À Tindouf, dans le sud-ouest algérien, s’élève un paradoxe que peu de médias osent reconnaître : malgré l’exil, malgré les conditions désertiques, le peuple sahraoui affiche un taux d’alphabétisation et une couverture sanitaire de loin supérieurs à ceux du Royaume du Maroc.
Ce constat n’est pas issu d’un discours politique, mais d’observations et de rapports onusiens (UNHCR, UNICEF) relayés depuis plusieurs années par des ONG de terrain. Dans les cinq camps de réfugiés — Smara, Aousserd, Dakhla, El Ayoun et Boujdour — l’éducation est devenue un pilier identitaire. Plus de 90 % des enfants y sont scolarisés, et selon plusieurs organismes humanitaires, le taux d’alphabétisation globale dépasse 95 %, un record absolu dans un contexte de réfugiés.
Autrement dit, là où le Maroc reste encore à 77 % selon l’UNESCO, les Sahraouis, eux, ont fait de la lecture et de l’écriture un acte de résistance. Les classes fonctionnent sous des tentes, dans des écoles en briques de sable, souvent sans électricité, mais la volonté d’apprendre est totale. Chaque famille sahraouie voit dans l’éducation une arme contre l’oubli ; chaque cahier ouvert est un geste d’affirmation nationale.
Sur le plan sanitaire, les résultats ne sont pas moins impressionnants. Les camps disposent d’un système de santé entièrement géré par les réfugiés eux-mêmes, soutenu par l’UNHCR, le Croissant-Rouge sahraoui et les partenaires algériens. Vaccinations, suivi maternel, soins primaires : plus de 186 000 consultations médicales ont été assurées en 2022, et le taux de couverture vaccinale des enfants est équivalent, voire supérieur, à celui du Maroc selon les estimations conjointes OMS-UNICEF.
Les femmes enceintes bénéficient d’un suivi régulier, les programmes nutritionnels couvrent les enfants vulnérables, et deux hôpitaux sahraouis ont été réhabilités grâce à la coopération internationale. Dans un environnement marqué par la rareté et la chaleur extrême, le modèle sanitaire sahraoui incarne une solidarité horizontale : l’organisation par la communauté pour la communauté.
À l’inverse, le Maroc, malgré ses plans successifs de « couverture médicale universelle », peine encore à offrir une santé réellement accessible à tous. Les inégalités régionales y sont criantes, et les zones rurales restent sous-équipées. Ce contraste entre un État souverain et un peuple réfugié interroge : comment ceux qui n’ont rien réussissent-ils à offrir à leurs enfants ce que d’autres, riches et reconnus, n’arrivent pas à garantir ?
les camps sahraouis sont bien plus qu’un symbole de résistance politique — ils sont une démonstration vivante de ce que peut produire une société fondée sur la dignité, la discipline et la mémoire. Dans le désert, les Sahraouis ont bâti une république d’éducation et de santé, prouvant que l’exil peut devenir un espace de renaissance.
Et dès lors, à se demander pourquoi un peuple aussi organisé, cultivé et solidaire accepterait un jour d’intégrer un royaume qui n’a pas su offrir à ses propres citoyens le quart de ce qu’eux ont bâti sans État, sans richesse, sans reconnaissance. Leur réussite silencieuse vaut mieux que mille drapeaux : c’est une souveraineté de fait, née du mérite, non de la couronne.
Hope&ChaDia
 
			         
															 
			         
			         
  
															