Professeur Djabi,
Permettez-moi d’abord de saluer avec respect votre contribution majeure en tant que sociologue émérite, professeur à l’Université d’Alger II et chercheur au CREAD. Vos travaux sur les élites politiques algériennes et les dynamiques sociopolitiques inspirent depuis longtemps tant le monde académique que le débat public.
Dans votre récente intervention sur la chaîne Roya (émission disponible ici :
vous avez évoqué la réalité dramatique des départs clandestins (“الحَرقة”) :
« … لقد أصبحت المشاريع تاع الحَرقة مشاريع عائلية … أما اليوم فـالحرقـة موجودة بالنسبة للأغنياء، للكبار، للمتعلم … »
« … كل الجزائريين يمكن يستعملوا الحجج للهروب من البلاد … »
Je me permets de vous adresser cette question : comment un chercheur de votre réputation peut-il porter un constat aussi grave sans l’appuyer sur des données empiriques ni citer des études concrètes ?
Vous avez raison de souligner à quel point ces départs interrogent notre société. Néanmoins, sans chiffres ni appuis méthodologiques, cette généralisation massive peut devenir problématique, voire dangereuse. Votre parole, écoutée et respectée, prend alors valeur de vérité absolue.
Exemple : dans un article récent que j’ai ecris, intitulé « Ce que cachent les semeurs de désespoir : harragas, fantasmes et vérité des chiffres » (27 août 2025), repose sur des données de l’ONU (UN DESA, 2020) pour replacer la situation algérienne dans une perspective mondiale. Il y est montré que, proportionnellement, seuls 7 % de la population algérienne vivent à l’étranger, plaçant l’Algérie en 19ᵉ position mondiale — loin des cas extrêmes comme la Bosnie (34 %) ou l’Albanie (30 %)…
Cet article nuance le storytelling alarmiste en rappelant que, si les flux irréguliers existent, ils correspondent à une tendance mondiale et non à une exception tragique chez nous.
Je pose donc cette question avec gravité, mais aussi avec respect : votre stature intellectuelle rend votre parole extrêmement influente. Si elle est reçue comme une vérité toute faite — sans nuance méthodologique, sans chiffres — elle pourrait susciter du désespoir chez la jeunesse, renforcer le sentiment d’un avenir bouché, et pousser certains vers des actes de détresse extrême.
Je vous invite donc, Professeur, non pas à remettre en question votre intuition sociologique, mais à envisager un geste responsable : accompagner vos constats publics d’éléments empiriques. Cela renforcerait votre crédibilité tout en stimulant un débat éclairé, loin des peurs généralisantes.
Dans l’attente de vos éclaircissements, je vous adresse l’expression de ma profonde considération.
Hope & Chadia
1 comment
Vous avez tout a fait raison de demander au sociologue émérite M.Djabi des explications avec quelques données chiffrées et appuyées par des constats solides, si c est pour nous faire le même refrain, ce n est point la peine; Certains ne se rendent pas compte ou peut être n accordent aucune importance aux “mits” qui peuvent générer “des maux” voir des gestes dramatiques mais ..cela fait rien, ils balancent cela comme s ils disaient bonjour… j espère que l on aura quelques réponses justes et commentées..