Lors d’une interview récente sur la Chaîne 3, le Pr. Kamel Sanhadji, Président de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, a exposé la situation alarmante dans le sud de l’Algérie, principalement dans les wilayas de Tamanrasset, In Guezzam, et Bordj Badji Mokhtar, touchées par deux graves maladies : le paludisme (ou malaria) et la diphtérie.
Un Contexte Alarmant
Depuis la fin du mois d’août, une flambée de cas de diphtérie a été signalée, avec 115 cas enregistrés dans la région de Tinzawatin, dont 112 dans cette même localité. Malheureusement, cette recrudescence a conduit à 28 décès, dont 27 à Tinzawatin. Parallèlement, la malaria continue de sévir, avec 421 cas recensés, touchant principalement Tinzawatin et In Guezzam, et ayant déjà causé 12 décès.
Les Facteurs Climatiques et Sanitaires Le Pr. Sanhadji a souligné que des conditions climatiques exceptionnelles ont favorisé la prolifération des moustiques anophèles, vecteurs de la malaria. Cette année, des pluies inhabituelles et plus abondantes que d’ordinaire ont été enregistrées dans le Grand Sud de l’Algérie, transformant temporairement des zones désertiques en étendues verdoyantes. Ces pluies ont laissé derrière elles des accumulations d’eaux stagnantes, qui servent de lieux de reproduction idéaux pour les moustiques. Le phénomène est rare dans cette région aride, où la végétation et les sources d’eau sont généralement limitées. La prolifération des moustiques est ainsi devenue un facteur aggravant pour la transmission de la malaria, créant un environnement propice à la multiplication des insectes infectés. En temps normal, les habitants de cette région désertique ne sont pas confrontés à de telles conditions favorisant les maladies vectorielles. Cependant, ces changements climatiques soudains ont intensifié le risque de contamination par la malaria, rendant la situation plus difficile à contrôler. Par ailleurs, la population locale n’est pas habituée à de telles flambées de moustiques, ce qui a conduit à une transmission rapide du paludisme. Toutefois, il est important de noter que la malaria, bien qu’elle soit transmise par le moustique, ne se propage pas directement de personne à personne. Contrairement à la diphtérie, une maladie hautement contagieuse qui se transmet par contact direct avec une personne infectée, la malaria nécessite l’intervention du moustique comme vecteur pour infecter un individu. Ainsi, la combinaison de ces deux maladies, aux modes de transmission différents, complique la gestion de cette crise sanitaire dans une région déjà vulnérable.
Une Couverture Vaccinale Inégale
L’Algérie bénéficie historiquement d’un programme de vaccination de masse salué par l’Organisation Mondiale de la Santé. Cependant, des facteurs tels que la crise sanitaire due à la Covid-19 ont ralenti la couverture vaccinale. Cette « dette immunitaire » a conduit à une recrudescence de maladies comme la diphtérie, particulièrement dans des zones où la couverture vaccinale est insuffisante, notamment dans les wilayas limitrophes de pays où le système de santé est moins développé.
Les Défis du Système de Santé dans le Grand Sud
Les infrastructures hospitalières dans les wilayas du Grand Sud sont encore insuffisantes pour faire face à cette situation d’urgence. Si des centres de référence, comme celui de Tamanrasset, offrent des soins de qualité, des localités plus éloignées comme Tinzawatin ne disposent que de simples polycliniques. Les centres médicaux sont souvent saturés, et des structures hospitalières en cours de construction restent inachevées, freinant la réponse efficace aux crises sanitaires. Le Pr. Sanhadji a insisté sur la nécessité de renforcer ces infrastructures, doter les centres de soins en équipements et personnel qualifié, et développer la télémédecine pour les zones les plus reculées.
Les Solutions en Cours
En réponse à cette crise, l’État a acheminé des quantités importantes de médicaments et vaccins vers les zones touchées. Des traitements efficaces, tels que l’artésunate pour la malaria et les antisérums contre la diphtérie, sont utilisés pour soigner les malades. Le Pr. Sanhadji a également mentionné des efforts de démoustication menés par le ministère de l’Intérieur pour réduire la propagation de la malaria. En ce qui concerne la diphtérie, les autorités sanitaires prévoient de renforcer la vaccination dans les régions affectées afin de prévenir une nouvelle flambée.
Un Élan Humanitaire
Le Pr. Sanhadji a conclu en saluant l’engagement humanitaire de l’Algérie, qui continue de soigner sans discrimination les populations locales et les migrants provenant de pays voisins. Cette générosité est un exemple de solidarité dans une région où la santé publique reste un défi majeur.
Un Message Sérieux Mais Sous Contrôle
Bien que le Pr. Sanhadji ait présenté des chiffres inquiétants, il a également insisté sur le fait que la situation est sous contrôle grâce aux mesures prises par les autorités. Il a rappelé que la couverture vaccinale en Algérie reste globalement élevée, et que l’État continue de mobiliser des ressources pour venir en aide aux zones touchées. Les initiatives telles que la vaccination, la distribution d’antibiotiques et la démoustication contribuent à stabiliser la situation. Il a également souligné l’importance de renforcer les infrastructures sanitaires dans les wilayas du sud pour faire face à ce genre de crises à l’avenir.
En somme, bien que des mesures soient mises en place pour lutter contre la diphtérie et la malaria dans le sud de l’Algérie, il reste beaucoup à faire pour renforcer les infrastructures de santé et assurer une couverture vaccinale adéquate afin de prévenir de futures crises. Toutefois, grâce aux efforts actuels, la situation est en voie d’amélioration et reste sous contrôle.
Hope&Chadia