{"id":115585,"date":"2025-06-03T09:02:18","date_gmt":"2025-06-03T08:02:18","guid":{"rendered":"https:\/\/jazairhope.org\/?p=115585"},"modified":"2025-06-03T09:04:38","modified_gmt":"2025-06-03T08:04:38","slug":"terfess-quand-le-sahara-algerien-alimente-le-luxe-culinaire-mondial","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jazairhope.org\/fr\/terfess-quand-le-sahara-algerien-alimente-le-luxe-culinaire-mondial\/","title":{"rendered":"Terfess : quand le Sahara alg\u00e9rien alimente le luxe culinaire mondial"},"content":{"rendered":"
Dans les \u00e9tendues arides du Sahara alg\u00e9rien, un tr\u00e9sor longtemps discret est en train de conqu\u00e9rir les palais raffin\u00e9s du Golfe persique : le terfess<\/em>, cette truffe du d\u00e9sert \u00e0 l\u2019allure modeste, devenue aujourd\u2019hui un symbole \u00e9clatant de la diversification \u00e9conomique de l\u2019Alg\u00e9rie.<\/p>\n Jadis simple produit de cueillette, le terfess<\/em> s\u2019impose d\u00e9sormais comme une v\u00e9ritable culture industrielle. Ses prix grimpent en fl\u00e8che : jusqu\u2019\u00e0 25 000 dinars le kilogramme pour les sp\u00e9cimens blancs les plus pris\u00e9s. Au Qatar, dans des halls d\u2019exposition dignes de ventes aux ench\u00e8res de grands crus, les truffes alg\u00e9riennes sont manipul\u00e9es avec une extr\u00eame pr\u00e9caution tandis que des acheteurs saoudiens n\u2019h\u00e9sitent pas \u00e0 d\u00e9bourser 1200 riyals (264 \u20ac) pour un kilogramme.<\/p>\n Je trouve fascinant<\/em> que derri\u00e8re cette fr\u00e9n\u00e9sie commerciale se cache une tradition mill\u00e9naire : dans le Golfe, la saison de la chasse aux truffes bat son plein de janvier \u00e0 mars. Certains propri\u00e9taires terriens organisent m\u00eame des s\u00e9jours sp\u00e9cialis\u00e9s dans le d\u00e9sert pour permettre aux amateurs de participer \u00e0 cette qu\u00eate du champignon pr\u00e9cieux.<\/p>\n Le secret ? Une plante end\u00e9mique du d\u00e9sert, le r\u00e9ig<\/em>, dont les racines tissent une symbiose parfaite avec le r\u00e9seau souterrain des truffes. Ensemble, elles cr\u00e9ent un microcosme propice \u00e0 la croissance de ces joyaux culinaires.<\/p>\n Science : le savoir ancestral des truffes du d\u00e9sert en Alg\u00e9rie<\/strong><\/p>\n \u00a0<\/strong>Une \u00e9tude ethnomycologique de r\u00e9f\u00e9rence, publi\u00e9e par Bradai et al. (2014) dans le Journal of Ethnopharmacology<\/em>, met en lumi\u00e8re la richesse des connaissances traditionnelles autour des truffes du d\u00e9sert parmi les populations sahariennes d\u2019Alg\u00e9rie.<\/p>\n Men\u00e9e aupr\u00e8s de 60 chasseurs de truffes des r\u00e9gions de Gharda\u00efa et d\u2019Ouargla, l\u2019enqu\u00eate r\u00e9v\u00e8le que trois esp\u00e8ces sont principalement r\u00e9colt\u00e9es :<\/p>\n Terfezia claveryi<\/strong>, la plus pris\u00e9e,\u00a0 Terfezia arenaria<\/strong>, de pr\u00e9f\u00e9rence mod\u00e9r\u00e9e et la Tirmania nivea<\/strong>, la moins co\u00fbteuse.<\/p>\n Les chasseurs s\u2019appuient sur la pr\u00e9sence de plantes symbiotiques (Helianthemum lippii<\/em>) pour localiser les truffes, dont la fructification d\u00e9pend \u00e9troitement des pr\u00e9cipitations automnales et hivernales.\u00a0 Si la majorit\u00e9 des cueilleurs r\u00e9coltent pour leur propre consommation \u2014 notamment en les pr\u00e9parant avec du couscous ou en bouillie \u2014 pr\u00e8s de 27 % en vendent le surplus. Toutefois, seuls 15 % en tirent un revenu significatif, preuve que jusqu\u2019\u00e0 r\u00e9cemment, la truffe relevait d\u2019une \u00e9conomie compl\u00e9mentaire et non d\u2019un produit de luxe.<\/p>\n Au-del\u00e0 de son int\u00e9r\u00eat culinaire, le terfess<\/em> est \u00e9galement utilis\u00e9 en m\u00e9decine traditionnelle : Pour traiter les infections oculaires (22 % des usages recens\u00e9s),\u00a0 renforcer la vitalit\u00e9 (19 %), et promouvoir la fertilit\u00e9 masculine (19 %).<\/p>\n Les savoirs li\u00e9s \u00e0 la r\u00e9colte et \u00e0 l\u2019utilisation de ces truffes sont transmis oralement, de g\u00e9n\u00e9ration en g\u00e9n\u00e9ration, constituant un patrimoine culturel vivant au c\u0153ur du Sahara.<\/p>\n\n
<\/p>\n