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MALG, MÉMOIRE ET SOUVERAINETÉ : APPRECIER PLEINEMENT L’ŒUVRE DE BOUSOUF

by Hope Jzr
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Dans l’émission One 2 One diffusée sur la chaîne YouTube ONE TV, l’ancien moudjahid, wali et ministre de l’Intérieur Daho Ould Kablia livre un témoignage d’une rare densité. Loin de toute défense ou nostalgie, il nous invite à apprécier pleinement l’œuvre d’Abdelhafid Bousouf et du MALGtout simplement — pour ce qu’ils ont été : l’intelligence organisée de la révolution algérienne. À mes yeux, cette conversation réconcilie l’histoire avec sa complexité : elle restitue à la mémoire nationale son équilibre entre l’action, la méthode et la vision.

1er Novembre 1954 : la continuité d’une idée

Pour Daho Ould Kablia, le 1er Novembre n’est pas un surgissement, mais l’aboutissement d’une longue idée de résistance. Depuis l’Étoile nord-africaine des années 1920 jusqu’à la génération post-Sétif, la flamme de la liberté n’a jamais cessé de brûler. Les jeunes militants, témoins des trahisons électorales et du verrou colonial, décident de transformer la revendication en action. Apprécier pleinement le 1er Novembre, c’est y voir la somme d’un siècle de refus, pas seulement le cri d’une nuit.

Le MALG : une architecture de souveraineté

Sous l’impulsion d’Abdelhafid Bousouf, le Ministère de l’Armement et des Liaisons Générales (MALG) devient l’ossature de la révolution. Il structure le renseignement, les transmissions, la logistique et l’acquisition d’armes. Bousouf en fait une véritable ingénierie de souveraineté, qui anticipe déjà les fondements d’un État moderne.

Ould Kablia décrit un homme méthodique, patriote et visionnaire, injustement resté dans l’ombre : celui qui sut imposer la discipline du secret, former les cadres, et inventer les circuits d’approvisionnement contournant la surveillance française. Apprécier pleinement son œuvre, c’est comprendre que la liberté s’est aussi construite par le câble, la carte, la radio, et la raison.

Messali Hadj et la rupture générationnelle

L’entretien rend justice à la complexité du mouvement national. Messali Hadj y apparaît comme le père de l’idée d’indépendance, mais dépassé par une jeunesse qui veut agir sans maître. Entre la théorie et l’action, le 1er Novembre trace la frontière du possible. Bousouf, lui, appartient à cette nouvelle génération du concret : celle qui organise ce que d’autres avaient rêvé.

GPRA, Ben Bella, Boumédiène : la victoire fragmentée?

Ould Kablia revient sur les années de transition : le GPRA, reconnu par 34 pays, représentait selon lui la vraie naissance institutionnelle de l’État algérien. Mais les rivalités internes, les visions économiques et politiques opposées, puis la concentration du pouvoir après 1962, ont marginalisé ses membres. Apprécier pleinement cette période, c’est admettre que la déchirure n’a pas effacé la grandeur, elle l’a simplement fragmentée.

19 juin 1965 : le choc et la continuité

Pour Ould Kablia, le ”renversement” de Ben Bella par Boumédiène etait attendu. Non pas un rejet de la révolution, mais un recentrage autour d’un État qu’il fallait stabiliser. Les anciens du MALG, formés à la discipline et au devoir, choisissent la loyauté au pays. C’est la tension éternelle entre la légitimité du combat et la légitimité de l’ordre.

De la guerre à l’État : héritages du MALG

La sécurité militaire de l’après-indépendance, bâtie sur les savoir-faire du MALG, change de mission : surveiller, prévenir, protéger. Beaucoup d’anciens ressentent un malaise : servir la sécurité d’un peuple n’est pas ”espionner” ses camarades. Pourtant, ils posent les fondations de l’appareil d’État moderne. Apprécier pleinement leur héritage, c’est reconnaître cette mutation morale et institutionnelle.

Mémoire et oubli

Ould Kablia regrette que le MALG et le GPRA soient absents des commémorations, y compris lors d’anniversaires symboliques. Ces oublis ne sont pas neutres : ils révèlent une mémoire sélective qui privilégie le mythe au mécanisme. Apprécier pleinement l’histoire, c’est ne rien sacrifier du vrai sur l’autel du spectaculaire.

France, Maroc, Sahara : la cohérence diplomatique d’une mémoire lucide

Sur la France, Ould Kablia dresse un constat sans fard : une relation historiquement marquée par la méfiance structurelle et la survivance d’un esprit colonial. Selon lui, Paris n’a jamais traité Alger sur un pied d’égalité véritable, car ses décisions restent influencées par des lobbys économiques et politiques, notamment pro-israéliens. Il souligne que les présidents français ne décident pas seuls : « ce ne sont pas les chefs d’État qui font la politique française, ce sont les réseaux d’intérêts ».
Il rappelle aussi que la colonisation ne fut pas une œuvre civilisatrice, mais une entreprise d’exclusion : à l’indépendance, à peine 8 % des enfants algériens savaient lire. Apprécier pleinement ses mots, c’est reconnaître qu’il appelle à une relation apaisée, mais lucide, libérée du paternalisme et des faux repentirs.

Concernant le Maroc, son ton devient plus ferme encore. Il parle d’une rupture historique, enracinée dans une succession de trahisons politiques : celle envers l’Émir Abdelkader au XIXᵉ siècle, puis celles du roi Hassan II — notamment la fameuse réunion de la Ligue arabe où des informations furent, selon lui, transmises à Israël. Il dénonce aussi l’instrumentalisation de la “fraternité maghrébine” à des fins expansionnistes.

Sur le Sahara occidental, enfin, il reste d’une clarté absolue : aucune solution durable ne peut exister sans un référendum d’autodétermination. L’Algérie, dit-il, ne peut accepter un processus qui contournerait le droit international. Il reproche à certaines puissances occidentales — États-Unis et Europe — d’« enterrer le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » au profit de leurs intérêts stratégiques. Apprécier pleinement cette position, c’est comprendre qu’elle découle d’une cohérence ancienne : celle d’un pays né de la lutte anticoloniale et resté fidèle à la légalité internationale.

L’essentiel : comprendre sans corriger

Au fond, l’entretien de Daho Ould Kablia n’appelle ni défense ni justification. Il nous invite à apprécier pleinement — et sereinement — une œuvre collective : celle d’hommes qui ont transformé un rêve d’indépendance en structure d’État.

Apprécier pleinement, c’est reconnaître sans exagérer, comprendre sans juger, et rendre à la mémoire ce qu’elle mérite : la clarté.

Parce que la souveraineté se construit deux fois : d’abord sur le terrain, puis dans la mémoire.

— Hope&ChaDia

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