par Hope&ChaDia
Le British Museum de Londres vient de dévoiler une installation d’une rare puissance symbolique : une œuvre monumentale de Rachid Koraïchi, en écho profond avec la poésie du défunt Mahmoud Darwich, figure emblématique de la Palestine. Pour la première fois, dans le cadre d’un nouveau programme de mise en lumière tournante, un mur de 7 mètres par 5 est consacré à cette alliance artistique et spirituelle. L’exposition restera visible pendant une année entière.
Ce n’est pas un détail : cette œuvre, issue des collections permanentes du musée, n’a pas été placée là par hasard. Elle a été sélectionnée par un comité dédié, qui a choisi de commencer ce cycle avec l’artiste algérien Rachid Koraïchi, dont les pièces figurent déjà dans les archives du musée. Mais cette fois, c’est une mise à l’honneur vivante, installée en hauteur, en face du monde. Une reconnaissance majeure, et un acte politique à sa manière.
« Ce n’est pas en Palestine, mais pour nous, les millions de gens qui entrent au British Museum, ils verront tout de même mon travail avec celui de Mahmoud », explique l’artiste dans une interview poignante accordée à la radio algérienne Chaîne 3. La voix de Koraïchi y tremble d’une émotion retenue, mais indéniable. Derrière l’hommage, il y a une amitié : celle d’un homme du désert algérien et d’un poète de l’exil palestinien. Deux voix, deux blessures, un même souffle.
Ce projet est aussi une œuvre collective. Le calligraphe irakien Hassan Massoudy y a apporté sa touche, réinventant une graphie koufique pour porter les mots de Darwich dans la pierre, la lumière et la trace. Une manière de prolonger la poésie en image, et d’ancrer la parole dans l’espace muséal — sans la figer.
À travers cette œuvre, c’est l’Algérie, la Palestine et l’ensemble du monde arabe qui s’invitent au cœur d’un lieu où trop souvent seuls les objets du passé colonisé étaient exposés. Mais ici, il ne s’agit ni de pillage ni de vestige. Il s’agit d’une présence vivante, pensée, incarnée, qui raconte un combat sans slogan : celui de la beauté, de la mémoire, de la fidélité.
À mes yeux, c’est un retournement silencieux mais spectaculaire : quand les musées d’Occident deviennent — parfois malgré eux — les vitraux d’une résistance douce, celle qui passe par l’art et les alliances d’âmes.
Ce n’est pas qu’une exposition. C’est un mur élevé à la mémoire. Un mur qui parle. Un mur qui restera debout, une année entière, au cœur d’un musée qui a vu défiler des empires. Cette fois, il accueille un exilé et un mystique. Et ce qu’ils disent, à deux voix, en silence, c’est le cri des peuples qui n’oublient pas.
🎧 Écoutez le podcast complet dans l’émission 100% culturel du 28 mai 2025 sur la Radio Alger Chaîne 3.
Invité : Rachid Koraïchi, peintre, céramiste et graveur.
Il y évoque son œuvre, son parcours, et la première projection de son film documentaire Tu manques même à mon ombre à la Cinémathèque d’Alger.
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