L’émigration des médecins algériens vers d’autres pays d’accueil a pris de l’ampleur ces dernières années, non pas en raison d’une nécessité économique pour l’Algérie, mais plutôt en réponse à une perception d’une meilleure qualité de vie à l’étranger. Face à cette situation, une approche pragmatique, organisée et bénéfique pour l’Algerie pourrait être envisagée. L’objectif de cette proposition est de concilier les aspirations des médecins à partir avec les besoins du système de santé algérien, tout en garantissant une compensation adéquate pour le pays et pour nos medecins desirants s’expatriés.
Un cadre de départ libre et organisé :
- Liberté de départ, mais sous convention cadre
Les médecins qui souhaitent quitter l’Algérie ne devraient pas être empêchés. Cependant, leur départ devrait se faire dans le cadre d’une convention bilatérale entre l’Algérie et les pays d’accueil. Cette convention encadrerait les conditions de départ, notamment la sélection des médecins par les pays d’accueil selon leurs propres critères et besoins, mais uniquement dans les limites définies par l’accord. Ce mécanisme permettrait de contrôler l’émigration tout en répondant aux besoins de ces pays en termes de main-d’œuvre médicale. - Facilitation des procédures
L’Algérie jouerait un rôle central en facilitant la procédure pour les candidats sélectionnés. Cela inclurait la gestion administrative des départs, la vérification des qualifications et l’organisation du transfert vers les pays d’accueil. Ce système permettrait de limiter l’émigration clandestine ou non organisée tout en assurant une transparence totale dans les échanges de main-d’œuvre qualifiée.
Compensation financière optimale :
Un aspect clé de cette proposition est la compensation financière. En plus des salaires versés aux médecins algériens travaillant à l’étranger, les pays d’accueil s’engageraient à verser au gouvernement algérien une ”prime de transfert de compétence”. Cette prime versée au gouvernement algérien dans le cadre de cette convention reflétera un amortissement des coûts que l’Algérie a engagés pour la formation de chaque médecin. Cet élément est essentiel pour compenser l’investissement public dans l’éducation et la formation des professionnels de santé, tout en assurant une répartition équitable des bénéfices entre le pays d’origine et le pays d’accueil.
Cette compensation servirait à deux objectifs principaux :
- Amélioration des conditions des médecins restants : Les fonds collectés grâce à cette compensation seraient utilisés pour augmenter les salaires et améliorer les conditions de travail des médecins qui choisissent de rester en Algérie. Cela permettrait d’équilibrer les incitations entre partir à l’étranger et rester en Algérie, rendant les conditions de travail locales plus attractives au fil du temps.
- Effet incitatif pour le retour : Une gestion optimale de ces fonds permettrait également d’inciter les médecins partis à revenir, une fois un certain seuil d’amélioration des infrastructures et des salaires atteint. En investissant ces fonds dans la modernisation du système de santé et dans des opportunités de carrière attractives, l’Algérie pourrait inverser la tendance d’émigration.
Cas similaires à travers le monde :
Des systèmes comparables existent déjà dans certains pays en développement qui envoient de la main-d’œuvre qualifiée à l’étranger tout en bénéficiant de compensations financières. Par exemple :
- Philippines : Les travailleurs philippins à l’étranger contribuent de manière significative à l’économie nationale grâce aux remises qu’ils envoient à leur pays. Le gouvernement philippin encadre ces migrations à travers des accords bilatéraux qui protègent les droits des travailleurs et garantissent une source de revenus stable pour l’État.
- Cuba : Cuba a mis en place un système où des médecins sont envoyés dans des pays en développement ou dans des régions sous-dotées en personnel médical. Une partie des salaires de ces médecins est directement versée au gouvernement cubain, ce qui constitue une source de financement pour le système de santé local. Toutefois, ce modèle a soulevé des questions sur la juste compensation des médecins eux-mêmes, un défi que l’Algérie devrait prendre en compte dans l’élaboration de son propre modèle.
Avantages pour les médecins algériens :
Cette convention cadre offrirait de nombreux avantages aux médecins algériens souhaitant travailler à l’étranger. Tout d’abord, elle garantirait une immigration légale et encadrée, évitant ainsi les risques liés à une émigration non régulée. En outre, les médecins bénéficieraient d’une protection légale de la part du gouvernement algérien, qui veillerait à ce que leurs droits soient respectés dans le pays d’accueil.
Parmi les autres avantages, par exemple un minimum d’années d’exercise garanti contractuellement, la convention pourrait aussi inclure la possibilité de cotiser à une retraite en Algérie, permettant aux médecins de maintenir un lien avec leur pays d’origine et de bénéficier d’une sécurité financière à leur retour. Ils pourraient également être éligibles à des assurances complètes (santé, invalidité, etc.) adaptées à leur situation à l’étranger.
Enfin, cette convention pourrait offrir des opportunités de formation continue dans les pays d’accueil, permettant aux médecins algériens de se perfectionner et de revenir en Algérie avec des compétences renforcées, contribuant ainsi à l’amélioration du système de santé national.
Engagement exclusif des pays d’accueil :
Il est essentiel que les pays d’accueil s’engagent à ne pas recruter de médecins algériens en dehors de ce cadre, afin d’éviter les départs non encadrés et non compensés. Cela garantirait que toute émigration de médecins se fasse sous une supervision et une régulation mutuelle, renforçant ainsi la coopération entre les deux pays.
Conclusion
Cette proposition offre une solution équilibrée à la question de l’émigration des médecins algériens vers les pays d’accueil. Elle permet aux médecins de partir tout en assurant une compensation financière optimale pour l’Algérie, utilisée pour améliorer les conditions des médecins restants et, à terme, inciter au retour. Avec un cadre structuré, un engagement mutuel et une gestion transparente des fonds, cette solution pourrait bénéficier à la fois au secteur de la santé algérien et aux médecins eux-mêmes, tout en répondant aux besoins des systèmes de santé des pays d’accueil.
L’Algérie pourrait, par ailleurs, émettre une convention cadre que tout pays ayant besoin de médecins algériens devrait signer pour pouvoir recruter dans des conditions encadrées et transparentes. Cela permettrait de standardiser les pratiques, de garantir une réciprocité juste et d’assurer une meilleure gestion des flux de main-d’œuvre médicale tout en répondant aux besoins globaux de santé.
Les critiques sont les bienvenues.
Hope&ChaDia