Dans un froid glacial et une ambiance de sinistrose, les sauveteurs de la Protection civile algérienne mènent depuis lundi, sur les territoires sinistrés turcs et syriens, les fouilles sous les décombres. Une course contre la montre pour tenter de porter secours aux rescapés au lendemain du puissant séisme dont le bilan, en constante aggravation, a avoisiné hier les 12 000 morts et plus de 50 000 blessés entre les deux pays.
Dès l’annonce du drame qui a ébranlé la Turquie et la Syrie, les autorités algériennes ont lancé l’alerte et les unités de la Protection civile étaient déjà disposées à intervenir dans les régions des deux pays «amis» affectées par les secousses.
Deux groupes de la Protection civile ont pris le départ, lundi et mardi, sur ordre du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de la base aérienne de Boufarik à Blida, à destination de la Turquie et de la Syrie pour participer aux opérations de sauvetage et de secours suite au séisme qui a secoué le sud de ce pays.
Dès l’arrivée des équipes algériennes de la Protection civile à l’aéroport Ghazi Antab en Turquie lundi matin à 1h et à l’aéroport de Halab en Syrie mardi à 11h15 et après avoir accompli toutes les procédures administratives, les équipes de secours se sont dirigées vers les bases de vie situées dans la zone Adiyaman en Turquie et Boustane El Kasr El Mecharqa en Syrie.
Par la suite, les équipes des détachements de recherche et de sauvetage en milieu urbain (Husar) algériens ont entamé les opérations de recherche et sauvetage sous les décombres qui ont permis de dégager 24 victimes à la zone Adiyaman. Dans le détail, ces interventions se sont soldées par le sauvetage et le dégagement sous les décombres de 6 personnes vivantes ainsi que 18 personnes décédées (bilan arrêté hier matin).
Dans l’autre pays sinistré qu’est la Syrie, nos unités de sauvetage ont pu dégager sous les décombres 7 victimes (bilan provisoire) dans la province de Halab au niveau de la zone Boustane El Kasr Mecharqa. Il s’agit d’une personne de sexe masculin vivante et 6 autres décédées. Le travail de recherche des victimes se poursuit toujours.
L’expertise algérienne
Le groupe d’intervention des secouristes envoyé est constitué, selon le directeur des Statistiques à la DG de la Protection civile, colonel Farouk Achour, de «89 agents classés à l’échelle internationale dans le domaine de l’intervention et de la gestion des risques majeurs», répartis en brigades, dont «la brigade de recherche et de sauvetage-déblaiement, la brigade cynotechnique et une équipe médicale spécialisée», en plus d’une équipe logistique dotée de 17 tonnes de matériels d’intervention afin de mener cette mission «noble dans les meilleures conditions».
Le même responsable a également expliqué que les éléments qui participeront à cette mission humanitaire «possèdent un grand savoir-faire et un haut sens de professionnalisme», de manière à «apporter une plus-value à l’opération de sauvetage et de secours ainsi qu’aux opérations d’intervention pour prendre en charge les dégâts occasionnés par le séisme».
«La mission n’est pas facile, compte tenu des conditions difficiles dans lesquelles travaillent nos équipes qui s’acquittent de leur mission avec professionnalisme et efficacité en vue de sauver le maximum de victimes», a-t-il expliqué.
De son côté, le chargé de communication au niveau de la direction, le capitaine Nassim Bernaoui, a affirmé que les interventions en Syrie «se poursuivent à plein régime». Et d’ajouter que «les équipes sont réparties dans la région d’Alep, plus précisément dans la zone appelée Boustane Kasr Al Masharqa, à travers 4 points où elles travaillent, sans relâche, pour sauver les victimes sous les décombres».
Hormis l’aide humanitaire que l’Algérie a envoyé pour ces deux pays, une aide matérielle a été également acheminée vers les camps des sinistrés. Elle comprend notamment 115 tonnes de produits pharmaceutiques et alimentaires et des tentes à destination de la Syrie ainsi que 95 tonnes de produits divers à destination de la Turquie.
Ce qu’il faut savoir aussi, c’est que l’avion algérien a été le premier appareil à se poser sur le tarmac de l’aéroport d’Alep. Dans une déclaration à la presse, l’ambassadeur syrien a salué d’ailleurs «l’élan de solidarité de l’Algérie pour son pays dans ces circonstances difficiles». La Protection civile algérienne, faut-il le rappeler, cumule plusieurs expériences en matière de secourisme, notamment à l’échelle internationale dans les catastrophes naturelles. Sa participation, il y a de cela plus de trente ans, lors du tremblement de terre qui a frappé en 1985 la capitale mexicaine (Mexico) lui a valu les félicitations de ce pays meurtri. Elle cumule aussi l’expérience acquise lors du séisme qui a frappé la ville d’El Asnam (Chlef) en 1980, sans oublier le séisme de 2003 qui a anéanti la ville de Boumerdès. L’expérience s’étend aussi sur les catastrophes de moindre intensité, comme les inondations pendant les grandes pluies dans les pays de la région du Sahel, lesquelles ont nécessité l’intervention des bras et le génie des secouristes algériens.
