CAN 2025 : quand les probabilités parlent plus fort que les slogans
La Coupe d’Afrique des Nations a cette particularité délicieuse : elle rend fous les certitudes et humilie les pronostics trop sûrs d’eux. Pourtant, derrière le bruit, l’émotion et les débats de plateau, il existe une autre manière de lire le tournoi : non pas en jurant qui “mérite” la coupe, mais en observant quelles affiches reviennent le plus souvent quand on laisse les probabilités faire leur travail.
L’objectif ici n’est pas de prédire l’avenir avec arrogance, mais de comprendre quels scénarios sont statistiquement les plus fréquents, une fois intégrés les premiers résultats réels du tournoi.
Une méthode simple, sans maths compliquées
Pas besoin d’équations ni de jargon. Chaque équipe arrive à la CAN avec un niveau estimé fondé sur sa régularité, sa stabilité et ses performances récentes. Ce niveau ne garantit rien, mais il influence les chances de victoire, un peu comme une pièce légèrement biaisée.
Quand un match réel est joué, on ajuste ce niveau avec prudence. Une victoire nette rassure, une victoire laborieuse alerte légèrement, un nul contre plus faible ne passe pas inaperçu. Puis on rejoue le tournoi des milliers de fois, en respectant strictement le tableau CAF et les confrontations possibles.
À la fin, on ne demande pas “qui va gagner”, mais : quelles finales apparaissent le plus souvent ?
Mon opinion est que cette approche est bien plus honnête que les verdicts définitifs après 90 minutes.
Ce que la première journée a réellement montré
La première journée n’a pas bouleversé le tournoi, et c’est déjà une information. Elle a surtout permis de distinguer les équipes qui ont gagné sans tension excessive, de celles qui ont dû s’employer pour préserver leur avantage.
À ce stade, il ne s’agit pas de classer, mais d’observer des signaux faibles : gestion du tempo, contrôle émotionnel, continuité du plan de jeu. Ces éléments, souvent invisibles au score final, pèsent pourtant lourd dans les projections probabilistes.
Pourquoi certaines grandes équipes ne ressortent pas
C’est ici que la surprise commence pour beaucoup. Des sélections prestigieuses sont bien présentes dans le tournoi, mais elles apparaissent rarement en finale dans les simulations. Non par manque de talent, mais par accumulation de petits risques.
L’Égypte, par exemple, reste dangereuse à tout moment, mais sa dépendance à des exploits individuels rend son parcours plus volatil. Elle gagne souvent… mais chute aussi plus souvent que d’autres dans les scénarios à élimination directe.
Le Cameroun souffre d’un problème similaire : capable du meilleur comme du pire, il avance dans un tournoi avec un niveau d’incertitude élevé, ce qui fait chuter sa fréquence de présence en finale.
La Côte d’Ivoire, malgré sa solidité apparente, montre une difficulté récurrente à tuer les matchs. Les victoires courtes augmentent mécaniquement le risque dans les tours suivants.
Quant à la Tunisie, elle paie une efficacité offensive limitée. Dans un modèle probabiliste, une équipe qui gagne peu mais régulièrement sur le fil finit par buter plus tôt que prévu.
À mon sens, aucune de ces équipes n’est éliminée du débat footballistique, mais elles accumulent trop de “petits peut-être” pour dominer les scénarios de finale.
Comment des equipes on finit par émerger
Une fois ces fragilités intégrées, un constat apparaît progressivement, sans postulat initial : les équipes qui combinent résultat, sérénité et stabilité structurelle reviennent plus souvent que les autres dans les scénarios de fin de tournoi.
Ce n’est pas une question de prestige, mais de réduction du risque. Moins de variance, moins de dépendance à un moment isolé, plus de continuité dans le jeu.
Mon opinion est que c’est à ce stade, et seulement à ce stade, qu’un noyau dur se détache statistiquement.
Les trois finales les plus probables
Sénégal – Maroc (~17–18 %)
Cette finale apparaît le plus souvent. Le Sénégal incarne la constance sur plusieurs années, tandis que le Maroc bénéficie à la fois de la stabilité et de l’avantage du terrain. C’est la finale la plus “logique” au sens probabiliste, même si elle n’est pas la plus spectaculaire sur le papier.
Une finale Sénégal–Maroc serait lue comme une opposition très structurée entre deux écoles du contrôle. Le Sénégal y proposerait un jeu vertical maîtrisé, fondé sur la puissance, la densité axiale et la capacité à accélérer brutalement après récupération. Le Maroc, lui, chercherait davantage la domination territoriale, la circulation patiente et l’exploitation des couloirs.
Mon opinion est que ce serait une finale tactique avant d’être émotionnelle, où le rapport de force primerait sur le désordre, avec peu d’espaces et une forte bataille des blocs.
Sénégal – Algérie (~13–14 %)
L’Algérie progresse nettement après une première journée maîtrisée. Sans briller excessivement, elle a montré ce que les modèles valorisent : contrôle, discipline et absence de panique. C’est la finale des équipes qui savent gagner sans se désorganiser.
A posteriori, cette finale serait interprétée comme un duel de maîtrise et d’intelligence de jeu.
Le Sénégal imposerait son impact physique et son efficacité dans les transitions, tandis que l’Algérie chercherait à casser le rythme par le jeu court, la gestion du ballon et l’occupation intelligente des demi-espaces. Je pense que ce serait une finale où le tempo serait l’enjeu central : accélérer pour le Sénégal, ralentir et déséquilibrer par touches successives pour l’Algérie.
Algérie – Maroc (~9–10 %)
C’est l’affiche qui a le plus augmenté après la première journée. Les deux équipes ont gagné proprement, ce qui réduit leur risque structurel dans les projections. Ce scénario dépend davantage des croisements, mais il n’est plus marginal.
Une finale Algérie–Maroc serait immédiatement lue comme un derby maghrébin à haute intensité symbolique. Au-delà de la rivalité, ce serait surtout une confrontation de styles proches mais non identiques : une Algérie cherchant à désorganiser par la mobilité et les associations courtes, face à un Maroc plus rigoureux dans son placement, plus patient dans la construction. À mon sens, cette finale serait la plus nerveuse des trois, avec une charge émotionnelle forte, où la gestion mentale et les détails tactiques pèseraient autant que le talent pur.
📦Les trois dernières finales de la CAN : un rappel utile
Sur les trois dernières éditions de la Coupe d’Afrique des Nations, les finales ont rarement suivi le scénario considéré comme le plus probable en amont.
En 2019, l’Algérie affronte le Sénégal et l’emporte. Une affiche finalement cohérente avec le niveau des deux équipes, mais qui n’était pas unanimement présentée comme la finale “évidente” avant le tournoi.
En 2021, le Sénégal retrouve l’Égypte en finale. Le parcours égyptien, marqué par une succession de qualifications arrachées et de tirs au but, illustre comment une équipe peut atteindre la finale malgré une forte volatilité d’un match à l’autre.
En 2023, la Côte d’Ivoire, pays hôte, affronte et bat le Nigeria (2–1) en finale, après un parcours particulièrement chaotique : qualification in extremis en phase de groupes, changement de sélectionneur en cours de compétition, puis montée en puissance progressive.
Ce rappel est essentiel : les probabilités n’annoncent pas ce qui va arriver, elles indiquent seulement ce qui arrive le plus souvent en moyenne. La CAN rappelle régulièrement que l’exception peut aussi devenir la règle.
Mon opinion est que c’est précisément ce décalage permanent entre logique statistique et imprévu qui fait la singularité — et le charme — de cette compétition.
Ce que ces probabilités ne disent pas
Elles ne disent pas qui “mérite” de gagner.
Elles ne disent pas qu’une surprise est impossible.
Elles disent seulement que certaines trajectoires sont plus fréquentes que d’autres, toutes choses égales par ailleurs. Et la CAN adore rappeler que même les scénarios les plus probables restent vulnérables à un carton rouge, une blessure ou un penalty raté.
Dit autrement, lire la CAN avec les probabilités ne tue pas la magie. Cela permet simplement de mesurer à quel point chaque exploit reste rare — et donc précieux.
Hope&ChaDia
P.S: Les probabilités présentées ici ne s’additionnent pas à 100 % parce qu’elles ne décrivent pas un seul événement exclusif, mais des événements distincts qui peuvent se produire simultanément. Être “en finale” n’est pas une place unique : deux équipes y accèdent. Ainsi, une même finale valide en même temps deux probabilités (par exemple Sénégal et Maroc). Les pourcentages indiquent donc la fréquence d’apparition de chaque équipe en finale, prise individuellement, et non la répartition d’un seul résultat possible. Mon opinion est que cette nuance est essentielle : elle évite de lire ces chiffres comme un pronostic fermé, alors qu’ils décrivent simplement des présences récurrentes dans l’ensemble des scénarios.