L’Algérie au cœur du front diplomatique mondial : La Haye, Alger, Addis-Abeba, New York
Hope&ChaDia
Quand le droit international chancelle, que les résolutions restent lettre morte, que les bombes pleuvent sur Gaza sous le regard impuissant des institutions mondiales, une voix ne tremble pas : celle de l’Algérie. À la croisée des initiatives les plus offensives contre l’impunité israélienne — de la CIJ à l’ONU, de l’Union africaine à la Ligue arabe —, Alger est aujourd’hui l’un des rares États à construire une doctrine de résistance globale, coordonnée, et juridiquement structurée.
Le Projet de La Haye : La doctrine Tebboune en marche
Le sommet convoqué à Bogotá les 15 et 16 juillet 2025, sous l’égide de l’Afrique du Sud et de la Colombie, rassemble plus de vingt États pour préparer des mesures concrètes contre les violations israéliennes à Gaza. L’Algérie ne s’y rend pas en simple invitée : elle y arrive en alliée fondatrice.
Dès janvier, elle a soutenu la plainte sud-africaine à la Cour internationale de Justice (CIJ) pour génocide, et a joué un rôle diplomatique actif dans l’élargissement du soutien à cette démarche. Elle pousse désormais à ce que le sommet adopte des mesures fermes : embargos ciblés, restrictions portuaires, coordination judiciaire et suspension multilatérale des accords de coopération.
Cette stratégie ne sort pas de nulle part. Elle s’inscrit dans une doctrine cohérente portée depuis plusieurs années par le président Abdelmadjid Tebboune, qui avait déclaré dès 2021 dans une interview largement relayée :
« لن نهرول للتطبيع… لم نشارك فيه ولم نباركه. القضية الفلسطينية تبقى قضية مقدسة بالنسبة للشعب الجزائري برمّته، وهي قضية جوهرية لا تُحلّ إلا بقيام دولة فلسطينية في حدود 67 وعاصمتها القدس الشريف. ومهما كانت الظروف، لن نتخلى عنها. »
Par cette phrase devenue emblématique — « لن نهرول » — Tebboune tracait une ligne rouge irréversible : refus absolu de toute normalisation avec l’entité sioniste, et affirmation du caractère sacré, non négociable, de la cause palestinienne dans la conscience algérienne. Ce refus de « l’herwla » (la ruée opportuniste vers Israël) est devenu une boussole diplomatique qui irrigue désormais toute l’action internationale de l’Algérie, de la CIJ à l’Union africaine.
Les pays participant au Sommet de Bogotá
Plus de vingt pays ont confirmé leur participation au Sommet de Bogotá des 15 et 16 juillet 2025, dans le cadre du Projet de La Haye. Aux côtés des pays co-organisateurs — la Colombie et l’Afrique du Sud — figurent l’Algérie, l’Espagne et l’Irlande, qui ont tous joué un rôle moteur. Le monde arabe est représenté par le Qatar, Oman, le Liban, l’Indonésie, la Malaisie, le Bangladesh et Djibouti, tandis que l’Afrique apporte son soutien avec la Namibie, le Mozambique et la Zambie. D’Amérique latine, on note la présence de la Bolivie, du Brésil, du Chili, du Honduras, du Nicaragua, de l’Uruguay et de Saint-Vincent-et-les-Grenadines. S’ajoutent à cette coalition des acteurs stratégiques tels que la Turquie, le Portugal, la Chine et Cuba. L’Autorité palestinienne ainsi que plusieurs ONG spécialisées en droit international humanitaire seront également représentées.
À l’ONU : Résolutions, veto et harcèlement juridique
À New York, l’Algérie est l’un des seuls États arabes à avoir déposé des projets de résolution concrets au Conseil de sécurité. Le 20 février 2024, elle fait adopter un texte sur le cessez-le-feu humanitaire, bloqué uniquement par le veto américain.
En mai 2025, elle revient à la charge avec une résolution exigeant la levée du blocus et un retrait total de Gaza. Ses textes, juridiques et percutants, sont salués par 13 États sur 15. Son représentant, Amar Bendjama, est l’un des seuls diplomates à oser prononcer les mots interdits dans l’enceinte onusienne : génocide, crimes contre l’humanité, fin de l’impunité.
À l’Union africaine : Israël éjecté, mission accomplie
En février 2023, alors qu’Israël tente de s’infiltrer au sein de l’Union africaine en tant qu’observateur, l’Algérie orchestre sa suspension de manière frontale. Avec l’Afrique du Sud et le Nigeria, elle mobilise un front diplomatique et juridique pour défendre les principes fondateurs de l’UA : solidarité entre peuples opprimés et rejet du colonialisme.
La scène est restée célèbre : la déléguée israélienne est expulsée de la salle du sommet à Addis-Abeba. En février 2024, l’Union africaine officialise la suspension d’Israël — un succès diplomatique incontestable, porté par la constance algérienne.
À la Ligue arabe : l’unité palestinienne sabotée par les normalisateurs
C’est à Alger, en 2022, que l’Algérie convoque un sommet de la Ligue arabe avec un objectif clair et central : réconcilier les factions palestiniennes. Elle y parvient. Le document signé entre le Hamas et le Fatah à Alger est un tournant historique — mais il sera méthodiquement saboté dans les mois suivants par des régimes ayant normalisé avec Israël, notamment les Émirats arabes unis et le Maroc, qui œuvrent à miner toute initiative d’unité palestinienne authentique.
Lors des sommets arabes suivants, l’Algérie choisit de réduire sa représentation diplomatique au niveau ministériel, en signe de protestation contre l’absence de volonté collective. Elle dénonce le refus de la majorité des membres de la Ligue d’envisager des actions concrètes, coordonnées et opérationnelles contre l’entité sioniste. Refusant les déclarations creuses et les gestes de façade, Alger maintient une ligne claire : sans actes, la solidarité n’est qu’un mot vide.
Vers une diplomatie de sanctions et d’actions
Le sommet de Bogotá, dans la continuité de La Haye, pourrait sceller un tournant : celui de la judiciarisation des relations internationales face à l’échec des approches politiques.
Et dans ce nouvel ordre qui émerge, l’Algérie est en train de s’imposer comme un acteur-clef : respecté, écouté, craint.
Son absence d’intérêts commerciaux directs avec Israël lui donne une liberté stratégique rare. Son expérience historique de la colonisation et de la résistance nourrit une cohérence morale que peu d’États peuvent revendiquer sans hypocrisie.
Notre regard
Loin d’un simple alignement sur des slogans, l’Algérie bâtit pierre par pierre un nouveau paradigme diplomatique : cohérent, multilatéral, et juridiquement implacable. De La Haye à Addis, de New York à Alger, elle trace une ligne rouge face à l’impunité sioniste. Et c’est peut-être cette ligne-là qui redonne une colonne vertébrale au droit international.