Au cœur de la vaste étendue désertique du sud algérien, à environ 40 km de la ville de Tamanrasset, se trouve une région surprenante nommée Tite. C’est ici qu’Abdrahman Daawa, un jeune agriculteur audacieux, s’est lancé dans un projet remarquable, défiant les conditions hostiles du désert pour faire jaillir la verdure au milieu du sable. Son exploit ne se limite pas aux palmiers ou aux oliviers, typiques de la région, mais s’étend à des cultures plus exotiques comme les agrumiers et les pommiers.
Une prouesse agricole au milieu du désert
Depuis une décennie, Abdrahman s’acharne à cultiver des variétés d’arbres insoupçonnées dans cet environnement aride. Son engagement et sa persévérance l’ont mené à créer une véritable oasis de verdure. Le jeune agriculteur ne s’arrête pas là ; il a introduit des variétés tropicales telles que la mangue, fruit originaire des forêts indiennes, pakistanaises et birmanes. Cependant, le chemin n’a pas été facile. L’absence d’un barrage à proximité l’oblige à parcourir 5 km pour s’approvisionner en eau, une ressource rare et précieuse dans cette région.
Des défis hydriques de taille
La rareté de l’eau demeure l’obstacle principal à la réussite de tels projets agricoles dans cette région du sud algérien. Les eaux des rivières sont insuffisantes et les précipitations extrêmement limitées. Face à cette réalité, Abdrahman se retrouve chaque année confronté à la baisse du niveau des nappes phréatiques, ce qui menace directement la viabilité de ses cultures. Pourtant, il persévère, multipliant les initiatives pour irriguer ses plantations et préserver la biodiversité qu’il a su instaurer.
La spiruline, une solution durable contre la malnutrition
Non loin de là, le docteur Abdelader Hiri, passionné par la culture de la spiruline, une cyanobactérie aux propriétés nutritionnelles exceptionnelles, mène lui aussi une bataille pour le développement durable dans le Sahara. En créant l’association Sahara Spiruline, il souhaite promouvoir cette algue, consommée depuis des millénaires dans le désert, pour lutter contre la malnutrition. La spiruline, connue pour ses bienfaits sur les défenses immunitaires et sa richesse en protéines, trouve dans le Sahara un environnement propice à son développement.
Depuis une quinzaine d’années, Abdelader s’attèle à optimiser les conditions de culture de cette algue microscopique en utilisant les sels minéraux locaux. Aujourd’hui, il forme de futurs algoculteurs et encadre des travaux d’étudiants, contribuant ainsi à faire connaître la spiruline et ses vertus. Son travail est un exemple de résilience et d’innovation, démontrant que même dans un environnement aussi difficile que le Sahara, il est possible de développer des solutions durables et bénéfiques pour la population.
Un programme national ambitieux pour le développement agricole
L’État algérien a pris conscience du potentiel agricole de ces régions et a lancé un programme d’investissement structuré dans le grand sud. L’objectif est de distribuer 500 000 hectares de terres d’ici la fin de 2025 et 1 million d’hectares d’ici 2030 pour encourager les cultures céréalières et arboricoles. Des arbres fruitiers résistants à la sécheresse tels que les pistachiers, les amandiers et les grenadiers sont déjà en cours de plantation dans les oasis d’Ablessa.
Pour soutenir ces initiatives, des milliers d’hectares de terres agricoles seront attribués aux investisseurs. L’État se charge de l’acquisition et de la plantation des arbres pour les agriculteurs, et met en place des infrastructures telles que des puits, des systèmes d’irrigation et la distribution de kits solaires pour faciliter l’exploitation agricole.
L’accompagnement des agriculteurs pour un développement durable
Le groupe Génie Rural, présent sur tout le territoire algérien, apporte son soutien et son expertise aux agriculteurs de la région. Des programmes de plantation fruitière adaptés aux conditions climatiques locales sont mis en place. À Tamanrasset, la seule pépinière du territoire produit des variétés rustiques comme la vigne, le grenadier et le figuier, contribuant à l’agriculture locale. Les autorités locales organisent également des formations sur les meilleures pratiques agricoles et les techniques d’irrigation pour maximiser les rendements.
Un défi à relever ensemble
Face aux défis climatiques et hydriques, le chemin est encore long, mais les initiatives comme celles d’Abdrahman et du docteur Abdelader montrent que l’espoir est permis. Leur persévérance et leur détermination sont sources d’inspiration pour tous ceux qui rêvent de transformer le désert en un lieu de vie et de prospérité. Avec l’accompagnement de l’État et des structures locales, l’agriculture dans le grand sud algérien pourrait bien devenir un modèle de développement durable et innovant.
En conclusion, l’agriculture dans le désert algérien, loin d’être un rêve impossible, est en passe de devenir une réalité grâce à l’engagement de jeunes entrepreneurs audacieux et l’appui des autorités. Le pari est ambitieux, mais les résultats, bien que timides pour l’instant, laissent entrevoir un avenir où le désert pourrait non seulement nourrir ses habitants, mais aussi contribuer au développement économique et social de toute la région.
By Hope&Chadia