{"id":112095,"date":"2024-12-10T15:41:34","date_gmt":"2024-12-10T14:41:34","guid":{"rendered":"https:\/\/jazairhope.org\/?p=112095"},"modified":"2024-12-10T15:41:34","modified_gmt":"2024-12-10T14:41:34","slug":"reflexion-guerre-froide-2-0-une-equation-beaucoup-plus-complexe-mais-inchangee-et-lalgerie","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jazairhope.org\/fr\/reflexion-guerre-froide-2-0-une-equation-beaucoup-plus-complexe-mais-inchangee-et-lalgerie\/","title":{"rendered":"R\u00e9flexion : Guerre froide 2.0 [Une \u00e9quation beaucoup plus Complexe mais Inchang\u00e9e] … Et l’Alg\u00e9rie…"},"content":{"rendered":"
La guerre froide, toujours d’actualit\u00e9<\/strong><\/p>\n La guerre froide ne s’est jamais v\u00e9ritablement achev\u00e9e. Si la chute de l’URSS en 1991 a laiss\u00e9 croire \u00e0 la victoire de l’Occident sur l’Est, les r\u00e9cents \u00e9v\u00e9nements en Syrie, en Palestine en Ukraine, … et autour des gazoducs Nord Stream montrent que le conflit est loin d’\u00eatre clos. Les armes nucl\u00e9aires ont laiss\u00e9 place \u00e0 d’autres outils de confrontation : guerre \u00e9nerg\u00e9tique, coups d’\u00c9tat, sabotage d’infrastructures strat\u00e9giques et soutien \u00e0 des factions rivales.<\/p>\n Le c\u0153ur du conflit, lui, demeure le m\u00eame. Il s’agit de savoir si le monde sera unipolaire<\/strong>, sous domination am\u00e9ricano-occidentale, ou multipolaire<\/strong>, o\u00f9 le BRICS et les puissances \u00e9mergentes (Chine, Russie, Inde, Br\u00e9sil, Afrique du Sud) auront leur place. Cette opposition s’exprime sur plusieurs fronts, mais c’est le th\u00e9\u00e2tre syrien qui cristallise aujourd’hui l’essentiel des enjeux g\u00e9opolitiques.<\/p>\n Au premier abord, la guerre en Syrie semble \u00eatre un affrontement local, opposant les forces loyalistes de Bachar Al-Assad aux rebelles et autres groupes arm\u00e9s. Mais derri\u00e8re cette fa\u00e7ade se cache une lutte bien plus large, impliquant l’avenir de la domination mondiale et la survie du syst\u00e8me russe<\/strong>.<\/p>\n Syrie : un champ de bataille \u00e9nerg\u00e9tique mondial<\/strong><\/p>\n Le conflit syrien trouve ses racines dans un projet pr\u00e9cis : le pipeline Qatar-Syrie-Europe<\/strong>. Ce pipeline devait permettre au Qatar d\u2019acheminer son gaz vers l\u2019Europe en passant par la Syrie. Mais cette voie mena\u00e7ait directement les int\u00e9r\u00eats de la Russie, principal fournisseur de gaz \u00e0 l\u2019Europe. En 2011, alors que le projet de gazoduc est sur la table, Moscou intervient militairement pour soutenir Assad et bloquer ce pipeline strat\u00e9gique<\/strong>. En contr\u00f4lant le r\u00e9gime de Damas, la Russie garantit la fermeture de cette route et maintient sa domination sur le march\u00e9 gazier europ\u00e9en<\/strong>.<\/p>\n Ce m\u00eame mod\u00e8le de confrontation \u00e9nerg\u00e9tique s’est reproduit ailleurs. En Ukraine<\/strong>, le renversement du pr\u00e9sident pro-russe Viktor Ianoukovytch en 2014 par un mouvement pro-OTAN visait \u00e0 couper les routes d\u2019exportation \u00e9nerg\u00e9tique russes vers l\u2019Europe<\/strong>. Moscou a r\u00e9agi par l\u2019annexion de la Crim\u00e9e et le soutien aux r\u00e9gions s\u00e9paratistes de l’est de l’Ukraine. L’objectif, l\u00e0 encore, \u00e9tait de prot\u00e9ger ses int\u00e9r\u00eats \u00e9nerg\u00e9tiques<\/strong> et de pr\u00e9server son acc\u00e8s aux march\u00e9s europ\u00e9ens.<\/p>\n En Libye<\/strong>, apr\u00e8s la chute de Kadhafi, l\u2019Occident a tent\u00e9 d\u2019installer un gouvernement pro-occidental \u00e0 Tripoli. Mais la Russie, en soutenant le g\u00e9n\u00e9ral Khalifa Haftar \u00e0 Benghazi, a emp\u00each\u00e9 la stabilisation de la Libye et bloqu\u00e9 le retour du pays sur le march\u00e9 gazier. Ce blocage strat\u00e9gique<\/strong> emp\u00eache la Libye d’inonder le march\u00e9 europ\u00e9en de gaz et maintient la position dominante de la Russie<\/strong>.<\/p>\n M\u00eame le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2<\/strong> en 2022 s’inscrit dans cette logique. En coupant les flux de gaz entre la Russie et l’Allemagne, les auteurs de cette op\u00e9ration cherchaient \u00e0 priver Moscou de ses revenus gaziers<\/strong>. Mais la Russie a su r\u00e9orienter ses exportations vers la Chine, l’Inde et la Turquie<\/strong>, \u00e9chappant ainsi \u00e0 l’asphyxie \u00e9conomique souhait\u00e9e par l’Occident.<\/p>\n Chute d’Assad : que va devenir la Syrie ?<\/strong><\/p>\n La chute d\u00e9finitive de Bachar Al-Assad<\/strong> ouvre une nouvelle page de l’histoire syrienne. Contrairement \u00e0 d’autres crises r\u00e9gionales, la Syrie ne devrait pas conna\u00eetre une stabilisation rapide. Le vide du pouvoir ne sera pas combl\u00e9<\/strong> de mani\u00e8re fluide, et aucun camp ne semble en mesure de prendre le contr\u00f4le de l’ensemble du territoire.<\/p>\n Plusieurs sc\u00e9narios sont envisag\u00e9s, mais le plus probable est une combinaison de “chaos contr\u00f4l\u00e9” et de “statu quo instable”<\/strong>. Contrairement \u00e0 la Libye, o\u00f9 des milices rivales s’affrontent sans contr\u00f4le, la Syrie pourrait conna\u00eetre une forme de partition de facto<\/strong>.<\/p>\n Dans ce sc\u00e9nario, la Russie conserverait ses bases militaires strat\u00e9giques \u00e0 Tartous et Hmeimim<\/strong>, lui permettant de maintenir une pr\u00e9sence militaire en M\u00e9diterran\u00e9e orientale. Cette pr\u00e9sence permettrait \u00e0 Moscou de continuer \u00e0 bloquer tout projet de pipeline Qatar-Syrie-Europe<\/strong>. Pendant ce temps, la Turquie pourrait renforcer son contr\u00f4le sur le nord de la Syrie, tandis que les Kurdes maintiendraient leur autorit\u00e9 sur certaines r\u00e9gions de l’est.<\/p>\n La grande inconnue r\u00e9side dans la formation d’un \u00e9ventuel gouvernement pro-USA\/OTAN<\/strong>. Si un tel gouvernement \u00e9mergeait \u00e0 Damas, il pourrait relancer le projet du pipeline qatari, ce qui serait une victoire strat\u00e9gique pour l’Occident<\/strong>. Pour la Russie et l’Iran, ce serait un \u00e9chec et mat<\/strong>. L’axe Damas-Moscou-T\u00e9h\u00e9ran, essentiel pour le contr\u00f4le des routes \u00e9nerg\u00e9tiques, s’effondrerait, et le march\u00e9 gazier europ\u00e9en serait lib\u00e9r\u00e9 de la tutelle russe<\/strong>.<\/p>\n “Le monde ne survivra pas \u00e0 la chute de l’URSS.”<\/strong><\/p><\/blockquote>\n La phrase pr\u00e9cedente\/menace nucleaire, est de Poutine, pour qui, la chute de la Syrie ne serait pas seulement une d\u00e9faite r\u00e9gionale, mais un coup mortel port\u00e9 au syst\u00e8me russe<\/strong>. La Russie sait que l’Occident ne cherche pas seulement \u00e0 r\u00e9duire ses revenus \u00e9nerg\u00e9tiques, mais \u00e0 d\u00e9manteler son syst\u00e8me politique et \u00e9conomique<\/strong>, comme ce fut le cas pour l’URSS en 1991.<\/p>\n La Russie l\u00e2chera-t-elle la Syrie ?<\/strong><\/p>\n La chute d’Assad est un coup dur, mais la Russie ne c\u00e9dera pas facilement sa position en Syrie<\/strong>. Comme l\u2019a d\u00e9clar\u00e9 Vladimir Poutine, la chute de l\u2019URSS a \u00e9t\u00e9, selon lui, “une catastrophe mondiale”<\/strong>. Aux yeux de Moscou, perdre la Syrie aurait une signification similaire.<\/p>\n Les bases militaires russes sur le sol syrien ne sont pas qu\u2019un symbole, ce sont des points d\u2019ancrage g\u00e9opolitiques<\/strong>. Ces bases permettent de surveiller la M\u00e9diterran\u00e9e orientale, d’exercer une pression sur l’OTAN et de bloquer les routes \u00e9nerg\u00e9tiques adverses. Moscou peut accepter la chute d\u2019Assad, mais elle ne tol\u00e9rera pas l\u2019\u00e9mergence d\u2019un gouvernement pro-occidental<\/strong>. C\u2019est pourquoi la Russie cherchera \u00e0 maintenir le statu quo.<\/p>\n En pratique, cela signifie qu\u2019elle continuera de soutenir des milices ou des factions rivales \u00e0 tout gouvernement pro-occidental. Elle s’appuiera sur l’Iran, le Hezbollah et d’autres alli\u00e9s pour s\u2019assurer que la Syrie reste une “zone grise” ingouvernable<\/strong>. Ce “chaos contr\u00f4l\u00e9” n\u2019est pas une victoire pour la Russie, mais c\u2019est mieux qu\u2019une d\u00e9faite<\/strong>.<\/p>\n Et la Chine dans tout \u00e7a ?<\/strong><\/p>\n Jusqu’\u00e0 pr\u00e9sent, la Chine est rest\u00e9e silencieuse<\/strong> face aux r\u00e9cents \u00e9v\u00e9nements au Moyen-Orient. P\u00e9kin semble spectateur de la chute d\u2019Assad et des man\u0153uvres am\u00e9ricaines en Syrie. Mais la Chine ne pourra pas rester spectatrice longtemps<\/strong>. Car la prochaine cible de cette strat\u00e9gie de d\u00e9mant\u00e8lement<\/strong> pourrait bien \u00eatre Ta\u00efwan<\/strong>.<\/p>\n Si l’Occident parvient \u00e0 isoler la Russie de ses positions en Syrie<\/strong>, ce sera un signal fort que le m\u00eame sch\u00e9ma peut \u00eatre appliqu\u00e9 \u00e0 la Chine. La strat\u00e9gie est simple : asphyxier, isoler, d\u00e9manteler<\/strong>. Apr\u00e8s la Russie, il n\u2019est pas impensable que la Chine soit la prochaine sur la liste<\/strong>.<\/p>\n Si la Russie perd la Syrie, P\u00e9kin sera forc\u00e9 d’adopter une posture plus agressive, car la br\u00e8che ta\u00efwanaise<\/strong> deviendra une cible prioritaire. Un pr\u00e9c\u00e9dent serait cr\u00e9\u00e9, et le risque de basculement strat\u00e9gique serait \u00e9norme.<\/p>\n Une \u00e9quation inchang\u00e9e mais plus complexe<\/strong><\/p>\n Malgr\u00e9 les multiples fronts de tension (Ukraine, Gaza, Syrie, Libye), l\u2019objectif reste le m\u00eame :<\/p>\n Cependant, l’\u00e9quation est devenue plus complexe<\/strong>. Les nombreux fronts de conflit se croisent et s\u2019influencent mutuellement. La chute d\u2019Assad ne change pas l\u2019\u00e9quation de fond<\/strong>, mais elle la complique en ouvrant la voie \u00e0 un potentiel “\u00e9chec et mat” pour la Russie et l’Iran.<\/p>\n La grande question qui reste ouverte est celle-ci :<\/p>\n Si la Russie \u00e9choue \u00e0 maintenir le “chaos contr\u00f4l\u00e9” en Syrie, elle perdra plus qu’un alli\u00e9. Elle perdra une pi\u00e8ce ma\u00eetresse sur l’\u00e9chiquier mondial<\/strong>. Et pour la Chine, le message sera clair : vous \u00eates la prochaine cible<\/strong>.<\/p>\n l’Alg\u00e9rie dans tous ca …\u00a0<\/strong><\/p>\n Cette situation, bien que complexe, repr\u00e9sente \u00e9galement une opportunit\u00e9 strat\u00e9gique majeure pour l’Alg\u00e9rie<\/strong>. En tant qu’exportateur cl\u00e9 d’hydrocarbures<\/strong>, l’Alg\u00e9rie profite directement de la hausse des prix de l’\u00e9nergie<\/strong>, aliment\u00e9e par la confrontation entre la Russie et l’Occident. Cette envol\u00e9e des cours lui offre une manne financi\u00e8re pr\u00e9cieuse<\/strong> pour renforcer ses r\u00e9serves de change, financer ses projets de diversification \u00e9conomique et maintenir la stabilit\u00e9 macro\u00e9conomique<\/strong>. Contrairement \u00e0 d’autres pays tributaires d’importations \u00e9nerg\u00e9tiques, l’Alg\u00e9rie se positionne comme un b\u00e9n\u00e9ficiaire direct de la crise \u00e9nerg\u00e9tique mondiale<\/strong>.<\/p>\n Mais cette opportunit\u00e9 ne s’explique pas uniquement par le hasard des prix. Depuis 1999, gr\u00e2ce \u00e0 une gouvernance clairvoyante<\/strong>, l’Alg\u00e9rie a renforc\u00e9 ses capacit\u00e9s militaires<\/strong> et modernis\u00e9 son arm\u00e9e, la dotant d’une force de dissuasion r\u00e9gionale<\/strong>. Sur le plan \u00e9conomique, elle a \u0153uvr\u00e9 \u00e0 r\u00e9duire sa d\u00e9pendance alimentaire<\/strong> en d\u00e9veloppant des fili\u00e8res agricoles strat\u00e9giques. Sur le plan politique, elle a consolid\u00e9 son front interne<\/strong> en adoptant une d\u00e9mocratie sociale mod\u00e8le<\/strong>, favorisant l’unit\u00e9 nationale. Enfin, sa diplomatie souveraine<\/strong> s’illustre par une politique de non-ing\u00e9rence, de soutien aux causes justes<\/strong> et de partenariats \u00e9quilibr\u00e9s, refusant tout alignement doctrinal. Cette posture strat\u00e9gique fait de l’Alg\u00e9rie un acteur pivot et ind\u00e9pendant<\/strong> dans le nouvel ordre \u00e9nerg\u00e9tique mondial, capable de transformer la crise actuelle en levier de puissance nationale<\/strong>.<\/p>\n Hope&Chadia<\/strong><\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" La guerre froide, toujours d’actualit\u00e9 La guerre froide ne s’est jamais v\u00e9ritablement achev\u00e9e. 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