelles elle a été soumise par des célébrités du monde entier qui, contrairement aux Algériens, ont vu sa progression aux Jeux olympiques comme faisant partie des débats culturels.
Les Algériens se sont ralliés à Khelif face aux critiques de Donald Trump, Elon Musk, J.K. Rowling et d’autres qui ont faussement affirmé qu’elle était transgenre. Ils ont largement interprété ces attaques comme des attaques contre leur nation elle-même. « C’est la victoire d’une personne qui a montré une résilience extraordinaire et une force de caractère phénoménale face à la campagne de dénigrement à son égard », a déclaré Bouteldja.
Les entraîneurs et administrateurs de boxe affirment que l’ascension de Khelif, de son enfance modeste dans une zone rurale de l’Algérie centrale à la renommée mondiale, en fait une figure inspirante. Mourad Meziane, président de la Ligue algérienne de boxe, prévoit une forte augmentation des inscriptions chez les jeunes femmes à la rentrée scolaire de septembre.
L’Algérie compte actuellement 30 ligues régionales de boxe et 10 000 athlètes pratiquant à l’échelle nationale, a-t-il précisé.
« L’impact est inévitable et ne pourra être que très positif pour la boxe en Algérie », a déclaré Meziane.
Les figures de la société civile affirment que l’impact de Khelif résonnera bien au-delà du ring de boxe.
L’avocate Aouicha Bakhti estime que l’histoire de Khelif aura un impact durable et constituera un contrepoids à certaines parties de la société qui découragent la participation des femmes aux sports. « Ce genre d’épopée aide la société, la nôtre en l’occurrence face aux idéaux fondamentalistes », a déclaré Bakhti.
Hope & Chadia and Imane Khelif’s Olympic gold inspires Algerian girls to take up boxing