À LIRE ET À PARTAGER AVEC LE MINISTRE DES FINANCES, LE GOUVERNEUR DE LA BANQUE D’ALGÉRIE, AINSI QUE TOUS LES BANQUIERS ET EXPERTS MONÉTAIRES POUR DISCUSSION ET CRITIQUE. CETTE RÉFLEXION PROPOSE UNE RÉFORME STRUCTURELLE DE JUSTICE MONÉTAIRE : RÉDUIRE LA THÉSAURISATION DU CASH, ÉLARGIR LA FISCALITÉ, PROTÉGER LES PLUS FAIBLES.
Le principe : une rotation planifiée des billets par coupure
Face à la persistance de l’économie informelle, à la faiblesse de la bancarisation et aux limites des politiques coercitives, cette proposition vise à institutionnaliser un mécanisme automatique, juste et progressif de renouvellement des billets.
Le principe :
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Remplacer chaque coupure de billet selon un calendrier prédéfini, inscrit dans la loi,
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En appliquant un coût de transformation progressif lors de l’échange des anciens billets, basé sur des tranches comparables au système fiscal,
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Et en inversant la logique actuelle : plus la coupure est élevée, plus son cycle de validité est court.
Une logique de justice monétaire assemetrique
Coupure | Validité maximale légale recommandée |
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2 000 DA | 6 ans |
1 000 DA | 8 ans |
500 DA | 10 ans |
200 DA | 12 ans |
100 DA | 15 ans |
Cette rotation asymétrique protège les petits épargnants et les usages quotidiens, tout en rendant plus difficile la thésaurisation de grosses sommes en liquide. Elle incite, sans brutalité, à la remise en circulation ou à la bancarisation du cash.
Ici les billets en circulation : Les billets en circulation
Remplacement à coût progressif, sans justificatif
Plutôt qu’un contrôle fiscal direct, le remplacement des billets se fait sans obligation de justification, mais avec un coût croissant selon le montant échangé :
Montant échangé | Taux de transformation appliqué |
---|---|
Jusqu’à 1 million DA | 0 % |
1 à 5 millions DA | 2,5 % |
5 à 10 millions DA | 5 % |
Plus de 10 millions DA | 10 % |
Ce système devient une fiscalité douce et automatique, sans créer d’hostilité ni de saturation administrative.
Impact budgétaire estimé
Le coût de remplacement a été estimé à environ 15,6 milliards DA par cycle, en partant d’un coût global maximal de 580 millions $ pour remplacer l’ensemble des billets en circulation (impression, logistique, communication), réparti sur cinq cycles (un par coupure) avec un remplacement tous les deux ans. Cette estimation repose sur une moyenne de 0,25 $ par billet (production sécurisée) et l’hypothèse de 2 milliards de billets en circulation.
C.A.D, En partant de :
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Une masse monétaire fiduciaire estimée à 4 000 Mds DA,
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Dont 60 % serait détenue hors circuit bancaire (2 400 Mds DA),
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Et un retour en banque de 70 % du cash informel (1 680 Mds DA),
Le barème ci-dessus permettrait de générer ≈ 33,6 Mds DA de recettes fiscales dès la première rotation.
Or, le coût annuel moyen d’un remplacement partiel (1 coupure tous les 2 ans) est estimé à ≈ 15,6 Mds DA.
Conclusion : la réforme s’auto-finance dès son premier cycle, tout en élargissant l’assiette bancaire et fiscale.
Cadre juridique proposé
“Une loi organique fixe le calendrier et les modalités de renouvellement des billets de banque, en distinguant les coupures selon leur valeur faciale. Toute coupure a une durée légale de validité maximale. Le remplacement des anciens billets est soumis à un mécanisme de transformation progressive par tranches.”
Pourquoi le risque politique est minime
Contrairement à une démonétisation brutale, cette approche :
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Ne cible pas une population ou un secteur en particulier, mais applique une règle neutre et universelle
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Ne prive personne de son argent, mais applique un barème connu et proportionné
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N’exige pas de contrôle fiscal, ce qui évite tensions et suspicions
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S’étale dans le temps, ce qui permet à chacun d’anticiper
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Crée une justice monétaire perceptible
Et surtout : elle vise une minorité, la faisant payer sans la criminalisé qui, en thésaurisant de grosses sommes en dehors du circuit économique, fait plus de mal que de bien à la collectivité. Le peuple ne sera pas touché, mais au contraire protégé. Le signal politique est fort, mais non conflictuel.
Une mesure en ligne avec les recommandations du GAFI
Cette réforme s’inscrit pleinement dans les objectifs fixés par le Groupe d’action financière (GAFI) en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT) :
Réduction de l’usage du cash dans l’économie, sans coercition directe
Traçabilité accrue des flux monétaires via la bancarisation
Affaiblissement structurel de l’économie informelle
Fiscalisation douce et élargissement de l’assiette déclarée
Initiative proactive et prévisible, démontrant un engagement politique clair
Si intégrée à une stratégie globale de conformité LBC/FT, cette mesure pourrait contribuer positivement à l’évaluation de l’Algérie par le GAFI, améliorer son image financière internationale, et faciliter l’accès au financement extérieur.
Limites pratiques et juridiques des tentatives de contournement
Une critique récurrente pose la question suivante : qu’est-ce qui empêcherait les détenteurs de grosses sommes informelles, une fois les billets remplacés, de simplement retirer l’argent et recommencer un nouveau cycle de thésaurisation, voire d’éviter la tranche fiscale élevée en utilisant des comptes de tiers ? La réponse tient en un mot : récurrence. Ce système n’est pas un choc unique, mais un mécanisme structurel, cyclique et prévisible. À chaque cycle, les grosses coupures redeviennent périssables, ce qui oblige les détenteurs de cash à subir un coût de transformation régulier ou à sortir de l’informel. Le fractionnement via des tiers, bien que possible, expose à plusieurs types de risques : juridiques, car l’usage de comptes prête-noms peut tomber sous la qualification de fraude, blanchiment ou fausse déclaration bancaire ; relationnels, car il repose sur la confiance totale envers des proches ou employés, ce qui multiplie les risques de conflits, de dénonciations ou de fuites ; et sociaux, car à mesure que ces pratiques deviennent visibles ou risquées, elles renforcent la marginalisation de ceux qui refusent d’intégrer le système. Ainsi, même si l’informel tente de s’adapter, il le fait sous une pression constante et croissante, qui rend la thésaurisation de moins en moins viable à long terme.
Conclusion stratégique
Cette proposition offre à l’Algérie une voie de réforme puissante, silencieuse mais durable, qui permet de réconcilier : – Souveraineté monétaire; -Réduction de l’informel; -Recettes fiscales sans conflit; -Justice sociale; -et bancarisation. Elle peut être expérimentée avec une seule coupure, puis étendue progressivement.
À terme, un tel système rendra la thésaurisation massive de cash pratiquement inutile, voire risquée.
Il assèchera progressivement les réservoirs de l’informel, sans recours à la force, par la seule vertu de la loi et du temps.
Hope&ChaDia