Ses œuvres au cinéma et parfois au théâtre sont encore revues avec grand plaisir du public algérien qui a adopté ce monument de la comédie qui a su, par sa spontanéité et sa proximité du vécu de tous, se faire une place de choix dans les cœurs des téléspectateurs et des professionnels et devenir un des artisans de l’âge d’or du cinéma algérien.
Né un 20 avril 1921 à la Casbah d’Alger, cette citadelle qui a enfanté de grands noms du cinéma et du théâtre comme Yahia Benmabrouk, Mohamed Zinet ou encore Mahieddine Bachtarzi, Rouiched, Ahmed Ayad de son vrai nom, artiste autodidacte, avait fait ses débuts à la fin des années 1930 sur les planches de la salle Atlas avec une production de El Mahboub Stambouli. Il a également campé quelques rôles dans des pièces comme «Khabza» avant d’intégrer en 1942 la troupe du «Théâtre arabe» de Mahieddine Bachtarzi, puis rejoindre d’autres troupes où il va partager la scène avec Hassan El Hassani dans des œuvres comme «Les malheurs de Bouzid».
Au début des années 1950, Rouiched va également découvrir l’univers du théâtre radiophonique. Durant la guerre de libération nationale, Ahmed Ayad est arrêté pour ses activités militantes et détenu pendant deux ans et demi à la prison de Serkadji, dans le sillage de la Bataille d’Alger.
Après sa libération, il est «immédiatement conduit dans un autre centre de regroupement à Beni Messous, à l’ouest Alger», confie son fils, le comédien Mustapha Ayad.
Au lendemain du recouvrement de l’indépendance, dont l’Algérie commémore cette année le soixantenaire, Rouiched intègre la troupe du Théâtre national algérien en 1963 et y présente des textes comme «Hassan Terro» et «Les concièrges» mis en scène par Mustapha Kateb, ou encore «El Ghoula», mis en scène par Abdelkader Alloula.
En 1966, avec le réalisateur italien Gilo Pontecorvo, Rouiched fait son entrée dans le 7e Art en jouant dans «La bataille d’Alger», produit par «Casbah films» et son fondateur Yacef Saâdi, qui retrace l’histoire de cette bataille dont ils avaient été acteurs réels.
C’est avec brio qu’il va revenir sur le grand écran avec un film historique, encore une fois sur la bataille d’Alger, mais dans un emballage comique qui va connaître un très grand succès populaire, «Hassan Terro» du réalisateur Mohamed Lakhdar Hamina, où Rouiched campe le personnage principal en plus d’être co-auteur du scénario inspiré de la pièce de théâtre éponyme.
Premier volet de la saga de «Hassan», ce film relate l’histoire de Hassan qui abrite, par hasard dans sa demeure, un grand moudjahid recherché par l’armée coloniale, «une œuvre inspirée de faits réels vécus par Rouiched pendant la guerre de Libération quand le moudjahid Ahmed Bouzrina, activement recherché, avait trouvé refuge dans le domicile familial», explique Mustapha Ayad
Rouiched avait également pris part au film «L’opium et le baton»de Ahmed Rachedi, avant d’enchaîner avec «L’évasion de Hassa Terro» réalisé par Mustapha Badie, «Hassan Taxi», de Mohamed Slim Riad, «Hassan Nya» de Ghaouti Ben Deddouche et «Une médaille pour Hassan» inspiré de sa pièce «Les conciérges» et réalisé par Hadj Rahim, des films qui ont distribué de grands acteurs du cinéma algérien comme Chafia Boudraâ, Ouardia Hamitouche, Sid Ali Kouiret, Fatiha Berber, Mustapha Kateb, Abou Djamel ou encore Kelthoum. Il avait aussi été distribué dans des films comme «L’affiche» de Djamel Fezzaz et «Ombres blanches» de Said Ould Khelifa, alors qu’il n’avait pas réussi à concrétiser son dernier scénario achevé à la fin des années 1980 sous le titre «Hassan à Paris». En plus de son immense succès populaire au cinéma, Rouiched est également entré dans les foyers algériens par le petit écran avec le scénario de «Couscous Bladi», produit en 2014.
Pour la postérité, deux livres sur le parcours de Rouiched ont été publiés, «Mémoires de Rouiched, un témoignage vivant sur l’Algérie contemporaine», de Rachid Sahnine, et «Rouiched, mon père, mon ami», signé par son fils Mustapha Ayad. Décoré, à titre posthume en 2017, de la médaille de l’Ordre du mérite national au rang de «Ahid», Rouiched s’est éteint le 28 janvier 1999.
EL MOUDJAHID