Trois descentes de police, une tentative d’internement psychiatrique, un agent du GPN envoyé chez un écrivain à 1h du matin un dimanche. Puis, quelques jours plus tard, Juan Branco hospitalisé d’urgence, atteint d’un streptocoque multirésistant rarissime, contracté dans des conditions troubles.
Les événements récents n’ont rien d’anodin. Et ils ne peuvent plus être analysés comme des faits isolés.
Les descentes à domicile ont visé Pierre Jovanovic, écrivain et éditeur, mais aussi son lieu de travail, son imprimeur, et même les caves des habitants de l’immeuble. Aucune procédure judiciaire ouverte. Aucune plainte préalable. Aucune décision de justice connue. Aucune mise en examen.
Juste une opération qui ressemble de plus en plus à une tentative d’intimidation orchestrée en marge du droit.
Un des éléments les plus troublants : la tentative d’internement psychiatrique, sans fondement médical, au moment même où il finalisait un ouvrage critique sur la financiarisation des retraites depuis 2008. Un sujet particulièrement sensible, alors que l’État français prépare une nouvelle réforme repoussant l’âge légal.
Quelques jours après cette tentative, l’avocat et essayiste Juan Branco est hospitalisé, atteint d’une infection grave, contractée selon lui en dehors de tout cadre hospitalier. Le germe identifié – un streptocoque A multirésistant – est rare, et les conditions de contamination restent floues. Aucun aliment suspect. Aucune interaction à risque connue. Et surtout : l’homme est sous pression judiciaire constante depuis qu’il a annoncé sa volonté de se présenter aux prochaines élections.
Doit-on rappeler que Juan Branco avait été la cible d’un mandat d’arrêt international du Sénégal, où il risquait la perpétuité, à une époque où le pouvoir sénégalais était ouvertement inféodé à Paris ?
À ces faits s’ajoutent les précédents. Le cas Jean-Louis Cacomo par exemple : universitaire interné près de 1 000 jours après avoir dénoncé un trafic de faux diplômes à l’université de Perpignan. Allopéridol à haute dose. Menaces directes. Et un psychiatre lui affirmant en face : « Vous ne sortirez jamais. » Il n’y eut jamais d’enquête judiciaire ni de réparation.
Il est de plus en plus difficile de voir dans cette répétition de pratiques une suite de coïncidences.
Certains parlent de “barbouseries”. D’autres de « gouvernance par le soupçon », déjà illustrée par la récente réforme du code de procédure pénale, qui autorise le gel des avoirs sur simple soupçon, sans décision judiciaire.
Une chose est sûre : ces pratiques d’intimidation, si elles ne sont pas stoppées net, ne relèvent plus du maintien de l’ordre. Elles installent un climat d’État de non-droit.
Et comme le rappelle un ancien officier de police judiciaire à la retraite croisé par hasard par Jovanovic : « Cette opération était illégale de A à Z. »
On n’est plus dans le journalisme d’opinion. On est dans un cas d’école pour les futures générations d’historiens.
Hope&ChaDia