Les risques liés au climat et leurs impacts associés se font de plus en plus sentir en Algérie, les mesures d’adaptation deviennent urgentes.
En 2019, l’Algérie a adopté son plan national du climat (PNC). Ce plan comporte 155 projets, dont 76 relatifs à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et 63 autres relatifs à l’adaptation aux changements climatiques. Il appelle à des efforts accrus pour renforcer notre résilience et notre préparation au changement climatique. Cela implique davantage d’investissements, notamment dans les solutions fondées sur la nature (SBN) à travers la protection et amélioration des puits et réservoirs de GES par la gestion durable des forêts, la plantation de forêts et le reboisement, la remise en état des zones touchées par la sécheresse et la désertification afin de générer des bénéfices en matière d’adaptation et d’atténuation du changement climatique, de réduction des risques de catastrophe.
L’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) définit les SBN comme des actions visant à protéger, gérer durablement LA biodiversité et restaurer les écosystèmes naturels ou modifiés en utilisant les ressources et les processus déjà présents dans la nature et les considère comme étant un outil important pour relever les défis sociétaux, tels que le changement climatique, la perte de biodiversité et la sécurité alimentaire et hydrique, tout en soutenant le développement durable.
Par ailleurs, les SBN procurent des avantages en matière de bien-être humain et de biodiversité, en améliorant les services écosystémiques tels que le contrôle de l’érosion, la prévention des sécheresses et des inondations, la séquestration du carbone, le refroidissement et la prévention des incendies de forêt. En milieu urbain, Ils permettent d’avoir une meilleure qualité de l’air et contribuent à la réduction de la pollution sonore. Des organisations telles que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont souligné le rôle que les SBN peuvent jouer pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. Cette reconnaissance du GIEC repose sur le fait que les écosystèmes naturels et semi-naturels soutiennent les sociétés humaines de multiples façons, qu’il s’agisse de fournir de la nourriture, de l’eau propre et des abris, de stocker du carbone ou de nous protéger des conséquences d’événements extrêmes tels que les inondations, les sécheresses et les vagues de chaleur.
L’importance d’agir avec la nature plutôt que contre elle pour résoudre les défis mondiaux contemporains est de plus en plus reconnue. Le concept de SBN est apparu dans les années 2000 pour promouvoir la nature en tant que source de solutions pour relever les défis environnementaux et sociétaux. Bien que le terme lui-même puisse sembler assez nouveau, il a une histoire plus longue, enracinée dans d’autres concepts clés et une compréhension de l’importance des écosystèmes qui ont été reconnus au fil des ans.
Le Congrès mondial de la nature 2016 de l’UICN à Hawaï a marqué une étape importante pour les SBN avec l’adoption d’un cadre définitionnel pour les SBN, établissant ainsi une définition commune pour les SBN et une série de principes pour guider une mise en œuvre efficace et appropriée. Lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN qui s’est tenu à Marseille en 2021, l’UICN a lancé son mécanisme mondial pour les SBN, qui vise à promouvoir l’adoption des SBN en tant qu’approche éprouvée du développement durable dans tous les secteurs, et à encourager leur mise en œuvre à l’échelle et à la qualité nécessaires pour atteindre les objectifs mondiaux en matière de climat, de conservation et de développement d’ici à 2030. Dans la déclaration de Rome, les dirigeants du G20 se sont engagés à intensifier et encourager la mise en œuvre des SBN ou des approches fondées sur les écosystèmes, qui sont des outils précieux apportant des avantages économiques, sociaux, climatiques et environnementaux.
Lors de la 26e réunion de la conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP26 CCNUCC) à Glasgow, 45 gouvernements ont annoncé une augmentation du financement des systèmes d’alerte précoce afin d’intensifier les efforts de protection de la nature et de passer à une agriculture plus durable.
La 27e conférence des parties à la CCNUCC, qui s’est tenue à Charm el-Cheikh (Égypte), a été l’occasion de reconnaître clairement le rôle clé que peut jouer la SBN dans la lutte contre le changement climatique. Les pays disposent ainsi d’un cadre solide pour exploiter efficacement le rôle de la nature dans l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets.
Selon les Nations unies, les solutions fondées sur la nature peuvent fournir plus d’un tiers des mesures d’atténuation du changement climatique nécessaires pour atteindre les objectifs de réduction du réchauffement de la planète d’ici à 2030. La mise en valeur de 350 millions d’hectares de terres d’ici là pourrait générer jusqu’à 9 000 milliards de dollars de bénéfices nets.
Dans un autre registre, les recherches montrent que les SBN peuvent fournir jusqu’à 37 % des réductions d’émissions nécessaires d’ici à 2030 pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux. Afin d’y parvenir, les investissements dans les SBN doivent doubler d’ici l’année prochaine et tripler d’ici 2030. Dans l’état actuel des choses, nous avons besoin de plus d’investissements dans les solutions basées sur la nature. Les activités telles que la restauration des forêts deviennent essentielles.
L’Algérie a lancé un projet environnemental révolutionnaire à travers la relance d’un projet audacieux, lancé en 1973, visant à protéger trois millions d’hectares de terres pastorales vulnérables de l’avancée du désert du Sahara en construisant une barrière verte de 1 500 kilomètres de long dont les retombées visent à augmenter la superficie totale de ce barrage, qui couvre le pays d’est en ouest, de 3,7 à 4,7 millions d’hectares dans les zones steppiques à travers 13 wilayas et 183 communes, à prévenir la destruction écologique et à aider les communautés locales à s’adapter au changement climatique.
Outre la lutte contre la désertification, le mégaprojet, qui est repris après 53 ans, améliorera également les conditions de vie de plus de 7 millions de personnes dans les 13 wilayas ciblées, en créant des emplois, des revenus et des services. Les directions des forêts et des services agricoles des 13 wilayas concernées, ainsi que le haut-Commissariat au Développement de la Steppe (HCDS), seront chargés de la mise en œuvre de ce mégaprojet de reboisement à l’horizon 2030.
Tirant profit de l’avantage donné par les ressources forestières dans la promotion de la fonction de puits de carbone écologique, la Chine s’est concentrée sur l’amélioration de son puits de carbone forestier en augmentant les superficies, en réduisant les pertes et en améliorant la qualité.
Avec une « double croissance » de la superficie forestière et du volume du stock forestier pendant 30 années consécutives, la Chine est devenue le pays qui connaît la croissance la plus rapide et la plus importante de ses ressources forestières dans le monde. A tire d’exemples, la ferme forestière de Saihanba, la plus grande forêt artificielle du monde, ou le boisement se base sur des SBN ; libère 598 400 tonnes d’oxygène et absorbe 860 300 tonnes de CO2, jouant ainsi le rôle d’une importante barrière écologique. Parallèlement, le parc forestier national de Saihanba accueille 500 000 touristes chaque année, fournit directement environ 15 000 emplois temporaires, stimule le développement du tourisme local et génère un revenu brut pour la communauté.
Aux USA, en particulier dans le secteur privé, le plan décennal « moonshot » de Microsoft, vise à rendre l’entreprise neutre en carbone d’ici à 2030, il se concentre sur le SBN pendant les cinq premières années afin de réduire son empreinte carbone en protégeant les forêts et en plantant des arbres pour capturer le carbone.
Il est nécessaire de mieux comprendre les facteurs qui permettent le succès local et les obstacles à la mise à l’échelle. Cela nécessite des programmes systématiques de suivi, de reporting et d’évaluation pour informer sur l’efficacité et l’efficience des SBN à long terme.
En conclusion, dans un monde confronté au changement climatique, à la perte de biodiversité et à de nombreux défis environnementaux, il est urgent de trouver des solutions innovantes et efficaces.
Les solutions fondées sur la nature sont apparues comme un outil puissant dans la lutte contre ces problèmes, offrant une approche durable et holistique de la restauration des écosystèmes et de la construction d’un avenir durable pour la planète.
En travaillant avec la nature plutôt que contre elle, nous pouvons exploiter son pouvoir pour atténuer le changement climatique, améliorer la biodiversité, assurer le bien-être des communautés dans le monde entier et assurer la protection des écosystèmes.
A partir de projets de reforestation, les SBN se concentrent sur la relance des processus naturels et des méthodologies pour promouvoir le rétablissement des écosystèmes. Ce faisant, elles contribuent à promouvoir la biodiversité, et à renforcer la résilience de l’écosystème. À long terme, les SBN peuvent réduire les coûts liés aux dommages environnementaux et à l’adaptation au changement climatique, ce qui en fait une approche rentable.
Enfin, il est à signaler que pour exploiter pleinement le pouvoir des SBN, la collaboration et les partenariats sont essentiels. Les gouvernements, les entreprises, les communautés et les organisations de la société civile doivent travailler ensemble pour développer et mettre en œuvre les SBN à grande échelle.
Cela nécessite le partage des connaissances, de l’expertise et des ressources afin de garantir le succès et l’extensibilité des initiatives SBN. Grâce à un effort collectif, nous pourrons garantir une planète plus saine et plus résiliente pour les générations à venir.
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Très instructif, merciiiiiiiiiiiiiiii