Le 12 novembre 2025, à Berlin (Allemagne), Sonatrach – sous la houlette de son PDG Nourreddine Daoudi – a mené une délégation de cadres dirigeants à un événement tourné vers l’avancement des travaux de l’alliance « Algeria to Europe Hydrogen Alliance (ALTEH2A) » et du corridor hydrogen « SoutH2 Corridor ». Le groupe algérien indique que la réunion a rassemblé des représentants de haut niveau du secteur énergétique d’Algérie, d’Allemagne, d’Italie et d’Autriche, afin d’examiner les progrès et les conditions de réussite d’un cadre de coopération stratégique. (Source algérienne) al24news.dz+1
Contexte : l’Allemagne comme partenaire clé
L’Allemagne apparaît comme un pilier essentiel de cette coopération. En février 2024, un forum algéro-germanique formalisait une task-force dédiée à l’hydrogène vert, visant à favoriser la production, le stockage et le transport de cette énergie à partir de l’Algérie vers l’Europe. Renewables Now+2hydrogeninsight.com+2
Plus précisément, un projet pilote de 50 MW d’hydrogène vert en Algérie devait bénéficier du soutien de la banque de développement allemande KfW. Hydrogen Europe
Cette relation met en lumière que la dimension allemande n’est pas accessoire : l’Allemagne s’engage non seulement en tant que marché, mais aussi en tant que « défricheur » de la supply-chain de l’hydrogène maghrébin.
À mon sens, cela souligne l’ampleur de l’ambition européenne : l’Algérie n’est plus qu’un fournisseur de gaz traditionnel, mais un partenaire clé dans une transition profonde vers l’hydrogène.
Le corridor SoutH2 : voie majeure pour l’hydrogène du Sud vers l’Europe
Le projet SoutH2 Corridor est décrit comme un axe d’environ 3 300 km reliant l’Afrique du Nord (Algérie, Tunisie) à l’Europe centrale (Italie, Autriche, Allemagne). South2 Corridor+2Offshore Energy+2
Ce corridor fait partie des « Projects of Common Interest (PCI) » de la Commission européenne, ce qui lui confère une importance stratégique pour les infrastructures transfrontalières d’énergie. South2 Corridor+1
Le 21 janvier 2025, une déclaration politique d’intention a été signée à Rome par l’Italie, l’Allemagne, l’Autriche, l’Algérie et la Tunisie. Reuters+1
Dans une source allemande/anglaise spécialisée, on précise que ce corridor pourrait avoir une capacité d’importation supérieure à 4 millions de tonnes par an d’hydrogène renouvelable depuis l’Afrique du Nord. South2 Corridor+1
Je considère qu’il s’agit d’un projet de très grande envergure — non seulement d’un simple pipeline, mais d’un vecteur stratégique pour toute la chaîne énergie-industrie en Europe.
Le rôle d’Algérie et l’alliance ALTEH2A
L’alliance ALTEH2A (Algeria to Europe Hydrogen Alliance) est présentée comme un mécanisme de coopération entre Algérie et Europe, visant à exploiter le potentiel renouvelable algérien (soleil, vent) pour produire de l’hydrogène vert destiné au marché européen. (Sources algériennes) sonatrach.com+1
Dans le communiqué de Sonatrach, on apprend que ce projet est porté conjointement par Sonatrach et Sonelgaz (Algérie), VNG AG (Allemagne), SNAM et Sea Corridor (Italie), et Verbund Green Hydrogen (Autriche). sonatrach.com+1
Par exemple, dès octobre 2024, un protocole d’entente (MoU) avait été signé entre ces acteurs afin de conduire les études de faisabilité tout au long de la chaîne de valeur de l’hydrogène. Offshore Energy+1
Selon moi, cette alliance marque une transformation pour l’Algérie : d’exportateur de gaz à acteur industriel de l’hydrogène, ce qui ouvre de nouvelles perspectives de croissance et de diversification… si bien sûr les conditions sont réunies.
Les défis : ce qu’il reste à faire
Malgré l’enthousiasme, plusieurs sources germaniques et européennes invitent à la prudence. Une analyse publiée en janvier 2025 souligne que, même si le corridor est « l’un des plus importants projets d’énergies renouvelables de notre temps », il existe un écart non négligeable entre annonces et réalisations. Climate Home News+1
Par exemple :
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L’Algérie ne prévoit pas de production d’hydrogène à grande échelle avant le milieu des années 2030. Climate Home News
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Le transport d’hydrogène, notamment via pipeline, pose des défis techniques (pureté, compression, infrastructure adaptée) et logistiques importants. energynews.pro+1
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L’usage prioritaire de l’électricité renouvelable pour la production d’hydrogène à destination de l’export vers l’Europe peut soulever des questions internes : énergie locale, eau, infrastructures. Climate Home News
À mon avis, la réussite dépendra non seulement des promesses, mais de la capacité à synchroniser les acteurs, à sécuriser les financements, et à assurer les bénéfices pour tous les partenaires – y compris algériens.
Ce que la réunion de Berlin révèle
La réunion à Berlin confirme plusieurs éléments :
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Le projet n’est pas purement symbolique : il y a un suivi, des bilans d’étape, et un dialogue entre l’Algérie et ses partenaires européens.
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L’Allemagne joue un rôle actif (au-delà du simple marché) dans la structuration de la coopération.
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Au-delà de l’axe production–transport, l’enjeu est aussi industriel et stratégique : pour l’Algérie, produire de l’hydrogène vert devient un levier de diversification économique.
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Les dates restent ambitieuses – la mise en œuvre devra affronter des obstacles complexes.
Personnellement, je pense que cette réunion marque un tournant : l’hydrogène algérien n’est plus une idée abstraite mais rentre dans la phase de « préparation industrielle ». Toutefois, j’estime qu’il reste un « gap » entre le plan et la réalité qui ne doit pas être négligé.
Implications pour l’Algérie et pour l’Europe
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Pour l’Algérie : ce partenariat lui donne l’opportunité de valoriser ses ressources renouvelables et de moderniser son industrie énergétique. Cela s’inscrit dans une logique de diversification de l’économie nationale.
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Pour l’Europe (notamment l’Allemagne) : sécuriser des approvisionnements en hydrogène renouvelable via un corridor sud-nord est crucial pour atteindre les objectifs de décarbonation, notamment dans les secteurs difficiles à électrifier.
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Pour la coopération internationale : ce type de projet transfrontalier illustre ce que peut être l’énergie renouvelable au service à la fois du développement local (en Afrique du Nord) et des besoins européens.
En mon for intérieur, je crois que ce genre de coopération est essentielle pour l’avenir énergétique global. Mais il faut rester vigilant sur la gouvernance, les retombées locales et la temporalité.
Conclusion
La participation de Sonatrach à Berlin pour l’ALTEH2A et le SoutH2 Corridor montre clairement que l’Algérie et l’Europe visent une ambition commune : bâtir une chaîne hydrogène renouvelable du Sud vers le Nord. L’Allemagne, par ses engagements et ses partenariats, figure comme un acteur clé dans ce processus. Le projet est d’ampleur, stratégique, et aligné avec les objectifs européens de transition énergétique. Néanmoins, les défis sont nombreux : maîtrise technique, rythme de production, logistique long-cours, retombées locales, financement. L’Algérie a une opportunité historique devant elle — à condition de transformer cet horizon en actes.
Hope & ChaDia