Ces dernières années, l’Algérie a multiplié les initiatives pour donner une place centrale à l’apprentissage de l’anglais dans son système éducatif et de formation. Loin d’être limité à des annonces ponctuelles, ce mouvement est porté par un ensemble cohérent de réformes, de coopérations internationales et de projets numériques, qui concernent à la fois l’école, l’université et la formation professionnelle.
Une plateforme nationale pour les nouveaux bacheliers
Dès l’été 2025, le ministère de l’Enseignement supérieur a activé une plateforme nationale de cours en ligne, dédiée aux nouveaux bacheliers désireux de renforcer leur niveau en anglais. L’objectif affiché est d’atteindre le niveau B2 avant leur entrée à l’université, dans la perspective d’une intégration plus fluide dans des cursus où l’anglais devient progressivement une langue pivot. Cette plateforme, accessible via le portail numérique du ministère, marque un tournant : l’anglais n’est plus une option, mais un outil nécessaire pour s’inscrire dans une économie de la connaissance mondialisée.
Université : l’anglais comme langue de spécialité
Ce même esprit anime les universités. À Oran 2 Mohamed-Benahmed, la rentrée 2025-2026 s’ouvre avec près de 5.000 nouvelles places pédagogiques, dont une part importante est dédiée aux langues étrangères. Outre l’ouverture d’une licence d’italien en partenariat avec Pérouse, l’université élargit ses formations en anglais pour les enseignants des trois cycles scolaires, avec plus de 100 places pour le primaire et 70 pour le moyen. L’institution poursuit aussi son double diplôme novateur en Sciences politiques et Langue anglaise, lancé en 2024, confirmant ainsi l’ancrage de l’anglais dans des disciplines stratégiques.
La dynamique ne s’arrête pas aux portes des universités. Dans l’enseignement supérieur à l’échelle nationale, l’année 2025 voit l’introduction d’une licence en anglais médical, un symbole fort de la modernisation des programmes et de la connexion entre la langue et les besoins de secteurs essentiels comme la santé. Cette spécialité s’ajoute à une série de nouvelles formations (drones, puces électroniques, informatique quantique) qui reflètent la volonté de positionner l’Algérie dans des domaines de pointe, où l’anglais constitue la langue de référence.
Formation professionnelle : l’approche par compétences et l’anglais
De son côté, le secteur de la formation professionnelle adopte pleinement à la rentrée d’octobre 2025 l’approche par compétences, abandonnant le système semestriel. Dans cette réforme, l’anglais joue un rôle structurant : le mois de septembre est consacré à un programme intensif de formation des formateurs, axé non seulement sur les compétences numériques mais aussi sur l’enseignement de l’anglais. Ce choix traduit une orientation claire : l’anglais est pensé comme une compétence transversale, indispensable pour l’insertion professionnelle des jeunes dans une économie ouverte et technologique.
Partenariats internationaux : l’appui du Royaume-Uni
Cette mutation est renforcée par la coopération internationale. Le 26 août 2025, l’Algérie et le Royaume-Uni ont signé un Programme exécutif de coopération 2025-2027 dans le domaine de l’éducation. Ce partenariat prévoit la formation de 1.000 enseignants d’anglais, mêlant formation à distance et en présentiel pour les inspecteurs du cycle primaire. Ce programme vise une généralisation progressive, posant les bases d’une amélioration structurelle et durable de la maîtrise de l’anglais dans les écoles algériennes. L’accord inclut également l’intégration des nouvelles technologies dans l’enseignement, en cohérence avec l’agenda de modernisation de l’école et de l’université algériennes.
Une vision institutionnelle intégrée
Pris ensemble, ces chantiers témoignent d’une vision institutionnelle intégrée :
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au primaire et au secondaire, l’anglais s’installe grâce à la formation d’enseignants et inspecteurs ;
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dans l’université, il devient une langue d’enseignement et de spécialité, en médecine, sciences politiques et technologies avancées ;
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dans la formation professionnelle, il est associé à la logique des compétences et aux besoins du marché du travail ;
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enfin, au niveau diplomatique, il est renforcé par des partenariats stratégiques avec le Royaume-Uni.
L’Algérie trace ainsi la voie d’une transition linguistique maîtrisée, où l’anglais ne se substitue pas brutalement au français, mais s’installe comme un vecteur de modernisation, d’ouverture et de compétitivité. L’enjeu est clair : former des générations capables de naviguer avec aisance dans un monde où la langue anglaise est devenue l’infrastructure invisible de la science, de la technologie et du commerce.
Hope&ChaDia
Sources: Recherche