ALGER- Le concert de musique brésilienne “De Villa-Lobos à Jobim”, a été présenté jeudi soir à Alger, par les Ensembles “Salim-Dada” et “AlgeRio” de Hind Boukella, devant un public nombreux.
Accueilli au Théâtre national Mahieddine-Bachetarzi (TNA), le concert, organisé par l’ambassade de la République Fédérative du Brésil en Algérie, célèbre le bicentenaire de l’Indépendance de ce grand pays de l’Amérique du Sud et le soixantième anniversaire du recouvrement de la Souveraineté nationale.
En présence des ambassadeurs, de la République Fédérative du Brésil, Flavio Marega, du Chef de la délégation de l’Union européenne, Thomas Eckert, et des représentants de différentes missions diplomatiques accréditées à Alger, invités au concert, un programme prolifique d’une vingtaine de pièces, présenté, en trois parties a été déroulé deux heures durant, devant un public conquis.
Restituant, la genèse artistique qui a amené à l’avènement de la “Bossa Nova” (nouvelle vague), issue d’un mélange judicieux entre la Samba et le Jazz, ce nouveau genre de musique a d’abord connu l’époque où “il se jouait par les orchestres symphoniques”, avant de devenir après les années 1950, une des cadences “les plus en vogue dans le monde du jazz” et finir par “accéder à la postérité”.
Après un passage en duo très apprécié de Salim Dada et le grand flûtiste de musique classique, Djamel Ghazi, les 23 musiciens de l’Orchestre ont interprété Heitor Villa-Lobos (1887-1959), un grand compositeur brésilien qui a écrit plus de 1300 pièces, basant d’abord son travail sur l’adaptation du folklore de son pays, pour arriver à le moderniser avec notamment la Bossa Nova, une cadence désormais ouverte sur l’improvisation, ainsi que les sonorités et les dissonances du Jazz.
Arrangées par Salim Dada, les pièces rendues sur cette “nouvelle cadence”, ont donné un aperçu très apprécié du public sur l’orchestration, pleine et bien distribuée, à l’instar de “Choro No1”, “Distribuiçao de flores”, “Choro No5, +Alma Brasileira+”, entre autres.
La transition s’étant faite d’elle-même, la deuxième partie a fait voyager le nombreux public du TNA, avec un florilège de pièces dans le genre Bossa-Samba, présenté par la grande, Hind Boukella très applaudie dès son entrée sur scène.
Soutenue par Farid Mokaddem au ney, Koussaïla Adjrad au saxophone, Fayçal Maâlem au piano, Youcef Bouzidi à la guitare basse, Rafik Kettani aux percussions et Nazim Ziad à la batterie, la chanteuse à la voix suave a rendu sept pièces, écrites et composées par les plus grands artistes, grâce à qui ce nouveau genre est devenu international.
Dans une parfaite complicité avec ses musiciens, Hind Boukella expliquait les contenus des pièces et interagissait beaucoup avec l’assistance, avant de reprendre un tour de chant avec une voix présente et étoffée, à la tessiture large.
L’interprète a enchanté le public avec entre autres pièces, “Chega de Saudade”, “Samba de Uma Nota So”, “Agua de Beber”, et “Madalena de Jucu”, dont il reprenait les refrains, dans des atmosphères de grands soirs.
La troisième partie, consacrée à Antonio Carlos Jobim (1927-1994) a été rendue avec les deux orchestres fusionnés, sous la direction de Salim Dada et avec Hind Boukella en cantatrice pour entonner les pièces les plus célèbres de ce grand auteur, compositeur et interprète.
Les textes de chansons, sont de belles poésies écrites dans un lyrisme hautement esthétique où à chaque mot s’ouvre un chemin de lumière qui mène vers les profondeurs abyssales de l’être, et où la musique vient caresser le sens et l’émotion avec des sonorités toutes aussi mélancoliques et tourmentées.
“Modinha”, “Corcovado”, “Desafinado”, sont parmi les grands succès chantés dans le monde entier, à l’instar de “Garota de Ipanema” reprise “plus de 300 fois”.
Le pianiste Fayçal Maâlem et le nayati Farid Mokaddem, époustouflants de technique, ont séduit l’assistance avec un savoir faire et des improvisations qui ont exploré tous les “blancs” et les contre temps de chaque mesure, intelligemment exploitée, dans un exercice aux exigences aigües.
Le public qui a savouré tous les moments du concert a longtemps applaudi Salim Dada et Hind Boukella ainsi que les musiciens, professionnels et les virtuoses des deux Ensembles.
APS