Dans un témoignage dense et sans détour, Jacob Cohen revient sur son parcours, depuis son adolescence au Maroc jusqu’à sa critique affirmée du sionisme et de ses ramifications mondiales.
À 16 ans, il grandit dans un mellah — quartier juif — où une voisine lui propose de rejoindre un mouvement sioniste clandestin. Attiré par le mystère, il accepte. Mis en scène solennelle : yeux bandés, revolver posé sur un tapis aux couleurs du drapeau israélien, serment de secret absolu sous menace de mort en cas de trahison. Sans connaître la doctrine, il se laisse séduire par l’esprit communautaire des pionniers, les kibboutzim, et la discipline collective. Très vite, il gravit les échelons, jusqu’à rencontrer des émissaires israéliens sous fausse identité — dont il apprendra plus tard qu’ils étaient du Mossad.
Son départ en kibboutz semblait acquis, mais son père s’y oppose fermement, considérant les sionistes comme des renégats. Finalement, ironie du sort, c’est le Mossad lui-même qui bloque sa bourse universitaire pour Israël, craignant que son choix d’études ne donne aux autres jeunes l’idée de renoncer au kibboutz. Cette rupture brutale ouvre chez lui une première fissure : il réalise avoir été manipulé et avoir envoyé d’autres adolescents vivre une vie d’ouvriers ou de soldats, « chair à canon » dans un projet qui les dépassait.
De là s’ancre sa critique du sionisme : un système où la fin justifie les moyens, y compris tuer ses propres coreligionnaires — rappelant l’assassinat en 1924 de Jacob de Haan, juif opposé à la création d’Israël, par des sionistes.
Arrivé en France dans les années 1980, il découvre un autre visage du dispositif : les sayanim, réseau mondial de volontaires juifs au service d’Israël. Ce maillage s’appuie sur la franc-maçonnerie juive B’nai B’rith et englobe médias, banques, culture, industrie, réseaux sociaux, cinéma. Le but : verrouiller le récit, éliminer les voix palestiniennes, et mobiliser des compétences clés pour les intérêts israéliens.
Jacob Cohen avance que 40 000 à 50 000 sayanim sont actifs dans le monde occidental, avec 450 000 « en réserve ». Ce dévouement s’exerce même contre les intérêts de leur pays d’accueil — de la destruction du réacteur nucléaire irakien à l’affaire des vedettes de Cherbourg —, confirmant selon lui la réalité de la « double allégeance ». L’exemple de Jonathan Pollard, espion américain condamné à perpétuité pour avoir livré à Israël des secrets stratégiques, illustre cette logique.
Pour lui, ce réseau est absent ou marginal hors Occident, faute de relais dans les sphères d’influence, mais en Occident, il est solidement implanté dans tous les secteurs sensibles.
Juif assumé, attaché à ses traditions, Jacob Cohen rappelle qu’avant 1948, le judaïsme était largement antisioniste, notamment dans ses branches religieuses. Selon lui, une poignée d’idéologues a imposé un État bâti sur la force, la conquête et la violence, contre la volonté du peuple juif. Et il prévient : « Le peuple juif, malheureusement, va le payer un jour. »
Loin de se dire optimiste, il adopte une posture fataliste face à l’évolution du monde : « Il y aura ce qu’il y aura », tout en gardant un mince espoir.
L’intégralité de cet échange est disponible dans la vidéo originale : Les Sayanim. Le Mossad & ses agents. Le Bnai Brith.
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“Jacob de Haan”.
Il s’agit de “Jacob Israël de Haan” assassiné à Jérusalem. Le 1er est un compositeur de musique