{"id":104620,"date":"2024-06-19T13:56:14","date_gmt":"2024-06-19T12:56:14","guid":{"rendered":"https:\/\/jazairhope.org\/?p=104620"},"modified":"2024-06-19T13:56:14","modified_gmt":"2024-06-19T12:56:14","slug":"le-drame-migratoire-de-nador-melilla-netait-pas-un-accident","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jazairhope.org\/fr\/le-drame-migratoire-de-nador-melilla-netait-pas-un-accident\/","title":{"rendered":"Le drame migratoire de Nador-Melilla “n’\u00e9tait pas un accident”"},"content":{"rendered":"
Le drame migratoire de Nador-Mellila, survenu le 24 juin 2022 et qui a co\u00fbt\u00e9 la vie \u00e0 au moins 37 migrants subsahariens, “n’\u00e9tait pas un accident”, selon les r\u00e9sultats d’une enqu\u00eate men\u00e9e par plusieurs ONG qui exigent que le Maroc et l’Espagne soient tenus responsables pour le massacre.\u00a0<\/strong><\/p>\n Il y a deux ans, pr\u00e8s de 2.000 migrants subsahariens avaient tent\u00e9 de p\u00e9n\u00e9trer dans l’enclave espagnole de Melilla depuis Nador (nord du Maroc).<\/p>\n Comme Amnesty, des experts ind\u00e9pendants nomm\u00e9s par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU ont \u00e9voqu\u00e9 un bilan d’au moins 37 morts et d\u00e9nonc\u00e9 le manque de responsabilit\u00e9s concr\u00e8tes \u00e9tablies, aussi bien au Maroc qu’en Espagne.<\/p>\n Une nouvelle enqu\u00eate men\u00e9e par les organisations Border Forensics, Iridia et l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), avec le soutien du Centre europ\u00e9en des droits constitutionnels et de l’homme, r\u00e9v\u00e8le que “les \u00e9v\u00e9nements n’\u00e9taient pas un accident, mais r\u00e9pondaient plut\u00f4t \u00e0 une v\u00e9ritable strat\u00e9gie des autorit\u00e9s des deux pays”.<\/p>\n Dans cette nouvelle enqu\u00eate, bas\u00e9e principalement sur des t\u00e9moignages de survivants recueillis au Maroc et en Espagne, ainsi que sur des documents officiels, des vid\u00e9os et des images jusqu’ici inaccessibles, les ONG documentent “la violence et l’extr\u00eame d\u00e9shumanisation des migrants” lors de la journ\u00e9e du 24 juin 2022, ainsi que “le manque de justice”.<\/p>\n Selon les r\u00e9sultats de l’enqu\u00eate, les forces de s\u00e9curit\u00e9 marocaines ont “d\u00e9lib\u00e9r\u00e9ment permis aux migrants de s’approcher de la fronti\u00e8re et, une fois sur place, les ont dirig\u00e9s vers le poste fronti\u00e8re, o\u00f9 ils ont ensuite \u00e9t\u00e9 attaqu\u00e9s par des agents des deux pays”.<\/p>\n L’usage intensif des gaz lacrymog\u00e8nes et le climat de panique qui en a r\u00e9sult\u00e9, affirment les ONG, “ont produit les premiers morts”.<\/p>\n “Avec cette enqu\u00eate, nous voulons remettre sur la table, les demandes de justice des bless\u00e9s et des familles des disparus qui attendent toujours des r\u00e9ponses”, d\u00e9clare Maite Daniela Lo Coco, coordinatrice des migrations de l’organisation Iridia.<\/p>\n Malgr\u00e9 l’ampleur de la trag\u00e9die, les organisations de d\u00e9fense des droits de l’homme d\u00e9noncent dans le rapport le fait que le Maroc a eu recours aux institutions judiciaires pour “continuer \u00e0 r\u00e9primer les survivants” et ne pas identifier les responsables de ce qui s’est pass\u00e9, tandis que le parquet espagnol dit “n’avoir trouv\u00e9 aucune preuve d’un crime” commis par les forces de s\u00e9curit\u00e9 du pays et a cl\u00f4tur\u00e9 son enqu\u00eate sur les \u00e9v\u00e9nements.<\/p>\n Les agents des deux pays “sont responsables de ces morts”, accuse la responsable d’Iridia, et “ils ont utilis\u00e9 du mat\u00e9riel anti-\u00e9meute non autoris\u00e9 et de mani\u00e8re non r\u00e9glementaire, puisqu’ils l’ont jet\u00e9 dans un endroit sans issue”.<\/p>\n De nombreuses personnes interrog\u00e9es par les ONG “ont racont\u00e9 qu’il \u00e9tait impossible de respirer en raison de la quantit\u00e9 de fum\u00e9e et des embruns ainsi que de l’utilisation de balles en caoutchouc”.<\/p>\n Les organisations assurent que les \u00e9v\u00e9nements reconstitu\u00e9s avec diff\u00e9rentes preuves “ne sont pas seulement incriminants pour les autorit\u00e9s marocaines et espagnoles, mais aussi pour l’Union europ\u00e9enne (UE), qui les soutient politiquement et \u00e9conomiquement”.<\/p>\n Les ONG exigent que les deux pays soient tenus responsables et “r\u00e9pondent enfin aux demandes de v\u00e9rit\u00e9 et de justice des victimes et de leurs familles”.<\/p>\n Elles soulignent \u00e9galement que les survivants et les familles des d\u00e9funts pourraient engager des poursuites judiciaires contre l’Espagne et le Maroc, non seulement en raison de la violence de l’op\u00e9ration, mais aussi en raison “des formes de d\u00e9tention pratiqu\u00e9es au cours de celle-ci et de l’absence d’une enqu\u00eate” cr\u00e9dible.<\/p>\n