{"id":108838,"date":"2024-08-31T19:34:26","date_gmt":"2024-08-31T18:34:26","guid":{"rendered":"https:\/\/jazairhope.org\/?p=108838"},"modified":"2024-08-31T19:34:42","modified_gmt":"2024-08-31T18:34:42","slug":"roknia-commune-dalgerie-qui-abrite-des-milliers-de-dolmens","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jazairhope.org\/fr\/roknia-commune-dalgerie-qui-abrite-des-milliers-de-dolmens\/","title":{"rendered":"ROKNIA COMMUNE D\u2019ALG\u00c9RIE QUI ABRITE DES MILLIERS DE DOLMENS"},"content":{"rendered":"

Dans la wilaya de Guelma au nord-est de l\u2019Alg\u00e9rie, la commune de Roknia, \u00e0 une douzaine de kilom\u00e8tres de Hammam Meskhoutine, abrite le site d\u2019une n\u00e9cropole m\u00e9galithique comptant des milliers de dolmens et de grottes fun\u00e9raires. Aujourd\u2019hui encore peu connus, les vestiges de Roknia sont class\u00e9s au patrimoine national du pays.<\/p>\n

\n

\"\"<\/p>\n

Photo : Gasmi M. \u2013 Dolmen \u00e0 Roknia<\/p>\n<\/div>\n

ENIGME DES SITES MEGALITHIQUES<\/strong><\/p>\n

Dolmens, Cromlech, n\u00e9cropoles n\u00e9olithiques, trilit\u00e8res, all\u00e9es couvertes, chouchats et houanets, les monuments class\u00e9s m\u00e9galithiques sont aussi nombreux en Alg\u00e9rie qu\u2019en Europe, m\u00eame s\u2019ils gardent encore le myst\u00e8re de leur \u00e2ge et constructeurs.<\/strong><\/em><\/p>\n

\u00a0\u00a0 Il y avait bien quelque chose avant. Utilisant les ressources disponibles non p\u00e9rissables, d\u00e9j\u00e0 en mouvement \u00e9cologique, les premiers b\u00e2tisseurs du pays ont pris des rochers et pierres pour \u00e9riger des structures \u00e9tranges. Dolmens, all\u00e9es couvertes et cromlechs, n\u00e9cropoles g\u00e9antes comme celle de Roknia ou du Djebel Mazela de Bounouara, \u00e0 Gastel sur le massif d\u2019El Dyr qui surplombe Tebessa, Ras El Ain Bou Merzoug pr\u00e8s de Batna et le Djebel Ksa\u00efbi au Sud de Constantine ou\u00a0 encore la Koudiat Bou Ta\u00efeb pr\u00e8s de Collo, on trouve ces constructions m\u00e9galithiques essentiellement \u00e0 l\u2019Est, comme \u00e9galement les dolmens d\u2019A\u00eft Garet (El Kseur), Ibarissen (Toudja) et les fameuses all\u00e9es couvertes d\u2019A\u00eft Rhouna, pays du chanteur El Ankis, du r\u00e9alisateur Mohamed Iftic\u00e8ne et m\u00eame du corsaire Ra\u00efs Hamidou. Mais il y a en a aussi \u00e0 l\u2019Ouest, \u00e0 Sidi Hosni (Columnata-Tissemsilt), \u00e0 Cherchell dans la n\u00e9cropole de l\u2019Oued N\u2019sara et on en trouve m\u00eame \u00e0 Djelfa (dolmens du moulin de Djelfa) ainsi qu\u2019\u00e0 Alger, dolmens de Beni Messous au bord de l\u2019oued du m\u00eame nom et \u00e0 Bologhine. Si le dolmen fait r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 l\u2019Europe celtique m\u00e9galithique, ils sont tr\u00e8s nombreux en Alg\u00e9rie, o\u00f9 les noms diff\u00e8rent, Houanet (magasins) pour leur forme en kiosque qui montre encore l\u2019esprit commer\u00e7ant des Alg\u00e9riens, ou encore les Chouchet, les plus caract\u00e9ristiques \u00e0 l\u2019image de la soixantaine de petites tours signal\u00e9es \u00e0 Chouchet er-Rouma\u00efl\u00a0dans le Djebel Kherrouba des Aur\u00e8s et qui a donn\u00e9 leur nom (choucha, calotte, de leur forme chapeaut\u00e9e au dessus par une couverture rocheuse ronde), \u00e0 ces constructions circulaires dans lesquelles on a retrouv\u00e9 des ossements et qui sont donc des tombes. Mais de qui\u00a0? Si elles n\u2019apparaissent qu\u2019en Alg\u00e9rie orientale o\u00f9 elles couvrent l\u2019Aur\u00e8s et les monts du Hodna, c\u2019est-\u00e0-dire l\u2019actuelle zone des chaou\u00efs, qui aux derni\u00e8res recherches, ne sont pas forc\u00e9ment les descendants de ces constructeurs, on retrouve quelques monuments plus au Sud, la fronti\u00e8re des Nememchas fermant la r\u00e9gion dolm\u00e9nique d\u2019Alg\u00e9rie orientale. Oui, mais qui les a construits\u00a0?<\/p>\n

\n

\"\"<\/p>\n

Photo : Vincent Campo \u2013 Hanout \u00e0 Roknia<\/p>\n<\/div>\nhttps:\/\/www.youtube.com\/watch?app=desktop&v=S4uatdOALFM\n

On compte dans la n\u00e9cropole plus de 3000 monuments m\u00e9galithiques<\/strong> s\u2019\u00e9tendant sur plusieurs kilom\u00e8tres (en comparaison, on en compte plus de 4000 sur l\u2019ensemble du territoire fran\u00e7ais).<\/p>\n

Les dolmens nord-africains sont caract\u00e9ris\u00e9s par leur plan quadrangulaire et sont souvent entour\u00e9s d\u2019un cercle de pierres. G\u00e9n\u00e9ralement plus petits que les dolmens europ\u00e9ens, ils sont en revanche pr\u00e9sents en nombre important en Alg\u00e9rie orientale et en Tunisie. Les dolmens d\u2019Afrique du nord pr\u00e9sentent des similitudes avec certains monuments d\u2019Italie p\u00e9ninsulaire, de Sardaigne et de la Corse.<\/p>\n

\n

\"\"<\/p>\n

Carte : Gabriel Camps \u2013 N\u00e9cropoles m\u00e9galithiques d\u2019Alg\u00e9rie orientale et de Tunisie. 1 : Beni Messous, 2 : M\u00e9d\u00e9a, 3 : Djelfa, 4 : A\u00eft Raouna, 5 : Ibarissen, 6 : A\u00eft Garet, 7 : Koudiat es Snam, 8 : Ouled Hannech, 9 : Cavallo, 10 : Tamalous, Collo, 11 : Le Kheneg, 12 : Ras el A\u00efn Bou Merzoug, 13 : Sila, 14 : Bou Nouara, 15 : Sigus, 16 : Ichoukkane, 17 : Roknia, 18 : Guelaat bou Atfane, 19 : Nador, 20 : Koudiat el Batoum, 21 : Tazbent, 22 : Gastel, 23, Kalaat es Snam, 24 : Bulla Regia, 25 : Le Kef, 26 : Dougga, 27 : Teboursouk, 28 : Chaouach, 29 : Hammam Zouakra, 30 : Elles, 31 : Magraoua, 32 : Maktar, 33 : Hir Bou Ghanem, 34 : Ha\u00efdra, 35 : Dar Bel Ouar, 36 : Enfida, 37 : El Alia<\/p>\n<\/div>\n

En Alg\u00e9rie, les monuments m\u00e9galithiques couvrent par milliers des r\u00e9gions incluant les flancs de Djebel Mazela \u00e0 Bounouara, le site de la n\u00e9cropole de Sigus (qui compte des dolmens, menhirs et cromlechs) \u00e0 Oum el Bouaghi, ainsi que l\u2019importante n\u00e9cropole de Djelfa.<\/p>\n

 <\/p>\n

\n
\n
\n
\n

\"\"<\/p>\n

Photo : Dolmen d\u00e9gag\u00e9 \u00e0 Roknia – J. Alquier.<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n
\n
\n

\"\"<\/p>\n

Photo : Dolmen de Roknia – J. Alquier<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n

 <\/p>\n

Ces monuments font partie du patrimoine culturel de l\u2019Alg\u00e9rie, au m\u00eame titre que les\u00a0treize Djeddars de Frenda, Medracen, le Mausol\u00e9e royal de Maur\u00e9tanie<\/a>, ou encore les\u00a0tumuli \u00e0 couloir et enclos du Tassili<\/a>. Ces derniers ont pour point commun qu\u2019ils sont des constructions d\u00e9di\u00e9es aux morts, renseignant sur les rituels fun\u00e9raires pr\u00e9sents tout au long de l\u2019histoire du pays. Une valorisation de ces monuments pourrait alors \u00eatre l\u2019occasion d\u2019une mise en lumi\u00e8re des croyances et syst\u00e8mes de valeurs des anciens groupes ayant peupl\u00e9 l\u2019Alg\u00e9rie et d\u2019informer sur la mani\u00e8re dont ils concevaient le monde.<\/p>\n

Bien que les n\u00e9cropoles m\u00e9galithiques soient pr\u00e9sentes en nombre important dans le pays, peu de fouilles arch\u00e9ologiques ont \u00e9t\u00e9 men\u00e9es depuis l\u2019ind\u00e9pendance. Ainsi, \u00e0 Roknia, ce sont les fouilles de Bourguignat en 1868 et de Faidherbe de 1869 pendant la colonisation qui sont souvent utilis\u00e9es pour analyser le site.<\/p>\n

Des fouilles permettraient toutefois d\u2019apporter des pistes de r\u00e9flexion plus r\u00e9centes notamment quant aux enjeux de datation. Elles permettraient aussi d\u2019enrichir le savoir au sujet les populations qui ont v\u00e9cu dans la r\u00e9gion et ultimement de se r\u00e9approprier l\u2019histoire ancienne du pays.<\/p>\n