Alger, 24 juin 2025 – Après le drame survenu au stade du 5 Juillet ayant coûté la vie à trois jeunes supporters du Mouloudia d’Alger, la Présidence de la République a réagi avec fermeté. Dans un communiqué officiel, elle annonce la création d’une commission d’enquête « pour établir les circonstances du drame, identifier les défaillances, déterminer les responsabilités et sanctionner les personnes impliquées ».
Un message clair, solennel, qui engage l’État dans une recherche de vérité et de justice.
Pourtant, dans une vidéo publiée moins de 24 heures après les faits, le journaliste sportif Hafid Derradji tient un discours différent.
À trois reprises, Derradji insiste : « Ce n’est pas une commission pour désigner les responsables »
Dès les premières minutes de son intervention, Hafid Derradji insiste à trois reprises sur l’idée que l’enquête ne devrait pas viser à désigner des responsables. Il affirme successivement :
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À [2:00] :
« لجنة التحقيق ليست من أجل تحديد المسؤوليات والتهم، لا. لجنة التحقيق من أجل تجنب تكرار مثل هكذا أحداث. »
« La commission d’enquête n’est pas là pour établir les responsabilités ou accuser, non. Elle est là pour éviter que ce genre d’événement ne se reproduise. » -
À [2:38] :
« لجنة التحقيق ليس من أجل تحديد المسؤوليات بالدرجة الأولى. »
« La commission d’enquête n’est pas destinée en priorité à identifier les responsabilités. » -
À [6:10] :
« تحقيق يعني ماشي من أجل تحديد المسؤول عن هذا الحدث. »
« Une enquête, ce n’est pas pour désigner le responsable de cet événement. »
Ces déclarations répétées représentent environ 31 % de la vidéo, dont le titre annonce pourtant une séquence de condoléances : « حفيظ دراجي ينعى ضحايا مأساة ملعب 5 جويلية ». Autrement dit, près d’un tiers du message est consacré à affirmer, de manière insistante, que déterminer les responsabilités n’est la finalité de l’enquête.
Ce positionnement diffère de celui de la Présidence, qui met l’accent sur la recherche des responsabilités au meme niveau d’importance que les autres objectifs de l’enquete.
Un contraste qui soulève une question éthique et institutionnelle
D’un côté, la plus haute autorité de l’État lance un appel à faire la lumière complète sur les faits, avec la volonté d’en tirer les conséquences et de sanctionner les manquements.
De l’autre, une figure médiatique influente affirme à plusieurs reprises que l’enquête ne devrait pas avoir pour priorité de désigner des responsables, insistant plutôt sur la nécessité de tirer des leçons structurelles pour l’avenir.
La contradiction est d’autant plus frappante qu’elle intervient à un moment de grande douleur nationale, où l’opinion publique attend clarté et justice.
Dans une Algérie Nouvelle, où les citoyens affirment de plus en plus leur confiance envers le Président et ses engagements, cette dissonance soulève une interrogation fondamentale :
Est-il moralement et juridiquement défendable, dans un contexte aussi grave, de détourner ainsi l’attention de la recherche des responsabilités ?
Il ne s’agit pas ici d’un simple écart de sensibilité, mais d’une question civique majeure : celle du devoir de vérité, du rôle des médias, et du respect dû aux victimes.
Hope&ChaDia