L’émission L’invité du jour du jeudi 17 avril 2025, diffusée sur les ondes d’Alger Chaîne III, a accueilli M. Mourad Preur, expert international en énergie, pour un échange dense sur les enjeux actuels du secteur énergétique algérien. Présentée par Narimane Mendil, cette émission matinale, diffusée du dimanche au jeudi dès 8h15, a permis de dresser un panorama complet des ambitions et défis du pays.
M. Preur a souligné que l’Algérie multiplie actuellement les partenariats internationaux dans le domaine de l’énergie, s’appuyant sur des accords récents avec des acteurs majeurs comme l’Italie, la Chine, l’Allemagne, les États-Unis, la Turquie ou encore le Qatar. Cette dynamique traduit, selon lui, un véritable repositionnement stratégique du pays face aux tensions géopolitiques et à la volatilité des marchés énergétiques mondiaux.
L’Algérie, riche d’un potentiel énergétique exceptionnel, tant en hydrocarbures qu’en énergies renouvelables, entend bien capitaliser sur ses atouts. Mourad Preur insiste sur l’avantage compétitif de l’Algérie en matière d’ensoleillement, qui pourrait la propulser au rang de leader dans la production d’électricité solaire et d’hydrogène vert. Le projet “Takati”, tout juste lancé, en est une illustration.
Il rappelle que la loi de 2019, en réintroduisant les contrats de partage de production, a permis d’attirer de nouveaux investisseurs, notamment les géants américains Chevron et ExxonMobil, marquant un retour fort de l’Algérie sur la scène énergétique mondiale.
Toutefois, M. Preur alerte sur un obstacle majeur : la boulimie énergétique interne. L’inefficacité énergétique du pays, où la consommation locale double celle des pays de l’OCDE pour produire la même richesse, menace les ambitions d’exportation. Il appelle à une véritable révolution citoyenne, appuyée par une politique rigoureuse d’efficacité énergétique et des initiatives locales, comme le développement du transport scolaire privé ou la construction durable.
Concernant les marchés mondiaux, l’expert décrit une situation d’extrême incertitude, marquée par une Chine en transition, une Europe en récession, et une Amérique en guerre commerciale. Les prix du pétrole et du gaz subissent des pressions baissières, accentuées par un marché surapprovisionné.
Face à cette turbulence, il préconise pour l’Algérie une stratégie en trois volets : adopter une politique financière prudente, soutenir l’offre interne (publique et privée), et tirer parti de la crise mondiale pour acquérir des actifs à l’étranger, via la création de deux fonds souverains.
En somme, l’Algérie dispose des moyens pour jouer un rôle clé sur l’échiquier énergétique mondial, à condition de conjuguer ambition internationale et rigueur domestique.
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