Home Art & Culture Kamel Daoud Pessimiste et Ingrat ? Un Message de Désespoir Intentionnel pour les Jeunes Algériens ?

Kamel Daoud Pessimiste et Ingrat ? Un Message de Désespoir Intentionnel pour les Jeunes Algériens ?

by Hope Jzr
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Dans une interview, au journal Le Grand Continent, Kamel Daoud partage une vision personnelle et souvent sombre de la ville d’Oran et de l’Algérie en général. Bien que ses observations soient marquées par son expérience, elles véhiculent un pessimisme surprenant, surtout venant de quelqu’un qui a réussi à surmonter un milieu extrêmement modeste pour devenir l’une des voix les plus respectées de la france…. Cette perspective pose une question importante : quel message Daoud envoie-t-il aux jeunes Algériens qui aspirent à tracer leur propre chemin dans un pays en pleine évolution ?

En examinant ses réponses aux 16 questions posées, il devient clair que Daoud adopte une position souvent critique, teintée d’une nostalgie et d’une vision pessimiste de l’avenir. Cette analyse se propose de décrypter ces réponses, de les contextualiser et de proposer une perspective alternative qui met en lumière les aspects plus positifs et prometteurs de la réalité algérienne, tout en soulignant l’importance de la gratitude face aux opportunités que le pays peut offrir. S’il vous plait lisez l’interview de Kamal Daouad avant de lire la suite.

Question 1 : Vous êtes aujourd’hui indissolublement associé à la ville d’Oran. Pourtant, vous n’y avez pas toujours vécu. Vous êtes né en 1970 à Mostaganem, et avez passé votre enfance dans un petit village de la wilaya de Mostaganem. Quelle image vous faisiez-vous alors du monde urbain ?

Kamel Daoud présente une opposition tranchée entre le monde rural et le monde urbain, teintée de méfiance et de ressentiment. Cependant, cette perception est trop simpliste. En réalité, de nombreux Algériens ruraux ont migré vers les villes et s’y sont intégrés, participant activement à la vie urbaine. La distinction rigide entre les “grandes familles” urbaines et les masses rurales néglige les échanges culturels et les interactions positives qui existent entre ces deux mondes. La ville, loin d’être seulement un espace d’exclusion, a souvent offert des opportunités de mobilité sociale et de croissance personnelle pour beaucoup.

 

Question 2 : Quand êtes-vous allé pour la première fois à Oran ? Quelles furent vos premières impressions sur la ville ?

Daoud décrit sa première rencontre avec Oran comme une expérience douloureuse, marquée par un sentiment d’invisibilité et de désorientation. Si son sentiment d’être un “paysan” en ville est compréhensible, il ne reflète pas nécessairement l’expérience de tous les nouveaux arrivants à Oran. La ville, pour beaucoup, représente un espace de diversité et d’opportunités, où des personnes de différents horizons se croisent et cohabitent. La description d’Oran comme un labyrinthe n’est qu’une métaphore personnelle, qui ne capte pas la richesse et la complexité de la vie urbaine pour l’ensemble de ses habitants.

Question 3 : Pourtant, vous vous y êtes installé et avez fini par aimer profondément cette ville.

Daoud évoque un rapport ambivalent à Oran, où le charme de la ville coexiste avec ses aspects plus terrifiants. Cette dualité est courante dans les récits d’immersion urbaine, mais elle peut être perçue comme réductrice. Pour beaucoup d’Oranais, la ville n’est pas seulement un espace de contradictions, mais un lieu de vie quotidienne riche en interactions, en culture, et en histoire. Plutôt que de réduire Oran à un simple “labyrinthe”, il serait plus pertinent de reconnaître la façon dont ses habitants s’approprient cet espace, en y construisant des identités multiples et complexes.

Question 4 : Comment se manifeste cette longue histoire multiculturelle d’Oran, faite d’héritages arabes, berbères, andalous, espagnols, juifs ou encore français, alors même que nombre de ces communautés qui l’ont façonnée ont aujourd’hui largement disparu de cette ville ?

Daoud souligne à juste titre la richesse historique et multiculturelle d’Oran. Toutefois, en insistant sur la disparition des communautés qui ont façonné la ville, il donne l’impression que cet héritage est figé dans le passé. Oran reste une ville vivante, où le passé et le présent se rencontrent constamment. Les nouvelles générations, bien que peut-être moins conscientes des origines de certains aspects culturels, continuent de vivre et de réinterpréter cet héritage dans leur quotidien, en intégrant des éléments de modernité et de globalisation qui enrichissent encore plus le caractère unique de la ville.

Question 5 : L’histoire d’Oran n’est pas faite que de légèreté et de joie de vivre. Dans les mémoires françaises, elle reste associée aux massacres de pieds-noirs de juillet 1962. Quelle place occupent ces événements dans la mémoire oranaise ?

Daoud affirme que les événements tragiques de juillet 1962 sont largement tus à Oran, ce qui est en partie vrai, mais il faut aussi comprendre les raisons complexes de ce silence. L’histoire officielle algérienne a souvent mis en avant des récits héroïques et unifiés, minimisant les aspects plus sombres pour renforcer une identité nationale cohérente. Cependant, cela ne signifie pas que les Oranais n’ont pas leur propre mémoire de ces événements. De plus, il existe aujourd’hui des efforts académiques et artistiques pour revisiter ces périodes douloureuses, afin de les comprendre et de les intégrer dans une histoire plus complète et nuancée.

Question 6 : Quel rapport les Oranais entretiennent-ils à la Méditerranée ? Est-il vrai, comme le regrettait Camus, que cette ville littorale « tourne le dos à la mer » ?

La critique de Camus, selon laquelle Oran “tourne le dos à la mer”, est reprise par Daoud, mais elle ne tient pas pleinement compte de la réalité contemporaine. Si l’accès direct à la mer est en effet restreint par des infrastructures portuaires et militaires, la Méditerranée reste un élément central de l’identité oranaise. La mer influence la musique, la cuisine, et même l’attitude des habitants. Plutôt que de voir Oran comme une ville qui ignore sa côte, il serait plus juste de reconnaître la manière dont les Oranais ont intégré la mer dans leur vie, malgré les obstacles physiques.

Question 7 : Vous vous êtes fait connaître à Oran et en Algérie en tant que journaliste puis rédacteur en chef du Quotidien d’Oran. Pouvez-vous nous en dire plus sur l’histoire et le rôle de ce journal ?

Le Quotidien d’Oran a joué un rôle crucial pendant la guerre civile en Algérie, mais Daoud semble le présenter comme l’unique voix médiatique d’Oran, ce qui n’est pas tout à fait exact. Le paysage médiatique algérien est diversifié, et d’autres journaux, ainsi que des médias en ligne et des initiatives citoyennes, ont également contribué à façonner le débat public. Limiter l’influence à un seul journal occulte la richesse du débat journalistique en Algérie et à Oran en particulier, où plusieurs voix et perspectives se sont exprimées.

Question 8 : Concrètement, quel était le quotidien d’un journaliste à Oran durant ces années de guerre civile ?

Daoud décrit la vie de journaliste pendant la guerre civile comme un mélange de danger et d’intensité, ce qui reflète certainement une réalité vécue par beaucoup. Cependant, il aurait pu également évoquer la résilience des journalistes et des citoyens qui ont continué à travailler et à vivre malgré les menaces. De plus, cette période sombre a également vu l’émergence de nombreuses initiatives culturelles et artistiques qui ont permis aux Oranais de résister à la violence par l’expression créative, une dimension que l’interview n’aborde pas.

Question 9 : Comment êtes-vous passé du journalisme à la littérature ? Comment se faire lire, publier, à Oran dans ces années-là ?

Kamel Daoud raconte son passage du journalisme à la littérature comme une transition difficile mais inévitable. Cependant, il ne mentionne pas suffisamment les réseaux d’entraide et de soutien qui existent parmi les écrivains en Algérie. Il y a une communauté littéraire dynamique à Oran et ailleurs en Algérie, où les écrivains se soutiennent mutuellement et où les éditeurs locaux, bien que limités en nombre, jouent un rôle crucial. La description d’Oran comme un lieu où il est presque impossible de percer en tant qu’écrivain est trop pessimiste et ignore les succès de nombreux autres auteurs algériens.

Question 10 : Oran entretient un lien particulier avec la littérature. Cervantès y est passé et a écrit sur la ville. Bien d’autres écrivains l’ont suivi.

Daoud souligne le lien littéraire entre Oran et des auteurs comme Cervantès, mais il semble sous-estimer l’importance des écrivains contemporains qui continuent de faire vivre la littérature oranaise. Oran est bien plus qu’un simple décor historique pour des écrivains européens ; c’est une ville où la littérature locale est florissante, portée par des auteurs qui explorent les réalités modernes de la ville. Il est important de ne pas réduire la littérature oranaise à ses figures historiques, mais de reconnaître la contribution continue des écrivains d’aujourd’hui.

Question 11 : Pouvez-vous nous parler des liens entre Oran et la musique, le raï notamment ?

Daoud décrit avec précision l’importance du raï à Oran, mais il ne mentionne pas suffisamment l’évolution de cette musique et l’émergence d’autres genres musicaux dans la ville. Le raï a certes des racines profondes dans la culture oranaise, mais la scène musicale actuelle est diversifiée et innovante, avec de nouveaux artistes qui explorent différents styles tout en restant connectés à l’esprit oranais. Réduire Oran à la seule musique raï ne rend pas justice à la richesse et à la diversité de la scène musicale contemporaine.

Question 12 : On dit également qu’une des grandes « spécialités » oranaises, c’est l’humour.

Daoud reconnaît l’humour oranais, mais il le traite avec une certaine ambivalence, le voyant à la fois comme un stéréotype et une réalité. Il est important de noter que l’humour est un élément clé de la culture oranaise, utilisé non seulement pour le divertissement, mais aussi comme un outil de critique sociale et de résilience face aux défis. Cet humour est une expression de l’intelligence collective des Oranais et mérite d’être vu comme une force culturelle plutôt que comme une simple “spécialité” folklorique.

Question 13 : Comment a évolué Oran depuis que l’avez découverte dans les années 1980 ?

Daoud dresse un tableau assez sombre de l’évolution d’Oran, en se concentrant sur la dégradation architecturale et la répression culturelle. Bien qu’il soit vrai que la ville a rencontré des défis, il est également important de reconnaître les efforts de revitalisation qui ont été entrepris, tant par le gouvernement que par des initiatives citoyennes. Oran est une ville en constante évolution, où les habitants continuent de s’adapter et de réinventer leur environnement, malgré les difficultés. Le pessimisme de Daoud, bien que justifié à certains égards, ne rend pas pleinement justice à la résilience et à la créativité de la ville et de ses habitants.

Question 14 : Outre le roman d’Inaâm Bayoud, quels livres conseilleriez-vous pour s’imprégner de l’atmosphère oranaise ?

Daoud recommande principalement des œuvres classiques comme La Peste de Camus, ce qui est compréhensible, mais il semble ignorer l’émergence de la littérature oranaise contemporaine. De nombreux écrivains modernes offrent des perspectives nouvelles et vivantes sur Oran, et ces voix méritent également d’être reconnues et partagées. Il est essentiel de ne pas se limiter aux classiques, mais de s’ouvrir à la littérature actuelle qui reflète les réalités contemporaines de la ville.

Question 15 : Pourriez-vous nous citer quelques lieux oranais qui vous sont particulièrement chers ?

Daoud évoque des lieux emblématiques d’Oran, mais sa description semble teintée de nostalgie et d’une certaine mélancolie. Ces lieux, bien qu’ils soient importants pour lui, sont également en constante transformation, et il est important de considérer comment les nouvelles générations s’approprient ces espaces et les transforment à leur image. La ville est un organisme vivant, et ses lieux de mémoire évoluent avec ses habitants.

Question 16 : Comment voyez-vous l’avenir d’Oran ?

Daoud propose une vision dualiste de l’avenir d’Oran, opposant une ville joyeuse et nonchalante à une Oran conservatrice et répressive. Cette opposition simplifie trop les dynamiques complexes qui façonnent la ville aujourd’hui. L’avenir d’Oran sera sans doute influencé par une multitude de facteurs, y compris l’engagement citoyen, les initiatives culturelles, et les évolutions politiques. Plutôt que de voir l’avenir de la ville comme une bataille entre deux forces opposées, il serait plus pertinent de le considérer comme un processus de négociation et de transformation constante, où diverses influences se rencontrent et coexistent.

 

Tout au long des 16 questions abordées dans l’interview, Kamel Daoud exprime un pessimisme qui peut sembler déplacé, compte tenu de son parcours exceptionnel. Issu d’un milieu extrêmement modeste, il a bénéficié de l’éducation gratuite et a réussi à gravir les échelons pour devenir un écrivain et penseur de renommée internationale. Pourtant, ce récit de réussite personnelle est teinté d’une ingratitude implicite qui pourrait donner un message décourageant aux jeunes Algériens.

Face à cela, il est crucial de se rappeler l’importance de la gratitude et de l’espoir. Si Daoud reconnaissait pleinement les opportunités qui lui ont été offertes et les succès qu’il a pu obtenir grâce à elles, son discours pourrait non seulement refléter une réalité plus équilibrée, mais aussi inspirer les jeunes générations à croire en leur capacité à réussir, même dans un contexte difficile. Un message de résilience et de reconnaissance serait un bien meilleur héritage à laisser aux jeunes Algériens en quête de leur propre avenir.

P.S : Pour évaluer le pessimisme et l’ingratitude dans les propos de Kamel Daoud, voici une note subjective basée sur l’analyse précédente :

  • Pessimisme : 8/10
    Kamel Daoud exprime un pessimisme notable dans son discours, en insistant sur les aspects négatifs de la vie à Oran et en Algérie, tout en minimisant les progrès et les aspects positifs. Son regard critique est souvent teinté de nostalgie et d’une vision sombre de l’avenir, ce qui justifie une note élevée en termes de pessimisme.
  • Ingratitude : 6/10
    Bien que l’on puisse percevoir une certaine ingratitude dans ses propos, surtout lorsqu’il semble ignorer les opportunités dont il a bénéficié pour réussir, ce sentiment n’est pas aussi prononcé que son pessimisme. Sa critique, bien que sévère, semble davantage ancrée dans une volonté de provoquer une réflexion que dans une véritable ingratitude. C’est pourquoi la note est plus modérée sur ce point.

 

Par Hope Jzr

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