Source:https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/un-monde-nouveau/un-monde-nouveau-du-mardi-14-mars-2023-5472161
D’elle on ne sait quasiment rien, si ce n’est qu’elle signe “Sarah Rivens”, sans que son véritable patronyme n’ait jamais été révélé, et qu’elle est responsable administrative d’une salle de sport à Alger… Elle publie depuis l’âge de 19 ans sur la plateforme de partage de récits Wattpad.
C’est là, sous le pseudo de “theblurredgirl” (“la fille floue”), qu’elle est devenue une star, chapitre après chapitre, avec des millions de lectures (9 millions aujourd’hui).
Le tout commenté, analysé, porté par des millions de fans et de vidéos sur les réseaux sociaux, principalement Instagram et #Booktok (le club de lecture planétaire de TikTok).
Bref, Sarah Rivens est un précipité de l’époque et au-delà du phénomène numérique, la version physique de sa saga ne quitte plus le sommet des ventes de fictions.
Entre les Pierre Lemaitre et autres, à sa sortie fin janvier le tome 2 de « Captive » s’est même classé directement numéro 1 toutes catégories confondues, détrônant les “Mémoires” du Prince Harry !
Pas mal pour une publication déjà disponible en ligne gratuitement.
Pour les 2 tomes de “Captive”, plus le volume intermédiaire, l’éditeur français – à savoir “BMR” le label “romance sans complexe” d’Hachette – a déjà tiré 1 million et demi d’exemplaires et traduit la saga dans 9 langues. On saura qu’on peut compter sur la fameuse génération Z pour soutenir le marché du livre – celle-là même qui serait intoxiquée aux écrans et incapable d’ouvrir un bouquin…
Oui mais qu’est-ce qu’ils et elles vont chercher dans ces livres en particulier ?
C’est de la “dark romance” : attention c’est violent, il ne faut pas que ce soit “mignon”. Le cœur du lectorat a entre 18 et 25 ans, et se passionne pour Ella, “captive” d’un réseau mafieux, les Scott, qui va être livrée à Asher, beau mec violent qui va l’humilier. Sauf que les deux individus que tout oppose vont se lier de sentiments.
Une relation toxique, la fille tombe amoureuse de son agresseur, c’est pas très 21e siècle, sauf que les jeunes lecteurs peuvent faire, dans la fiction, d’autres arbitrages moraux ou politiques, que dans la réalité.
Du reste, la principale qualité littéraire de cette saga c’est de rendre “captifs” justement. On retrouvera des arguments du type “j’étais en haleine du début à la fin” dans les commentaires vidéo des lectrices sur TikTok ! Mais aussi des aveux de “parents” sur Babelio, effarés par le propos et le style, mais obligés de reconnaître que c’est addictif.
Depuis sa salle de sport à Alger, l’autrice “Sarah Rivens” aura donc ouvert une discussion entre les générations et accroché un nouveau public à la lecture. Captivant !