L’Algérie avance, parfois trop lentement diront certains, mais elle avance. La digitalisation, ce chantier vaste et ambitieux, fait son chemin malgré les embûches. C’est ce qu’a souligné M. Souhil Guessoum, président de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), lors de son passage ce mercredi sur les ondes de la Chaîne III. Et à écouter ses propos, on comprend bien que le verre n’est ni vide, ni plein… mais qu’il déborde déjà de promesses.
Des progrès concrets, des chiffres parlants
Premier motif de satisfaction : l’accès à l’internet haut débit. Le nombre d’abonnés au FTTH a explosé, passant de 53 000 à près de 1,7 million en seulement quatre ans. Deuxième en Afrique aujourd’hui, bientôt premier. Voilà une performance dont peu parlent, mais qui illustre bien l’accélération en cours.
Et ce n’est pas tout. L’infrastructure suit avec l’arrivée imminente d’un data center cloud à Alger, doublé d’un centre de secours à Blida. L’état civil, pilier de toute administration moderne, est désormais largement digitalisé. Oui, des secteurs avancent, les fondations se posent, et l’ambition nationale se précise : devenir un hub technologique africain. Certains rêvent d’une Silicon Valley à l’algérienne, et franchement, pourquoi pas ?
Les défis de l’interconnexion
Mais le verre n’est qu’à moitié plein car la digitalisation n’est pas uniforme. Si les plateformes existent, leur interconnexion reste timide. Là où il faudrait un guichet unique fluide, les démarches se heurtent encore aux silos administratifs. Le e-government n’est pas encore une réalité tangible pour les investisseurs.
La faute à quoi ? À une coordination intersectorielle hésitante, à des résistances internes au changement, et à un cadre juridique encore incomplet. L’exemple des PSP (Payment Service Providers) est parlant : tout est prêt sur le papier, rien n’est encore opérationnel. Il y a comme un décalage entre l’élan politique affiché et la réalité de terrain.
Un potentiel humain à préserver
L’avenir, lui, semble radieux. Les écoles d’intelligence artificielle, de cybersécurité ou encore de nanotechnologie forment déjà les élites de demain. Mais attention, ces jeunes talents doivent rester. D’où l’appel de M. Guessoum à un véritable plan Marshall pour les retenir, pour leur offrir un marché compétitif et des opportunités locales.
L’écosystème start-up, lui, décolle, agile et libéré de la lourdeur bureaucratique. Pourtant, même là, des freins subsistent : la loi autorise les contrats de gré à gré avec les start-ups, mais sur le terrain, la frilosité règne encore. Il est temps d’oser, de miser sur l’innovation locale.
Exportation de services : un gisement inexploité
Et si le vrai tournant venait de l’exportation de services ? Les centres d’appels, par exemple, pourraient générer jusqu’à 400 millions de dollars par an. L’Algérie a les langues, les compétences, mais reste sous-exploitée. Pourquoi ? Des lenteurs administratives, encore et toujours.
Cependant, la dynamique est là. Certaines entreprises substituent déjà l’importation par leurs propres services, d’autres regardent vers l’Afrique comme un terrain d’expansion naturelle. Les lois sur le rapatriement de devises se sont assouplies. L’élan existe.
Et maintenant ?
L’Algérie a prouvé qu’elle savait aller vite. Sa bande passante a été multipliée par sept, son infrastructure numérique se renforce, ses ambitions se clarifient. Le verre est à moitié plein, et il se remplit vite.
À condition de lever les freins, de libérer l’accès aux équipements, de digitaliser les autorisations elles-mêmes. Le potentiel est là, les compétences aussi. Ne reste qu’à aligner les actes avec les ambitions. Et ça, c’est peut-être la meilleure des nouvelles.
— Hope&ChaDia