J’ai lu avec attention l’exposé du Pr. Bessaha, publié dans El Watan le 29 septembre 2025 sur la « politique du dinar fort », où il est suggéré que les autorités adoptent une politique d’appréciation de la monnaie locale qui ne reflète pas les fondamentaux de l’économie du pays. Je l’ai confronté aux données du dernier rapport du FMI, daté du 18 septembre 2025.
Les arguments avancés sont classiques et bien établis : une monnaie trop forte peut réduire la compétitivité des exportations hors hydrocarbures et encourager les importations. Mais les chiffres récents du FMI nuancent fortement le caractère alarmant de l’analyse.
Entre 2022 et 2023, le dinar s’est apprécié (142 → 135,8 DA/USD) dans un contexte d’excédents courants importants (+9,4 % et +4,4 % du PIB) et de réserves en hausse (63,7 → 69,7 Mds USD). Dans ce cadre, l’appréciation apparaissait cohérente. En 2024, la situation a changé : déficit courant (–1,1 % du PIB), réserves en léger recul (67,8 Mds USD). Le dinar s’est encore un peu apprécié (135,8 → 134,1 DA/USD), mais très faiblement (+1,3 %), traduisant une nette décélération.
Autrement dit, nous ne sommes pas face à une envolée incontrôlée. Comme le recommande d’ailleurs le FMI, la clé reste la flexibilité du taux de change, qui permet d’ajuster le dinar en fonction des fondamentaux. Il faudra donc attendre les prochains chiffres pour voir si cette décélération se poursuit en cas de nouvelle détérioration, ou si elle confirme une gestion pragmatique et flexible du taux de change.
En résumé : les avertissements du Pr. Bessaha sont légitimes, mais les données observées ne valident pas l’idée d’une politique dogmatique du « dinar fort ». Elles renvoient plutôt à une appréciation réelle qui reflétait les chiffres de l’économie, puis ralentie et ajustée en fonction de l’évolution des équilibres économiques. Il s’agit donc probablement d’une politique flexible, qui cherche à contenir l’inflation importée tout en tenant compte des réserves de change et de la balance courante. Les prochains chiffres permettront de vérifier si cette flexibilité se confirme dans la durée, en accompagnant l’économie plutôt qu’en lui imposant une orientation rigide.