À Londres, dans un cadre institutionnel formel, un signal clair a été envoyé : le Royaume-Uni s’intéresse désormais ouvertement à l’Algérie comme partenaire agricole stratégique. La scène n’a rien d’improvisé. Elle se déroule au sein des West London Chambers of Commerce, une institution reconnue du commerce international britannique, dont la vocation affichée est de faire le lien entre acteurs locaux et partenaires mondiaux.
Dans un contexte marqué par une forte inflation alimentaire au Royaume-Uni, les responsables britanniques présents ont exprimé une préoccupation concrète : garantir un approvisionnement stable en produits alimentaires de haute qualité, tout en contribuant à la modération des prix pour les consommateurs. L’importation depuis des pays tiers devient alors non pas un choix idéologique, mais une nécessité économique.
Les échanges ont mis en évidence un point central : l’Algérie est perçue comme un partenaire évident. Sa proximité géographique avec l’Europe, son climat favorable et la diversité de ses productions agricoles sont explicitement présentés comme des avantages compétitifs majeurs. Le message est direct, assumé, presque sans détour : l’Algérie a la capacité de fournir des produits alimentaires de qualité au marché britannique, dans un moment où celui-ci en a cruellement besoin.
La photo confirme le caractère structuré de cette démarche. Nous ne sommes ni dans un salon informel ni dans un simple échange symbolique. Il s’agit d’une rencontre encadrée par une chambre de commerce active, dotée d’un programme international, mettant en relation producteurs algériens, consultants spécialisés, distributeurs et acteurs de la grande distribution britannique. Cela change profondément la nature du discours : on passe du potentiel abstrait à la rencontre opérationnelle.
Plusieurs cabinets britanniques spécialisés accompagnent déjà cette dynamique. Leur rôle est clair : aider les producteurs algériens à intégrer le marché britannique en respectant ses standards, ses normes et ses attentes. Les domaines cités sont précis : agriculture, agroalimentaire, robotique agricole, agri-tech, hydroponie. Les produits ciblés vont des agrumes aux fruits haut de gamme, avec une vision à moyen terme incluant les céréales. On parle ici d’agriculture moderne, structurée, tournée vers l’export et non de simples flux opportunistes.
Au-delà des volumes, un autre élément ressort avec force : la volonté de valoriser l’origine algérienne. À Londres, des entrepreneures et entrepreneurs algériens travaillent déjà à repositionner certains produits emblématiques, notamment les dattes algériennes, reconnues comme des produits premium, utilisés par des chefs étoilés, mais encore insuffisamment identifiés par le grand public international. Le défi n’est donc pas seulement agricole, il est aussi culturel, marketing et narratif.
Autour de l’agriculture, un écosystème complet se met en place. Des entreprises britanniques proposent un accompagnement en stratégie, design, communication et adaptation aux marchés locaux. L’objectif est clair : permettre aux producteurs algériens de parler directement au consommateur britannique, dans son langage, avec ses codes, sans dilution de l’identité du produit. C’est souvent là que tout se joue.
Cette rencontre montre également que l’intérêt dépasse le simple commerce. Investissement local, collaboration à long terme, emploi de jeunes talents nord-africains dans les domaines du marketing, du design et de la technologie : les discussions témoignent d’une vision plus large du partenariat, fondée sur la création de liens durables plutôt que sur des transactions ponctuelles.
Ce qui se dessine, au fil de ces échanges, c’est une évolution du regard porté sur l’Algérie. Elle n’apparaît plus uniquement comme un pays à potentiel, mais comme un acteur agricole crédible, capable d’intégrer des chaînes de valeur exigeantes sur un marché aussi compétitif que celui du Royaume-Uni. À condition, bien sûr, que cette ouverture soit structurée, accompagnée et relayée intelligemment côté algérien.
L’intérêt britannique n’est donc ni théorique ni dissimulé. Il est institutionnel, assumé et désormais visible. La question n’est plus de savoir si l’Algérie peut devenir un fournisseur alimentaire du Royaume-Uni, mais si elle saura transformer cette fenêtre d’opportunité en stratégie durable, au service de ses producteurs, de son image et de sa souveraineté économique.
Hope & ChaDia