Par Delloula Morsli
Née au cœur de Béchar, la musique foundou se présente comme un témoignage du riche héritage culturel et spirituel du Sahara. Ses mélodies émouvantes, nées de l’inspiration du virtuose du oud Alla, transcendent les frontières régionales pour devenir un élément précieux de la tapisserie musicale nationale.
L’essence du foundou réside dans sa capacité à évoquer une réponse émotionnelle profonde. L’improvisation magistrale d’Alla, Abdelaziz Abdallah de son vrai nom, sur le oud accompagnée de percussions, crée une expérience qui nous prend aux tripes. Ce style unique, caractérisé par sa nature brute et expressive, a captivé des générations d’amoureux de la musique dans le sud-ouest du pays.
L’importance du foundou s’étend au-delà de son impact émotionnel, car il introduit une nouvelle perspective musicale et une approche novatrice de la pratique du oud. L’art d’Alla a acquis une reconnaissance internationale, établissant le foundou comme une identité musicale algérienne bien distincte.
La musique du foundou s’inspire des expériences personnelles d’Alla, tissant ensemble les fils de la joie et de la tristesse qui ont façonné sa vie. Comme il l’a éloquemment déclaré : « Tout ce qui me fait mal sort. » Le nom même de « foundou » revêt une signification particulière, puisqu’il provient du jargon utilisé par les mineurs des charbonnages de la région de Kenadsa, près de Béchar. « Fond deux », ou « Fund 2 », était la désignation donnée à la mine où travaillait le père d’Alla. Ce lien sert d’hommage poignant aux sacrifices et aux luttes de la communauté minière de la région.
Le lien du foundou avec la terre s’étend au-delà de ses origines historiques. Les mélodies évoquent la vaste étendue du Sahara, ses trésors cachés et l’esprit tenace de ses habitants. C’est une musique qui résonne avec les entrailles de la terre, capturant la beauté brute et la résilience du paysage saharien.
Le foundou a transcendé ses racines régionales pour devenir un symbole de la région de la Saoura et un élément précieux de la diversité musicale en Algérie. Malgré sa résidence à Paris depuis plusieurs décennies, l’engagement d’Alla envers ses racines reste inébranlable. Ses nombreux albums, dont « El-Gasmia », « Zohra », « Tanakoul » et « Taghit », ont reçu une renommée internationale.
D.M.
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