Par Ferhat Aït Ali publié sur Fb le 22 décembre 2022
Notre pays a tous les atouts pour s’inscrire dans toutes les alternatives énergétiques en cours de mise en place pour sortir des énergies fossiles. A condition de ne pas les percevoir sous l’angle du remplacement d’une rente par une autre!
Du fait que contrairement au pétrole et au gaz, dont sont démunis beaucoup de gros consommateurs industriels mondiaux, en dehors des états unis et du Canada avec les schistes et les schistes bitumineux toutes les autres sources alternatives, sont disponibles partout, à divers degrés d’exploitabilité commercialement rentables.
Pour l’éolien, nous ne sommes pas très bien pourvus, par rapport aux pays du nord et du sud des deux hémisphères terrestres, et de ce fait, investir dans ce créneau dans une logique de conversion massive est hasardeux, et dans une logique de rente tout simplement débile.
Pour le solaire, il faut savoir que le soleil se pointe partout, à divers degrés, mais que les zones propices à cette activité, y compris notre pays, s’étend pratiquement du 50ème parallèle nord au 30ème parallèle sud pour le photovoltaïque, et du 30ème au 12ème nord pour le solaire thermique par concentration.
Ce qui nous positionne au beau milieu d’une zone propice aux deux types de production électrique sans faire de nous, ce nombril du monde que d’aucuns pensent déjà utiliser comme source de financement d’une sieste nationale acquise.
Le photovoltaïque comme son nom l’indique a besoin de lumière et non de chaleur de rayonnements intenses pour être productif, et de ce fait au delà de 26°, il pose plus de problèmes que dans les zones tempérées, comme en Europe ou au nord du pays, notre unique avantage que nous ne sommes pas les seuls à présenter, consiste en l’existence de gigantesques superficies, non exploitées, inutiles pour le moment, et sous peuplées chez nous.
Pour le solaire thermique, nous sommes très bien dotés avec deux millions de kilomètres carrés d’un des déserts les plus chauds au monde, mais là aussi nous ne sommes pas seuls, et rien qu’en Afrique les pays dotés de ce genre de désert additionnent quelque chose comme 8 millions de kilomètres carrés, largement sous peuplés, et sans activité humaine notable.
Et cette forme de production d’Énergie est couteuse en équipements, maintenance et surtout en pertes réseau entre les sites de production et les agglomérations cibles du fait de la chaleur sur les câbles de transport.
Et le soleil étant comme déjà dit partout, rares ou inexistants sont ceux qui chercheront à produire chez autrui une nouvelle dépendance sur une ressource dont ils disposent chez eux, à moins de l’avoir dans la poche comme une sorte de semi colonisé.
Pour le Lithium nécessaire aux batteries, personne ne connait nos réserves ni même les sites de lithium sur lesquels beaucoup fantasment, mais il est sûr que pour le moment, trois pays concentrent 80% des réserves connues en saumure, et cinq pays exploitent l’essentiel de l’existant, mais pour les gisements rocheux le lithium est plus fréquent dans la nature que le pétrole et se trouve pratiquement partout dans le monde.
Et c’est les procédés polluants d’extraction finale qui font que beaucoup de pays préfèrent laisser ce soin aux autres peu regardants en la matière, et de toute manière l’existant actuellement permet de produire à terme 10 milliards de voitures électriques selon la technologie actuelle et probablement plus avec les nouveaux additifs qui apparaissent tous les jours.
Ceci sans compter que le matériau en question est recyclable à 98% après usage, et ne perd pas sa conduction primaire.
De toute manière si on exportait l’équivalent de toute notre production électrique actuelle de 80 TWH soit , 80 milliards de Kwh, ceci ne rapporterait que 12 Milliards de dollars par an! et pour les produire il faudrait installer 30GWC en installations alternatives, pour 60 milliards de dollars, qu’il faut non seulement avoir, mais dont il faut entretenir les installations dans un environnement rude.
Tous les problème des énergies alternatives sont dans leur incapacité à produire en tout temps, et l’obligation d’avoir en secours leur équivalent en puissance installée nucléaire ou fossile.
Dans tous les cas de figure, la logique de rente, par le biais de ressources naturelles, locales ou existantes ailleurs, renouvelables ou usables, ne mène nulle part, en dehors d’accentuer chez les négationnistes de l’effort et de l’austérité qui frappent à nos portes, le penchant pour la stature de l’héritier obligé qui se nourrit de l’héritage commun.
Toutes ces alternatives, sont à étudier, à intégrer dans un schéma énergétique futur, mais dans l’optique d’un usage local, adossé à une productivité aussi bien liée à l’effort qu’au génie local.
Les seules choses exportables de manière pérenne, sont le produit de ces deux facteurs humains, que présentement on nous pousse à importer coute que coute, aussi bien pour satisfaire les appétits de gros ventres d’ici et d’ailleurs, que les penchants malsains de petites mains et de grandes gueules de toute une faune formatée à la prétention de vivre dans un pays riche, ce qui est faux, pouvant assouvir les besoins illimités de sa pire composante, ce qui est encore plus faux.
A titre d’exemple pour le fer, s’il est exporté en l’état comme minerai brut, le Gisement de Ghara Djebilet estimé à 3 milliards de tonnes, ne rapportera que 300 milliards de dollars s’il est usé jusqu’au fond, au cours actuel, et probablement 200 au cours moyens une fois les tensions géopolitiques retombées, ce qui pour un pays où tout le monde se demande où sont passés 1000 milliards de dollars alors que tout le monde a participé selon ses moyens à la dépense;
Ce gisement pourra rapporter 10 ou même 30 fois sa valeur, sur sa durée de vie, s’il est destiné aux industries locales intégratrices, et rien d’autre que des illusions s’il finit dans des minéraliers, à hauteur de 10 millions de tonnes par an, pour un malheureux milliard de dollars au mieux, et bien moins au pire.
Pour le moment, nous continuons à exporter de la matière première en l’état, et de la matière grise sur pattes, pour produire de la matière grasse bruyante et incivique.
Quand les matières premières feront jonction avec la matière grise ici même, et que la matière grasse aura fondu sous l’effet de l’effort et de l’austérité, nous pourrons exporter le produit final de cette jonction, sans être obligés d’importer tout et n’importe quoi.
Les grandes orientations salvatrices, sont en général impopulaires, douloureuses et peu gratifiantes sur le moment, et aucun charlatan politique ne s’aventure à les mettre en avant, et encore moins à patienter le temps d’en voir les résultats, ou se griller à en assumer les effets immédiats pour que les autres en tirent les bénéfices à terme.
Mais c’est elles qui sauvent les Nations, régissent leur pérennité, et font la différence entre politicien, et homme politique, et à terme entre Peuplades et Nations .
Ferhat Aït Ali (Facebook, le 22 décembre 2022)