L’écrivain franco-algérien Kamel Daoud, lauréat du Prix Goncourt 2024 pour son roman Houris, est actuellement assigné en justice en France par Saâda Arbane, une rescapée d’un massacre perpétré durant la guerre civile algérienne des années 1990. Mme Arbane accuse l’auteur d’avoir utilisé son histoire personnelle sans son consentement pour construire l’intrigue de son roman. Elle réclame 200 000 euros de dommages et intérêts ainsi qu’une publicité de la condamnation éventuelle.
Selon Mme Arbane, le personnage principal du roman, Aube, une jeune femme muette après une tentative d’égorgement par un islamiste, reprend son propre vécu. Elle affirme que Kamel Daoud, dont l’épouse est psychiatre, l’a connue en tant que patiente entre 2015 et 2023. Elle soutient que l’auteur a exploité son histoire sans son accord, malgré ses demandes répétées pour que son récit reste privé.
L’assignation cite des preuves, notamment des témoignages médicaux et des similitudes troublantes entre la vie de Mme Arbane et le personnage de fiction. Les avocats de Mme Arbane dénoncent un « pillage » de son histoire et soulignent le caractère exceptionnel de cette affaire en matière de violation de la vie privée sous couvert de fiction.
Kamel Daoud, déjà visé par une plainte en Algérie, défend son œuvre en affirmant que l’histoire est publique et que le roman ne cite pas explicitement Mme Arbane. Son éditeur, Gallimard, dénonce quant à lui une campagne de diffamation orchestrée par des médias proches du régime algérien.
Une première audience est prévue le 7 mai 2024 au tribunal judiciaire de Paris.