Par Akrem R.
Lors de son entrevue périodique avec les représentants des médias nationaux, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a passé en revue les différentes questions marquant l’actualité nationale notamment socioéconomique et également internationale. Il a, en effet, donné les grands axes de l’économie nationale, en fixant des chiffres et objectifs à atteindre à court et moyen termes.
Le Chef de l’Etat a, ainsi, réitéré son engagement pour la préservation et l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens. Outre la revalorisation des salaires de 53% prévue pour les trois prochaines années 2025, 2026 et 2027, l’Etat œuvrerait à réduire le taux d’inflation à moins de 4% au maximum, oscillant actuellement entre 7% et 8%.
« La lutte contre l’inflation figure parmi les trois axes auxquels s’attèle l’Etat pour augmenter le pouvoir d’achat des citoyens, avec l’axe social qui prévoit l’augmentation des salaires et l’institution de l’allocation chômage, ainsi que «la défense de la valeur du dinar algérien », a indiqué le président de la République. L’autre mesure à prendre en considération dans l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages, c’est la réévaluation de la monnaie nationale. Cette opération se fera, assure le Président, à travers des mesures économiques, y compris les mécanismes de taux de change au niveau de la Banque centrale, soulignant que le rôle de cette mesure était de réduire la valeur des importations et soutenir ainsi le pouvoir d’achat. Il a précisé, dans ce cadre, que la valeur du dinar avait baissé dans un contexte particulier et dans des « circonstances illogiques marquées par l’injection de fonds via la planche à billets, dont nous subissons aujourd’hui les répercussions ».
Afflux des étrangers à l’investissement en Algérie
Ces mesures seront accompagnées d’une augmentation du volume des investissements dans le pays, a indiqué le président Tebboune qui s’est félicité du nombre important de projets inscrits au niveau de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), estimés à près de 6000 projets d’investissement, dont «la moitié a été lancée». En effet, la plupart de ces projets devraient se concrétiser à l’horizon 2026 et même commencer à créer des emplois et de la richesse, indique-t-il, notant l’afflux d’un nombre considérable d’opérateurs étrangers (84) vers l’investissement en Algérie, au vu de la stabilité dont elle jouit.
Abordant, dans ce sillage, le rôle de la haute commission de recours pour les investisseurs, le Président a expliqué qu’elle interviendra pour prendre en charge les éventuelles injustices intentionnelles ou non intentionnelles dont seraient victimes les investisseurs et que ses décisions auront un caractère contraignant. Il a expliqué, dans ce sens, que « l’objectif est de rassurer les investisseurs : il n’est plus question qu’un investisseur assiste impuissant au blocage de son projet pendant des années. S’il veut investir, il est le bienvenu ».
Augmentation du PIB à 400 milliards de dollars en 2026
La concrétisation de ces projets est de nature à augmenter le niveau du revenu dans l’économie nationale, le PIB devant atteindre 400 milliards de dollars en 2026, selon le chef de l’Etat qui prévoit un maintien du taux de croissance à ses niveaux actuels en 2026 et 2027.
A cet effet, il a relevé la concordance des chiffres avancés par les institutions financières et économiques internationales, à l’instar de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) avec les chiffres officiels algériens, concernant le taux de croissance estimé à 4,2% en 2023, ce qui se veut « une reconnaissance de la part des instances internationales ».
Cela signifie, dira-t-il, que nous sommes sur la bonne voie, estimant que les indicateurs prévisionnels de l’économie nationale à moyen terme confirment que l’Algérie est en phase de devenir une économie émergente. Cette richesse produite par l’économie permet de financer les augmentations de salaires prévues, d’autant plus que l’Etat, après avoir augmenté les salaires de 47%, complétera les 53% restants pour atteindre une augmentation totale de 100% d’ici à 2026/2027.
Un projet de production de poudre de lait
Evoquant le dossier de la sécurité alimentaire, le président de la République a estimé que l’approche adoptée dans ce domaine doit donner l’initiative aux professionnels eux-mêmes, loin du mode administratif centralisé. «Je ne crois pas que le ministère de l’Agriculture doit contrôler, depuis la capitale, la production agricole à Tamanrasset, Djelfa ou El Meniaa. L’agriculture exige l’esprit d’initiative et l’Union nationale des paysans algériens (UNPA) doit prendre les choses en main avec l’aide de l’Etat, notamment, à travers la création de coopératives», a-t-il déclaré.
Le président de la République a affirmé que «les privés sont la base du développement du secteur agricole et que le ministère intervient pour l’orientation et l’organisation de l’activité agricole».
Il a déploré, dans ce cadre, l’absence de statistiques agricoles précises, d’où la préparation du lancement du recensement général de l’agriculture (RGA), soulignant que l’absence de données exactes incite l’Etat à importer certains produits en fonction de la capacité financière du pays et non en fonction des besoins ou du niveau de la demande.
Evoquant le sujet des fermes pilotes occupant une superficie de 164.000 hectares, le président de la République a rappelé la récente décision de l’Etat d’orienter ces fermes vers la culture de produits spécifiques tels que les huiles végétales, l’arboriculture fruitière ou l’intensification de la production céréalière.
Il a fait état, dans ce sens, d’un accord prochain avec un «partenaire arabe respecté» dans le cadre d’un projet de 100.000 têtes de bétail, ce qui permettra la production de poudre de lait pour la première fois en Algérie, dans la wilaya d’Adrar, soulignant que «l’avenir appartient à l’agriculture saharienne» en Algérie. La valeur de la production agricole nationale s’élève à 35 mds/USD, soit 18 % du produit intérieur brut (PIB), contre plus de 5% pour le secteur industriel, a-t-il indiqué.
Visite de Tebboune en France : Un rendez-vous avec l’histoire
Par ailleurs, et sur le plan international, le Président Tebboune a évoqué sa visite en France prévue fin septembre prochain, en affirmant que sa visite à Paris est toujours d’actualité et «ma rencontre avec le président Macron sera un rendez-vous avec l’histoire, lors duquel nous penserons les choses de façon rationnelle et non émotionnelle », a-t-il indiqué, assurant que «nous sommes, aujourd’hui, dans une phase de refondation des relations » entre les deux pays.
Concernant le bloc maghrébin, Tebboune a précisé que ce dernier vise à relancer l’action maghrébine commune sans exclure aucune partie et à coordonner les efforts en vue d’unifier la voix de ces pays sur de nombreuses questions internationales, sans exclure aucune partie.
Il a «souhaité que cet espace soit une initiative bénéfique pour les pays de la région en rassemblant et en unifiant leurs voix sur les questions qui les concernent, d’autant plus que nous partageons quasiment les mêmes problématiques», a-t-il dit. «Ce bloc n’est dirigé contre aucun autre Etat et la porte est ouverte aux pays de la région», a-t-il ajouté, jugeant «inacceptable» d’isoler qui que ce soit.
A.R.
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