Une nouvelle stratégie pour l’exploitation et la valorisation de notre richesse minière est désormais en place. Elle vise, en effet, à la diversification de l’économie nationale et à répondre aux besoins du marché local en termes de produits miniers importés jusqu’à présent à plusieurs millions de dollars.
Par Akrem R.
Une situation qualifiée d’inadmissible par le Pdg du groupe industriel Minier Manadjim El Djazair (MANAL), en l’occurrence, Mohamed Sakher Harami. Il est anormal, indique-t-il, que notre pays qui regorge de richesses minières importantes continue d’être dépendant du marché international pour certains intrants nécessaires à l’industrie, l’agriculture et l’énergie.
«Nous devons impérativement stopper l’importation des intrants, dont la première matière est disponible dans notre pays», insiste Skher Harami qui s’exprimait, hier, lors de son passage au Forum de la radio nationale, en faisant savoir que plusieurs projets dans le domaine minier sont déjà arrêtés par le ministère de l’Energie et des Mines, et s’inscrivant dans la période allant de 2022 à 2026.
Pour sa part, Miloud Midjeled, directeur de stratégie au ministère de l’Energie et des Mines, a révélé l’existence d’un vaste programme (2021-2023) pour l’exploration des mines. Ceci permettra d’avoir une cartographie des gisements à travers le pays et la mobilisation de tous les produits miniers. Le responsable a fait savoir, par ailleurs, que seulement 30 à 35% de nos produits sont transformés et valorisés. « Notre stratégie vise, à court terme, la transformation de 50% de nos produits miniers et énergétiques avant de les porter à 90 et 100% dans le long terme», annonce-t-il.
Le développement d’une industrie de transformation des produits miniers est l’un des axes majeurs de la stratégie du gouvernement. Des investissements colossaux ont été consentis pour la réalisation d’usines et complexe de production d’acier, dont les besoins en matière première atteindront les 20 millions de tonnes, a fait savoir l’intervenant. Ceci exige l’accélération des opérations pour l’exploitation de la mine du phosphate de Ghar djebilet, afin de mettre à la disposition de ces usines de la matière première nécessaire.
Actuellement, les prix de l’acier ne cessent d’augmenter suite, notamment, à des perturbations sur les marchés mondiaux ainsi qu’à la hausse des coûts du fret maritime.
D’ailleurs, de nombreux projets de l’Habitat sont à l’arrêt à cause de cette problématique. En clair, l’utilisation de la matière première locale ne pourrait qu’être bénéfique pour l’économie nationale, tout en préservant des sommes importantes en devises.
4 projets structurants bientôt opérationnels
Le Pdg a fait savoir, en outre, que des contraintes sont à lever concernant les coûts d’exploitation et l’existence du phosphore. « C’est à nous de trouver des solutions. Nous devons, impérativement, exploiter toutes les matières premières», souligne-t-il, en notant que 4 projets structurants seront bientôt en phase d’exploitation. Il s’agit du complexe du phosphate (Tindouf), zinc et de plomb à Oued Amizour (Bejaïa), projet intégré de phosphate pour la production des engrais et celui de l’exploitation de l’or. « Nous sommes en phase d’étude de faisabilité, dont le lancement effectif de l’exploitation sera pour bientôt. La valorisation de ces produits en interne, permettra à l’Algérie de se positionner sur le marché international», a-t-il précisé.
La protection l’environnement pris en considération
S’agissant de la mine de Zinc et de plomb de Bejaïa, le Pdg de MANAL a rassuré que l’exploitation se fera selon les normes internationales et dont la qualité et la protection de l’environnement seront respectées. Par ailleurs, Mohamed Sakher Harami a assuré que la main d’œuvre locale sera privilégiée dans ces projets structurants. Cette clause est imposée aux partenaires étrangers.
«Le partenaire est appelé à donner la priorité à la ressource humaine locale et la formation, durant les trois premières années, du personnel qualifié pour les postes de responsabilités», a –t-il souligné, en notant que le choix du partenaire se fait selon trois conditions : une expérience avérée, capacités financières et d’investissement et, enfin, la capacité de la commercialisation de ces produits à l’international.
Le même responsable a rappelé que la loi régissant le domaine minier a été amendée, et ce, dans le but de booster l’investissement dans ce domaine, en s’ouvrant davantage sur les capitaux privés. Actuellement, l’investissement privé est insignifiant et limité dans l’exploitation des carrières seulement, déplore-t-il.
C’est pour cela, indique-t-il, que « nous avons amendé la loi afin de la rendre plus attractive et de permettre l’augmentation des investissements privés et étrangers». Concernant les métaux rares, Skher Harami a fait savoir que plusieurs projets sont au programme de MANAL, à l’instar de la bentonite et dolomite, dont le recours à l’exploitation artisanale est possible. « Les projets dont la rentabilité économique est faible, seront exploités par des micro-entreprises (méthode artisanale), conclut-il.
A. R.