{"id":26481,"date":"2021-08-11T02:21:03","date_gmt":"2021-08-11T02:21:03","guid":{"rendered":"https:\/\/jazairhope.org\/?p=26481"},"modified":"2021-08-11T02:21:03","modified_gmt":"2021-08-11T02:21:03","slug":"medias-vraiment-la-mise-a-mort-du-quotidien-independant-2","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jazairhope.org\/fr\/medias-vraiment-la-mise-a-mort-du-quotidien-independant-2\/","title":{"rendered":"M\u00e9dias. Vraiment, la mise \u00e0 mort du \u00ab Quotidien ind\u00e9pendant \u00bb ?"},"content":{"rendered":"
Contribution de M.DJERRAD Amar<\/p>\n
Par Abdellali Merdaci<\/strong><\/p>\n \u00a0<\/em><\/strong>R\u00e9guli\u00e8rement, \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb rejoue une trag\u00e9die en un acte et une sc\u00e8ne \u2013 ou r\u00e9\u00e9crit la m\u00eame complainte pour rappeler \u00e0 tous qu\u2019il est \u00ab\u00a0au bord de l\u2019asphyxie\u00a0\u00bb\u00a0<\/em><\/strong>(1)\u00a0en raison d\u2019un manque \u00e0 gagner dans le chapitre publicit\u00e9. Dans son \u00e9dition du 27 juillet 2021, il alerte ses lecteurs sur une situation d\u2019urgence\u00a0en relevant \u00ab\u00a0tous les clignotants au rouge\u00a0\u00bb. Le pouvoir d\u2019\u00c9tat est d\u00e9sign\u00e9 comme l\u2019unique responsable de cette situation\u00a0par le signataire de l\u2019appel A.M. (probablement M. Abderrezak Merad, co-fondateur du titre et membre de son conseil d\u2019administration ?), qui incrimine une \u00ab\u00a0pression politique sur un organe qui a toujours fait honneur \u00e0 un secteur pourtant en nette r\u00e9gression depuis quelques ann\u00e9es\u00a0\u00bb.<\/em><\/strong><\/p>\n Dans le proc\u00e8s que fait le quotidien au pouvoir, il y a une contradiction fondamentale. Longtemps premier titre de la presse francophone en Alg\u00e9rie, \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb coche toutes les cases du n\u00e9o-lib\u00e9ralisme entrepreneurial. Mais, depuis une dizaine d\u2019ann\u00e9es, le march\u00e9 alg\u00e9rien de la publicit\u00e9 s\u2019est d\u00e9grad\u00e9 substantiellement, perdant la client\u00e8le commerciale, particuli\u00e8rement priv\u00e9e, des op\u00e9rateurs de t\u00e9l\u00e9phonie mobile, de concessionnaires d\u2019automobiles, de monteurs de produits \u00e9lectroniques. Pour les quotidiens de premier rang de la capitale, le retrait de ces grands annonceurs n\u2019a pas \u00e9t\u00e9 n\u00e9cessairement compens\u00e9 par la manne publique. Aujourd\u2019hui, le contexte de pand\u00e9mie sanitaire, d\u00e9primant le secteur de la presse \u00e9crite, menace l\u2019autonomie financi\u00e8re de journaux, d\u00e9j\u00e0 condamn\u00e9s par une r\u00e9cession publicitaire.<\/p>\n La gestion de la publicit\u00e9 publique, essentiellement administrative, a toujours \u00e9t\u00e9 un des secteurs, parmi les plus secrets, de la gouvernance de l\u2019\u00c9tat, qui ne s\u2019en cache pas. Alors m\u00eame que l\u2019Agence nationale d\u2019\u00e9dition et de publicit\u00e9 (ANEP) est dans ce domaine le bras s\u00e9culier du pouvoir, d\u2019autres acteurs marginaux \u2013 comme le DRS, enseigne de la s\u00e9curit\u00e9 d\u2019\u00c9tat \u2013 ont pu, sous le r\u00e8gne du pr\u00e9sident Bouteflika, intervenir en dehors de toute r\u00e9glementation l\u00e9gale pour r\u00e9genter la publicit\u00e9 publique, avec d\u2019in\u00e9vitables accrocs. Un colonel du renseignement militaire devrait-il distinguer les b\u00e9n\u00e9ficiaires de la publicit\u00e9 de l\u2019\u00c9tat et en fixer sur le crit\u00e8re sp\u00e9cifique de la soumission politique les faramineux quotas\u00a0? Cet exemple est largement connu pour ne pas \u00eatre rappel\u00e9. Un piteux \u00ab\u00a0quinzomadaire\u00a0\u00bb de l\u2019Est alg\u00e9rien, sans \u00e9quipe r\u00e9dactionnelle et sans qualification attest\u00e9e dans le m\u00e9tier, dont le fondateur \u00e9tait un factotum du \u00ab\u00a0Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb, convoyant nuitamment ses films aupr\u00e8s de la rotative de l\u2019\u00c9tat, a pu ainsi ramasser une fortune et constituer un imposant p\u00f4le de presse (quotidiens dans les deux langues d\u2019usage dans le pays, le fran\u00e7ais et l\u2019arabe, TV et radio). Il figurait en bonne position dans le partage du portefeuille publicitaire de l\u2019\u00c9tat. Il y a, sans doute, d\u2019autres exemples tout autant pittoresques (ou absurdes), qui incriminent l\u2019absence d\u2019\u00e9quit\u00e9 et de justice du pouvoir d\u2019\u00c9tat sous le r\u00e8gne des fr\u00e8res Bouteflika. \u00c0 cette \u00e9poque-l\u00e0, personne n\u2019aurait compar\u00e9 \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb, un vrai journal de journalistes, \u00e0 ce titre de saltimbanques choy\u00e9 par le DRS.<\/p>\n Cependant, la r\u00e9partition de la publicit\u00e9 publique a \u00e9t\u00e9 et reste dans son principe in\u00e9galitaire. \u00ab\u00a0El Moudjahid\u00a0\u00bb, ancien fleuron de la presse gouvernementale, \u00e9cole de journalisme r\u00e9put\u00e9e, creuset de toutes les soci\u00e9t\u00e9s de presse priv\u00e9es \u00e0 l\u2019aube de la lib\u00e9ralisation du champ m\u00e9diatique, re\u00e7oit 50 % de sa surface imprimable de publicit\u00e9 administrative, soit douze pages quotidiennes. Ce partage n\u2019est pas expliqu\u00e9, mais le devrait-il\u00a0?<\/p>\n Je con\u00e7ois que le gouvernement et son ministre de la Communication financent la presse quotidienne publique (\u00ab\u00a0Ech Chaab\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0El Massa\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0An Nasr\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0El Djoumhouria\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0El Moudjahid\u00a0\u00bb et \u00ab\u00a0Horizons\u00a0\u00bb) comme ils le font pour la radio et la t\u00e9l\u00e9vision d\u2019\u00c9tat, sans aucune r\u00e9plique de bien-pensants. En quoi ces octrois publicitaires \u2013 quasi-r\u00e9galiens \u2013 qui ne sont pas nouveaux sont-ils choquants\u00a0? Il est compr\u00e9hensible et m\u00eame admissible que, depuis la Loi Hamrouche et l\u2019ouverture m\u00e9diatique, l\u2019\u00c9tat s\u2019applique sous les r\u00e9gimes qui se sont succ\u00e9d\u00e9 depuis 1991 \u00e0 sauver la presse publique, qui produit des journaux de qualit\u00e9 et emploie des journalistes exp\u00e9riment\u00e9s, dont le lectorat a migr\u00e9 massivement vers les publications priv\u00e9es.<\/p>\n Quelle que soit l\u2019identit\u00e9 de ses b\u00e9n\u00e9ficiaires, de statuts public ou priv\u00e9, le gouvernement ne s\u2019est jamais prononc\u00e9 sur l\u2019affectation de ses ressources publicitaires. Relan\u00e7ant une pol\u00e9mique inutile sur la publicit\u00e9 publique, \u00ab Le Quotidien ind\u00e9pendant \u00bb, s\u2019\u00e9tait manifest\u00e9 assez t\u00f4t dans les ann\u00e9es 1990, d\u00e8s les premiers balbutiements de la presse priv\u00e9e, dans un esprit de vive comp\u00e9tition entre les titres de presse, dans une course jalonn\u00e9e de journaux \u00e9clop\u00e9s et de journalistes b\u00e9quillards, caracolant en t\u00eate. Mais, comment ce fervent z\u00e9lateur du march\u00e9 et de ses r\u00e8gles assassines, peut-il, trente ans apr\u00e8s, attendre d\u2019un pouvoir d\u2019\u00c9tat dont il se proclame l\u2019irr\u00e9ductible adversaire de renflouer ses caisses par l\u2019apport de la publicit\u00e9 des administrations et entreprises publiques sous sa tutelle ? Cette situation, ne faudrait-il pas en sortir ?<\/p>\n Une conception vici\u00e9e et d\u00e9l\u00e9t\u00e8re du journalisme<\/em><\/strong><\/p>\n Pourquoi \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb est-il devenu le mouton noir de la presse nationale\u00a0? Les raisons de la temp\u00e9tueuse inimiti\u00e9 dont l\u2019accablent les pouvoirs d\u2019\u00c9tat, depuis l\u2019annonce \u00e0 l\u2019automne 2013 de la candidature au quatri\u00e8me mandat d\u2019Abdelaziz Bouteflika contre laquelle il s\u2019\u00e9tait \u00e9lev\u00e9, \u00e0 nos jours, ne sont pas \u00e9crites\u00a0; elles n\u2019ont jamais \u00e9t\u00e9 expos\u00e9es et discut\u00e9es publiquement. L\u2019Appel du 27 juillet 2021 du titre n\u2019est pas une franche interpellation du gouvernement et de son ministre de la Communication, comme s\u2019il n\u2019en fallait pas esp\u00e9rer pour lui, pour ses personnels et pour ses lecteurs une r\u00e9ponse sans d\u00e9tour sur une crise financi\u00e8re qu\u2019ils auraient suscit\u00e9e. Si, pr\u00e9sentement, \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb plonge dans une irr\u00e9m\u00e9diable brouille avec le pouvoir, a-t-il \u00e9t\u00e9 toujours \u00e9loign\u00e9 de ses sentiers tortueux ? N\u2019en a-t-il pas \u00e9t\u00e9 le fils pu\u00een\u00e9 d\u00e9tenant les cl\u00e9s des palais de la R\u00e9publique\u00a0? Au gr\u00e9 d\u2019une \u00e9volution encourag\u00e9e par ses propri\u00e9taires-associ\u00e9s, de parrainages de cercles occultes de l\u2019\u00c9tat et d\u2019abouchements avec des chancelleries \u00e9trang\u00e8res, le vent tournait. Dans les derni\u00e8res ann\u00e9es du r\u00e8gne des fr\u00e8res Bouteflika et de leur clan, \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb se positionnait nettement comme un journal d\u2019opposition. Ce surinvestissement oppositionnel s\u2019est accru avec l\u2019av\u00e8nement du hirak, le 22 f\u00e9vrier 2019. Depuis ce tournant politique essentiel dans l\u2019histoire de la R\u00e9publique, \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb peut concevoir un cadre politique clair et une l\u00e9gitimit\u00e9 neuve \u00e0 son opposition aux pouvoirs, m\u00eame s\u2019il est entendu que le pr\u00e9sident Abdelmadjid Tebboune, mettant en avant une Alg\u00e9rie nouvelle, r\u00e9cuse une continuit\u00e9 et un h\u00e9ritage bouteflikiens.<\/p>\n Une des causes discernable de la rupture d\u2019avec les pouvoirs actuels serait une conception de l\u2019information du \u00ab Quotidien ind\u00e9pendant \u00bb, qui ne manque pas d\u2019irriter. Il est patent que ce journal a choisi de suppl\u00e9er une opposition l\u00e9gale totalement effac\u00e9e dans le jeu politique, qui a \u00e9t\u00e9 incapable de faire front commun contre les pouvoirs d\u2019\u00c9tat. Cette opposition d\u00e9mocratique, \u00e0 d\u00e9faut de former des hommes et des femmes d\u2019\u00c9tat suffisamment aguerris pour nourrir quotidiennement la contradiction aux gouvernants, reste la plus incons\u00e9quente du bassin m\u00e9diterran\u00e9en. Peut-on croire que dans les troupes du RCD, du PT, du FFS, du Jil Jadid, chez les islamistes de MM. Makri, Bengrina et Djaballah et chez les adeptes du \u00ab Grand Soir \u00bb, communistes du MDS et trotskystes du PST, puissent \u00e9merger des militant(e)s, aux savoirs et aux exp\u00e9riences chevill\u00e9s, qui briseraient les reins aux ministres des gouvernements, sur des questions d\u2019int\u00e9r\u00eat national ? Hormis leurs responsables, suffisamment pr\u00e9sents \u00e0 la \u00ab une \u00bb des journaux, ces partis d\u2019opposition ne forment pas de rel\u00e8ve politique\u00a0 pr\u00e9dispos\u00e9e \u00e0 se battre pour l\u2019alternance au pouvoir et pour assurer des missions gouvernementales. En plus de trente ann\u00e9es de pluralit\u00e9 politique, quels sont donc les acteurs politiques de dimension nationale et internationale r\u00e9v\u00e9l\u00e9s par les partis ? On en est encore \u00e0 attendre M. Rachid Nekkaz, un feu-follet, intermittent du spectacle politique en France et en Alg\u00e9rie.<\/p>\n Face \u00e0 cette vacuit\u00e9 du champ politique national, de la l\u00e9thargie d\u2019une opposition qui ne s\u2019oppose pas r\u00e9ellement, la confrontation politique est agie par procuration par la presse \u2013 en v\u00e9rit\u00e9 par quelques rares titres, notamment \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb. Ce r\u00f4le, il l\u2019assume en bravant les r\u00e8gles juridiques fondant les entreprises d\u2019information. La mission de la presse est d\u2019informer, entre autre sur le champ politique, plus que d\u2019en prendre le parti dans ses \u00e9preuves. Cela n\u2019exclut pas que les r\u00e9dactions des titres puissent se pr\u00e9valoir d\u2019une lecture singuli\u00e8re des p\u00e9rip\u00e9ties diverses de notre soci\u00e9t\u00e9.<\/p>\n Dans tout journal, la r\u00e9daction s\u2019assigne dans ses pages un \u2013 ou plusieurs \u2013 espace d\u2019expression \u00e0 la fois p\u00e9dagogique et parfois express\u00e9ment politique. C\u2019est l\u00e9gitime, lorsque cela n\u2019entrave pas une information \u00e9thique. \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb, dispose de trois espaces \u00e9ditoriaux, le \u00ab\u00a0Commentaire\u00a0\u00bb, le dessin du Hic et la chronique \u00ab\u00a0Point Z\u00e9ro\u00a0\u00bb de Chawki Amari, en page 24 \u2013 et, accessoirement, les \u00e9clairages de Yazid Ouahib dans la rubrique des sports. Mais ses pages d\u2019information politique sont vou\u00e9es au semblable horizon politico-id\u00e9ologique et, surtout, \u00e0 une unicit\u00e9 de vue. C\u2019est plus un journal de guerre contre les pouvoirs institu\u00e9s qu\u2019un support d\u2019information au sens o\u00f9 le d\u00e9finit le l\u00e9gislateur alg\u00e9rien. Ainsi, ses journalistes se muent-ils souvent en d\u00e9fenseurs de causes politiques. Cependant, aucun gouvernement ne l\u2019a interpell\u00e9 sur une conception vici\u00e9e et d\u00e9l\u00e9t\u00e8re du journalisme.<\/p>\n Une mystification de l\u2019information<\/em><\/strong>. Depuis la chute du clan Bouteflika, de ce qui est commod\u00e9ment nomm\u00e9 la \u2018i\u00e7aba, la presse, et au premier plan \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb, a connu une nette mutation sociologique, marquant ses pratiques r\u00e9dactionnelles. Il convient de rappeler, ici, que l\u2019information est le traitement d\u2019un \u00e9v\u00e9nement sous forme d\u2019article, de fiche de synth\u00e8se th\u00e9matique ou de d\u00e9p\u00eache, d\u2019enqu\u00eate de terrain (ou reportage) et de commentaire, pivots du travail journalistique (2). En dehors du cas d\u2019Alg\u00e9rie presse service (APS), agence d\u2019information gouvernementale, qui livre en cha\u00eene des d\u00e9p\u00eaches et d\u2019exceptionnelles enqu\u00eates dans les secteurs de la culture et du patrimoine, la majorit\u00e9 des journaux alg\u00e9riens privil\u00e9gie l\u2019information et le commentaire. Or, depuis le hirak, le commentaire a pris le pas sur les autres types d\u2019\u00e9criture journalistique\u00a0: l\u2019article d\u2019information rapportant sans fioriture un \u00e9v\u00e9nement est d\u00e9pr\u00e9ci\u00e9 alors que l\u2019enqu\u00eate a presque disparu des pages de nos journaux. \u00c0 titre d\u2019exemple, sous le r\u00e8gne des fr\u00e8res Bouteflika et m\u00eame apr\u00e8s leur chute, aucun titre de la presse nationale ne s\u2019est hasard\u00e9 \u00e0 une enqu\u00eate sur un pouvoir corrompu, sur les liens qu\u2019il a forg\u00e9 avec une oligarchie sc\u00e9l\u00e9rate, menant en prison deux chefs de gouvernement (Ouyahia, Sellal) et dix-huit de leurs ministres.<\/p>\n Au \u00ab\u00a0Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb, l\u2019information comment\u00e9e a pris de l\u2019ampleur. Un exemple entre mille, dat\u00e9 du 1er<\/sup>\u00a0ao\u00fbt 2021, situe les cadres \u00e9nonciatifs et discursifs s\u00e9lectionn\u00e9s par le journal. Dans un communiqu\u00e9 public, le Front des forces socialistes (FFS) s\u2019est prononc\u00e9 sur les d\u00e9veloppements de la pand\u00e9mie du coronavirus en Alg\u00e9rie en incriminant le pouvoir d\u2019\u00c9tat. Voil\u00e0 le traitement r\u00e9dactionnel qu\u2019en font \u00ab\u00a0L\u2019Est r\u00e9publicain\u00a0\u00bb (Annaba), leader de la presse r\u00e9gionale de l\u2019Est alg\u00e9rien, et \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb, de diffusion nationale.<\/p>\n Est-il envisageable pour un quotidien d\u2019information priv\u00e9, r\u00e9gi par des r\u00e8gles d\u2019exercice contraignantes, qui n\u2019est pas la feuille d\u2019un parti politique, de se muer en journal d\u2019opinion, vers\u00e9 dans une confrontation au pouvoir\u00a0? Est-ce donc l\u00e0 son cahier de charges\u00a0?<\/p>\n Le journal des printemps arabes et de la d\u00e9mocratisation am\u00e9ricaine.\u00a0<\/em><\/strong>\u00ab Le Quotidien ind\u00e9pendant \u00bb a accompagn\u00e9 les \u00ab printemps \u00bb arabes et l\u2019\u00e9branlement d\u2019\u00c9tats, en Libye, en Syrie et au Y\u00e9men. Il ne manquait pas de se f\u00e9liciter de l\u2019\u0153uvre criminelle du pr\u00e9sident fran\u00e7ais Sarkozy (2007-2012) et du philosophe Bernard-Henri L\u00e9vy, agent du sionisme mondial, \u00e0 l\u2019origine de la d\u00e9structuration de la Jamahirya libyenne. Sur son site web, l\u2019\u00e9m\u00e9rite didacticien des sciences, \u00e9crivain et publiciste Ahmed Bensaada note un aspect pervers dans son traitement de l\u2019information \u00ab printaniste \u00bb : \u00ab Le summum de l\u2019ind\u00e9cence, de l\u2019immoralit\u00e9 et du mauvais go\u00fbt a \u00e9t\u00e9 atteint le 21 octobre 2011, avec la Une [du suppl\u00e9ment du Weekend] (o\u00f9 Fay\u00e7al Metaoui \u00e9tait un des journalistes \u2018\u2018vedettes\u2019\u2019) qui avait placard\u00e9 la photo de Kadhafi ensanglant\u00e9, d\u00e9figur\u00e9, mort lynch\u00e9 et sodomis\u00e9, au-dessus de deux seuls mots : \u2018\u2018Libye libre\u2019\u2019 \u00bb (5)<\/p>\n La \u00ab\u00a0une\u00a0\u00bb du suppl\u00e9ment du \u00ab\u00a0Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb dat\u00e9 du 21 octobre 2011<\/em><\/p>\n Cette \u00ab une \u00bb d\u00e9gageait un inconvenant fumet de scandale pour faire sortir l\u2019historien Daho Djerbal de sa prudente r\u00e9serve acad\u00e9mique, exprimant cr\u00fbment sa col\u00e8re \u00e0 la r\u00e9daction du journal : \u00ab Je me permets de vous \u00e9crire aujourd\u2019hui car profond\u00e9ment choqu\u00e9 par la couverture que vous avez consacr\u00e9 dans [l\u2019\u00e9dition du Weekend] \u00e0 la mort t\u00e9l\u00e9guid\u00e9e, volontairement programm\u00e9e et ex\u00e9cut\u00e9e de sang froid sous la forme de lynchage [\u2026] Qu\u2019avez-vous fait vous-m\u00eame qui pr\u00e9tendez lever l\u2019\u00e9tendard de la d\u00e9mocratie et des droits humains fondamentaux ? Rien dans votre \u00e9dition du week end ne permet de vous d\u00e9marquer des d\u00e9p\u00eaches des agences occidentales en-de\u00e7\u00e0 desquelles vous vous situez. Votre titre est scandaleux. Vous savez pertinemment que la mort d\u2019un chef d\u2019\u00c9tat, m\u00eame despotique, ne r\u00e9sout pas le probl\u00e8me des fondements de la dictature. \u2018\u2018Libye libre\u2019\u2019, titrez-vous, mais lib\u00e9r\u00e9e par qui, par quoi ? Par l\u2019OTAN et ses unit\u00e9s sp\u00e9ciales au sol ? Par un tir d\u2019un Rafale fran\u00e7ais ou d\u2019un drone \u00e9tats-unien ? \u00bb (6).<\/p>\n Dix ann\u00e9es apr\u00e8s, en guise de lib\u00e9ration de la Libye, c\u2019est le chaos\u00a0: un pays qui a perdu son unit\u00e9 territoriale et politique, livr\u00e9 aux tribus, aux clans, et \u00e0 leurs guerres sans fin t\u00e9l\u00e9guid\u00e9es par des puissances \u00e9trang\u00e8res. M\u00eame si les \u00e9lections g\u00e9n\u00e9rales de fin d\u2019ann\u00e9e aboutissent, il faudrait encore une vingtaine d\u2019ann\u00e9es pour que le pays d\u00e9structur\u00e9 par l\u2019invasion occidentale retrouve les \u00e9quilibres socio-\u00e9conomiques et politiques de la d\u00e9funte Jamahirya. Mais \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb, qui avait applaudi la France imp\u00e9riale et n\u00e9ocoloniale et la coalition de l\u2019OTAN, surnomm\u00e9 par d\u00e9rision \u00ab\u00a0EL WOTAN\u00a0\u00bb, a oubli\u00e9 ce revers honteux.<\/p>\n \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb s\u2019est positionn\u00e9 dans une \u00ab\u00a0printanisation\u00a0\u00bb \u00e0 outrance des R\u00e9publiques d\u2019Orient se soldant apr\u00e8s l\u2019Irak d\u00e9vast\u00e9 par la destruction de deux pays ind\u00e9pendants, la Syrie et le Y\u00e9men. Mais la \u00ab\u00a0printanisation\u00a0\u00bb avort\u00e9e de l\u2019Alg\u00e9rie laissait dans ses colonnes et dans son encre une profonde amertume. Puis est arriv\u00e9 le hirak, \u00e0 charge de revanche. Il fallait imp\u00e9rativement faire tomber le pouvoir des fr\u00e8res Bouteflika, le pouvoir int\u00e9rimaire de Bensalah-Bedoui et, d\u00e9sormais, celui du pr\u00e9sident Tebboune. La pens\u00e9e politique inou\u00efe des sp\u00e9cialistes de l\u2019agit-prop, amis et clients du \u00ab\u00a0Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb, form\u00e9s par les officines des \u00c9tats-Unis d\u2019Am\u00e9rique, a \u00e9t\u00e9 formul\u00e9e sans ambages par M. Abdelouahab Fersaoui, pr\u00e9sident de l\u2019association Rassemblement alg\u00e9rien de la Jeunesse (RAJ) et militant enrag\u00e9 de la \u00ab\u00a0transition politique\u00a0\u00bb\u00a0: \u00ab\u00a0[\u2026] On ne peut pas r\u00e9duire la d\u00e9mocratie \u00e0 la convocation de l\u2019\u00e9lecteur aux urnes\u00a0\u00bb (7). Le b\u00e9n\u00e9ficiaire d\u2019enveloppes des services am\u00e9ricains va ainsi se r\u00e9jouir de l\u2019\u00e9chec de la pr\u00e9sidentielle de juillet 2019, tout en redoublant d\u2019efforts et de nuisance pour emp\u00eacher \u2013 vainement \u2013 celle du 12 d\u00e9cembre 2019. Un aficionado du coup d\u2019\u00c9tat permanent, qui n\u2019a lu ni Machiavel ni Malaparte, dans la m\u00eame case \u00e9troite que \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb. Il en reste une v\u00e9rit\u00e9 forte\u00a0: la d\u00e9mocratie n\u2019a pas besoin d\u2019urnes en Alg\u00e9rie. Plut\u00f4t d\u2019un coup de force. De l\u2019OTAN, certainement.<\/p>\n Du hirak au n\u00e9o-hirak\u00a0: un cas d\u2019\u00e9cole<\/em><\/strong>. \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb se dresse comme un journal-parti politique, luttant \u00e0 visage d\u00e9couvert, quelquefois sans aucune nuance, contre le pouvoir politique, soutenant cr\u00e2nement ses adversaires de tous bords, islamistes, s\u00e9paratistes kabyles et agents de la \u00ab\u00a0printanisation arabe. Dans ses pages politiques et dans ses commentaires, les journalistes ont la pugnacit\u00e9 du militant. Ils \u00e9crivent au c\u0153ur de la m\u00eal\u00e9e, sans recul et sans r\u00e9serve. \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb, on l\u2019a not\u00e9, a rejoint assez t\u00f4t le hirak originel. Davantage comme organe politique des marches (o\u00f9 l\u2019\u00e9crivain-journaliste Mustapha Benfodil aura pay\u00e9 de sa personne) qu\u2019outil d\u2019information. Dans ses \u00a0articles politiques, il ne se soucie gu\u00e8re de d\u00e9ontologie comme le proclame fermement son Appel du 27 juillet 2021, allant de la complicit\u00e9 rou\u00e9e avec les chefs \u00ab\u00a0printanistes\u00a0\u00bb \u00e0 la manipulation de l\u2019information. En voici deux exemples\u00a0:<\/p>\n 1\u00b0) On devrait penser que l\u2019objectif de tout titre de presse est de rechercher pour ses lecteurs une information propre, non d\u00e9form\u00e9e et pervertie dans des canaux souterrains. Dans un ouvrage, strictement document\u00e9, \u00ab Qui sont ces t\u00e9nors autoproclam\u00e9s du hirak \u00bb (8), Ahmed Bensaada donne des chiffres exacts du financement par la \u00ab National Endowment for Democracy \u00bb (NED) (9) de personnalit\u00e9s alg\u00e9riennes pressenties pour la direction d\u2019une transition politique en Alg\u00e9rie. Au lieu de se pr\u00eater consciencieusement aux r\u00e8gles du m\u00e9tier d\u2019informer, rechercher l\u2019information aupr\u00e8s des acteurs politiques et associatifs mis en cause par le docteur Bensaada, \u00ab Le Quotidien ind\u00e9pendant \u00bb a pr\u00e9f\u00e9r\u00e9 l\u2019effacer totalement aux yeux de ses lecteurs. M\u00eame si l\u2019intention du journal \u00e9tait de d\u00e9fendre les \u00ab t\u00e9nors autoproclam\u00e9s \u00bb du hirak, ne lui fallait-il pas se pr\u00eater \u00e0 une contre-enqu\u00eate dans une investigation scrupuleuse des faits, de leur v\u00e9rification, de leur recoupement et de leur mise en relief ? Cela s\u2019enseigne \u2013 ou devrait s\u2019enseigner \u2013 dans les \u00e9coles de journalisme. Les journalistes de ce quotidien n\u2019ont pas fait leur m\u00e9tier de confirmer \u2013 ou d\u2019infirmer \u2013 aupr\u00e8s de Ma\u00eetres :\u0639Mustapha Bouchachi et Zoubida Assoul, de l\u2019activiste Karim Tabbou et du pr\u00e9sident Fersaoui (RAJ), largement cit\u00e9s dans l\u2019enqu\u00eate d\u2019Ahmed Bensaada, leur participation parfois r\u00e9mun\u00e9r\u00e9e (10) et financ\u00e9e \u00e0 des programmes am\u00e9ricains d\u2019agit-prop, un versant de la d\u00e9mocratisation du Grand Moyen Orient et de la \u00ab printanisation \u00bb de ses \u00c9tats r\u00e9calcitrants, dont l\u2019Alg\u00e9rie. Ils les ont plut\u00f4t prot\u00e9g\u00e9s en cachant \u00e0 leurs lecteurs la f\u00e9lonie d\u2019acteurs officiels des champs politique et associatif au service de l\u2019agenda subversif d\u2019un gouvernement \u00e9tranger. \u00ab Le Quotidien ind\u00e9pendant \u00bb, pi\u00e9tinant la morale du m\u00e9tier d\u2019informer, a pos\u00e9 un coupable b\u00e2illon sur le travail d\u2019Ahmed Bensaada.<\/p>\n 2\u00b0) \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb a consciencieusement pouss\u00e9 le n\u00e9o-hirak, jusque dans la d\u00e9mesure. Ahmed Bensaada a lu et scrupuleusement contr\u00f4l\u00e9, les chiffres des marcheurs donn\u00e9s entre autres par ce titre \u00e0 la d\u00e9crue du hirak. Je renvoie \u00e0 son compte-rendu sur le 15e<\/sup>\u00a0vendredi oranais du hirak, le 21 juin 2019, et \u00e0 ses observations sur les manipulations des m\u00e9dias mainstream (11) dont \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb. Il \u00e9crit\u00a0: \u00ab\u00a0En effet, selon la plupart des personnes questionn\u00e9es, ce 15e<\/sup>\u00a0vendredi n\u2019avait r\u00e9uni que 2000 \u00e0 3000 personnes, bien loin des immenses foules du d\u00e9but du hirak\u00a0\u00bb. Dans une communication avec France 24 dont il est le correspondant \u00e0 Alger, Fay\u00e7al Metaoui, \u00e0 l\u2019\u00e9poque, un des patrons de la r\u00e9daction du \u00ab\u00a0Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb, indique des \u00ab\u00a0centaines de milliers de manifestants\u00a0\u00bb dans les rues d\u2019Oran. Net, sans bavure. Ce jeu malsain sur les chiffres, \u00ab Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb le prolongeait, jusqu\u2019\u00e0 ces derni\u00e8res semaines avant la recrudescence de la crise sanitaire et l\u2019arr\u00eat des marches, pour ranimer la flamme d\u2019un n\u00e9o-hirak, d\u00e9sormais sans boussole.<\/p>\n Un engagement r\u00e9solu contre l\u2019\u00c9tat l\u00e9gal<\/em><\/strong><\/p>\n Un point d\u2019histoire. Le hirak du 22 f\u00e9vrier 2019 est arriv\u00e9 \u00e0 son \u00e9tiage avec l\u2019organisation de l\u2019\u00e9lection pr\u00e9sidentielle du 12 d\u00e9cembre 2019, qui signait son reflux. Sa progressive et notable mutation en n\u00e9o-hirak, mouvement d\u2019opposition \u00e0 l\u2019\u00c9tat national alg\u00e9rien, aux ressorts carr\u00e9ment terroristes, devenait perceptible. L\u2019alliance contre-nature entre bobos (principalement dans la capitale), agents \u00ab\u00a0printanistes\u00a0\u00bb, islamistes et s\u00e9paratistes kabyles est \u00e9tablie. \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb n\u2019a pas glos\u00e9 cette transformation du hirak, grosse d\u2019irr\u00e9parables risques pour l\u2019unit\u00e9 du pays, marchant contre l\u2019\u00c9tat l\u00e9gal, son pr\u00e9sident, son gouvernement et son arm\u00e9e. L\u2019appui \u2013 inconsid\u00e9r\u00e9 \u2013 \u00e0 ce n\u00e9o-hirak malfaisant outrepasse les codes d\u00e9ontologiques de la profession. Et, aussi, les attendus du Code p\u00e9nal. Dans le droit europ\u00e9en, ainsi en France, le directeur d\u2019un organe de presse et l\u2019auteur d\u2019un article encourageant l\u2019attroupement sur un lieu public sont passibles des tribunaux et de condamnations s\u00e9v\u00e8res (12). Depuis le retour du n\u00e9o-hirak, combien de \u00ab\u00a0unes\u00a0\u00bb mensong\u00e8res \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb a-t-il consacr\u00e9 aux marches et aux regroupements contre l\u2019\u00c9tat alg\u00e9rien et sa direction l\u00e9gale\u00a0?<\/p>\n Soyons donc pr\u00e9cis : l\u2019\u00e9lection pr\u00e9sidentielle du 12 d\u00e9cembre 2019 a donn\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00c9tat alg\u00e9rien la l\u00e9galit\u00e9, la pleine l\u00e9galit\u00e9. M. Tebboune, \u00e9lu sixi\u00e8me pr\u00e9sident de la R\u00e9publique, incarne cette l\u00e9galit\u00e9 et la conf\u00e8re \u00e0 ses gouvernements. Cette l\u00e9galit\u00e9 est d\u00e9sormais appuy\u00e9e par l\u2019approbation d\u2019une nouvelle Constitution, le 1er<\/sup>\u00a0novembre 2020, et par l\u2019\u00e9lection d\u2019une Assembl\u00e9e populaire nationale, le 12 juin 2021. Comment un titre de droit priv\u00e9, ob\u00e9issant cens\u00e9ment aux lois de l\u2019\u00c9tat sur l\u2019exercice public de l\u2019information, peut-il m\u00e9conna\u00eetre cet aggiornamento politique et se rengorger contin\u00fbment dans ses colonnes comme la caution d\u2019un n\u00e9o-hirak infiltr\u00e9, qui ne peut se couvrir de l\u00e9gitimit\u00e9 populaire?. R\u00e9p\u00e9tons-le : l\u2019Alg\u00e9rie et la grande masse de sa population ne donneront jamais quitus aux brigands Zitout, Dhina et M\u2019henni et aux \u00ab printanistes \u00bb Bouchachi, Assoul et Tabbou, tous au service d\u2019int\u00e9r\u00eats \u00e9trangers, pour atteindre \u00e0 l\u2019unit\u00e9 de leur territoire et \u00e0 leur solidarit\u00e9.<\/p>\n \u00c0 titre de rappel, le hirak du 19 f\u00e9vrier 2019 est n\u00e9 dans une situation de blocage politique caract\u00e9ris\u00e9e par la volont\u00e9 des fr\u00e8res Bouteflika d\u2019aller vers un cinqui\u00e8me mandat. Certains de ses marcheurs, dont l\u2019auteur de ces lignes, ont r\u00eav\u00e9 d\u2019une Deuxi\u00e8me R\u00e9publique qui n\u2019adviendra jamais. C\u2019est l\u2019Arm\u00e9e nationale populaire (ANP), conduite par le regrett\u00e9 g\u00e9n\u00e9ral Ahmed Ga\u00efd Salah, qui a trouv\u00e9 une issue \u00e0 un maelstrom politico-s\u00e9curitaire en obtenant la d\u00e9mission du pr\u00e9sident-candidat Abdelaziz Bouteflika et l\u2019\u00e9viction de Sa\u00efd Bouteflika, le deus ex machina de la pr\u00e9sidence de la R\u00e9publique et de sa \u2018i\u00e7aba. Le hirak originel, un r\u00eave, un artefact, s\u00fbrement, n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 con\u00e7u pour penser l\u2019avenir de l\u2019Alg\u00e9rie\u00a0: ce g\u00e9ant aux pieds d\u2019argile a \u00e9t\u00e9 tr\u00e8s vite assujetti aux organisations am\u00e9ricaines de d\u00e9mocratisation du Grand Moyen Orient et \u00e0 ses agents en Alg\u00e9rie sur l\u2019injonction du sociologue fran\u00e7ais Lahouari Addi. Le philosophe Mohamed Bouhamidi en d\u00e9clarait \u00e0 juste titre, vers la fin du printemps 2019, l\u2019acte de d\u00e9c\u00e8s. Mais le cadavre du hirak bougeait encore pour devenir le zombie de l\u2019islamisme et du s\u00e9paratisme kabyle et le hochet mal\u00e9fique des bobos \u00ab\u00a0printanistes\u00a0\u00bb d\u2019Alger et de leur presse dans un sc\u00e9nario impr\u00e9visible.<\/p>\n L\u2019engagement du \u00ab\u00a0Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb en faveur du n\u00e9o-hirak dont l\u2019ambition est de mettre \u00e0 terre un pouvoir d\u2019\u00c9tat l\u00e9gal ne s\u2019est jamais d\u00e9menti. R\u00e9cemment, M. Ali Bahmane, un gourou du journal, co-fondateur et membre du conseil d\u2019administration du titre, animateur des pages de d\u00e9bat, gourmandait la corporation des avocats de la place d\u2019Alger\u00a0: \u00ab\u00a0Des avocats pour lesquels on \u00e9prouve un immense respect se sont mis en gr\u00e8ve parce que la voiture d\u2019un de leurs confr\u00e8res a \u00e9t\u00e9 mise en fourri\u00e8re. Mais ils ne se sont pas mobilis\u00e9s pour d\u00e9fendre 300 patriotes emprisonn\u00e9s parce qu\u2019ils militent pour la d\u00e9mocratie, la libert\u00e9 et la justice\u00a0\u00bb (13). Inimaginable\u00a0: un titre de presse agr\u00e9\u00e9 entretenant une fronde d\u2019activistes de rue et de r\u00e9seaux sociaux contre l\u2019\u00c9tat l\u00e9gal et leur conf\u00e9rant la qualit\u00e9 de \u00ab\u00a0patriotes\u00a0\u00bb. Maladresse\u00a0? Non, engagement r\u00e9solu. \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb est bien dans l\u2019ordre de marches et des combats, hors de toute l\u00e9galit\u00e9, contre un pouvoir d\u2019\u00c9tat, qui emprisonne des \u00ab\u00a0patriotes\u00a0\u00bb, qui brime la \u00ab\u00a0d\u00e9mocratie\u00a0\u00bb, la \u00ab\u00a0libert\u00e9\u00a0\u00bb et la \u00ab\u00a0justice\u00a0\u00bb. Tristement surr\u00e9aliste\u00a0! \u00c0 d\u00e9faut d\u2019avocats embourb\u00e9s dans une affaire de fourri\u00e8re, l\u2019\u00e9ditorialiste s\u2019\u00e9rige en d\u00e9fenseur de \u00ab\u00a0300 patriotes\u00a0\u00bb de mauvais aloi, du d\u00e9sordre de rues et de places publiques. Et, dans cet odieux harc\u00e8lement de l\u2019\u00c9tat, le billettiste Chawki Amari, insulteur de l\u2019embl\u00e8me national, se charge d\u2019ass\u00e9ner le coup de pied de l\u2019\u00e2ne, dans une pr\u00e9sentation caricaturale du r\u00e9el alg\u00e9rien, d\u00e9classant la pr\u00e9sidence de M. Tebboune en \u00ab\u00a0parenth\u00e8se\u00a0d\u00e9sastreuse\u00a0\u00bb (8 ao\u00fbt 2021). Pour qui roule \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb, journal ouvertement d\u2019opposition au pouvoir d\u2019\u00c9tat l\u00e9gal\u00a0? Pour une transition sous la banni\u00e8re am\u00e9ricaine du triumvir Bouchachi, Assoul, Tabbou et de ses ma\u00eetres embusqu\u00e9s, islamistes et s\u00e9paratistes kabyles du n\u00e9o-hirak\u00a0? Ces activistes qui n\u2019ont rien prouv\u00e9, \u00e0 l\u2019aff\u00fbt d\u2019une chute de l\u2019Alg\u00e9rie, sont au-dessous de M. Bengrina, qui fait de la politique, fut-elle de la mauvaise politique.<\/p>\n Contester la politique du pr\u00e9sident et de son gouvernement\u00a0? C\u2019est faisable et m\u00eame souhaitable\u00a0: il y a des partis, des acteurs politiques et m\u00eame d\u2019\u00e9minentes personnalit\u00e9s de la soci\u00e9t\u00e9 civile pour s\u2019y pr\u00eater. Dans le cadre de la d\u00e9mocratie et de ses tribunes. M\u00eame la Grande Am\u00e9rique a rappel\u00e9 cette discipline politique d\u00e9mocratique lors de l\u2019attaque du Congr\u00e8s par des ligues d\u2019extr\u00eame droite affid\u00e9es du candidat Trump battu dans les urnes.<\/p>\n Il faudrait r\u00e9diger vingt forts volumes pour \u00e9puiser les contretemps (ou d\u00e9rapages) du \u00ab\u00a0Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb qui est un journal de censeurs, qui ne publiera jamais une personne qui ne pense pas comme lui \u2013 ou plus simplement contre lui (14). Il ne conc\u00e8dera jamais \u00e0 ses contradicteurs le droit \u00e0 la critique sous le sceau \u00a0duquel il s\u2019abrite effront\u00e9ment.<\/p>\n Information et loyaut\u00e9<\/em><\/strong><\/p>\n Il fut un temps, autour des ann\u00e9es 1990-2000, o\u00f9 des titres comme \u00ab\u00a0El Khabar\u00a0\u00bb et \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb, d\u00e9positaires de la publicit\u00e9 commerciale priv\u00e9e, refusaient les annonces de particuliers ou les pla\u00e7aient en attente, parfois pendant plusieurs semaines, tout en se d\u00e9tournant de la publicit\u00e9 administrative de l\u2019\u00c9tat. \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb ne manquait pas de morig\u00e9ner les petits journaux au tirage confidentiel de 3000 exemplaires\/jour. Dans ses beaux jours, voguant sur l\u2019impression des dizaines de milliers d\u2019exemplaires, il a recherch\u00e9 l\u2019estampille d\u2019un organisme fran\u00e7ais de certification de la diffusion, l\u2019OJD. Et, \u00e0 ses concurrents recal\u00e9s, il se faisait fort d\u2019expliquer, non sans cynisme, son insolent succ\u00e8s par les terribles lois du march\u00e9 lib\u00e9ral de la publicit\u00e9. Combien de quotidiens et de journalistes talentueux, c\u00e9dant au romantisme d\u00e9suet de \u00ab\u00a0l\u2019aventure intellectuelle\u00a0\u00bb, ont \u00e9t\u00e9 cass\u00e9s parce que la publicit\u00e9 commerciale allait dans l\u2019escarcelle d\u2019une demi-douzaine de titres privil\u00e9gi\u00e9s sur une centaine ? Autre temps, autres m\u0153urs. \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb ne se sustente plus d\u2019intempestives rigueurs du march\u00e9 pour en faire la m\u00e9prisante le\u00e7on \u00e0 des concurrents malheureux. Il en est \u00e0 qu\u00eater les annonces \u00e0 1\/32e<\/sup>\u00a0de page de l\u2019antenne communale d\u2019A\u00efn Oussera ou du dispensaire des Ouled Rabah, El Milia, dont l\u2019ANEP fait son miel.<\/p>\n \u00c0 trente ans d\u2019\u00e2ge, \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb a mis\u00e9 et compromis un pass\u00e9 \u00a0honorable dans d\u2019indignes rendez-vous de l\u2019Histoire pr\u00e9sente. En se fondant dans l\u2019attelage d\u2019un n\u00e9o-hirak sous la banni\u00e8re de l\u2019islamisme, du s\u00e9paratisme kabyle \u2013 qu\u2019il impute dans un vibrant \u00e9ditorial \u00e0 l\u2019\u00c9tat \u2013 et de la \u00ab\u00a0printanisation\u00a0\u00bb arabe, il \u00a0est plus proche d\u2019une impasse que d\u2019une promesse. Le \u00ab\u00a0journalisme critique\u00a0\u00bb, dont se gargarise son conseil d\u2019administration, appelle d\u2019autres valeurs que la trahison et la b\u00e9n\u00e9diction donn\u00e9e aux forces obscures qui veulent rompre l\u2019unit\u00e9 du pays. Ne confond-il pas \u00e0 dessein \u00ab\u00a0pluralisme politique\u00a0\u00bb et \u00ab\u00a0pluralisme m\u00e9diatique\u00a0\u00bb, deux ph\u00e9nom\u00e8nes diff\u00e9rents dans leur essence\u00a0? Si le pluralisme politique est la possibilit\u00e9 de l\u2019expression politique dans des institutions d\u00e9mocratiques projet\u00e9es par l\u2019\u00c9tat (partis, assembl\u00e9es \u00e9lues, organismes constitutionnels, syndicats, associations, etc.), le pluralisme m\u00e9diatique n\u2019en est pas le double. Il r\u00e9pond davantage d\u2019une conception de l\u2019information et de l\u2019entreprise de presse que d\u2019un objectif politique. Le l\u00e9gislateur n\u2019a pas autoris\u00e9 la cr\u00e9ation de titres de presse priv\u00e9s aux objectifs politiques, pour suppl\u00e9er ou tenir la main de partis politiques d\u00e9faillants.<\/p>\n \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb, si loin de la Patrie, f\u00eatant \u00ab\u00a0La Libye libre\u00a0\u00bb et les massacres de l\u2019OTAN, secourant le n\u00e9o-hirak contre l\u2019\u00c9tat l\u00e9gal, c\u00e9l\u00e9brant et accueillant dans ses colonnes la double nationalit\u00e9 franco-alg\u00e9rienne, remembrant l\u2019Alg\u00e9rie fran\u00e7aise, en effa\u00e7ant la m\u00e9moire du combat contre la France coloniale et ses malheurs, est-il, aujourd\u2019hui, d\u00e9fendable\u00a0? S\u2019adressant, par d\u00e9fi, non sans morgue, \u00e0 ses seuls lecteurs au lieu d\u2019interpeller directement l\u2019opinion publique et le pouvoir, il estime ne demander ni aum\u00f4ne ni faveur mais le respect. A-t-il pour sa part respect\u00e9 l\u2019\u00c9tat et son pr\u00e9sident l\u00e9galement \u00e9lu en s\u2019alignant derri\u00e8re le n\u00e9o-hirak et ses \u00ab\u00a0patriotes\u00a0\u00bb de toutes cuv\u00e9es insanes aux objectifs n\u00e9fastes\u00a0? Il est ais\u00e9 de s\u2019acheter une irr\u00e9prochable conduite sans verser dans \u00ab\u00a0l\u2019outrage, l\u2019insulte et la diffamation\u00a0\u00bb (15). Mais activer pour le changement de l\u2019\u00c9tat hors des urnes, jouer \u00e0 hue et \u00e0 dia son int\u00e9grit\u00e9 territoriale, d\u00e9nigrer son pouvoir et ses institutions l\u00e9gales prend-il place dans une \u00ab\u00a0libert\u00e9 totale d\u2019expression\u00a0\u00bb (16)\u00a0?<\/p>\n Le respect ? Parlons-en. Le seul respect dont peut se pr\u00e9valoir valablement un\u00a0 journal est celui qu\u2019il doit \u00e0 ses lecteurs en leur proposant une information v\u00e9rifiable et fond\u00e9e. Dans l\u2019exemple des agitateurs \u00ab printanistes \u00bb discut\u00e9 plus haut, les lecteurs du \u00ab Quotidien ind\u00e9pendant \u00bb n\u2019ont jamais rencontr\u00e9 le docteur Ahmed Bensaada et n\u2019ont pas connu les termes de son enqu\u00eate sur les \u00ab t\u00e9nors autoproclam\u00e9s de hirak \u00bb, notamment\u00a0 Mustapha Bouchachi, Zoubida Assoul, Karim Tabbou, Abdelouahab Fersaoui ; et, ils ont ignor\u00e9 leur grave implication dans les programmes am\u00e9ricains de d\u00e9mocratisation du Grand Moyen Orient, principalement en Alg\u00e9rie. INFORMATIONS CENSUR\u00c9ES. Nulle trace, aussi, dans leur journal de la composante destructrice du n\u00e9o-hirak et ses objectifs terroristes ne leurs sont pas d\u00e9voil\u00e9s. Ces DONN\u00c9ES, comme beaucoup d\u2019autres, sont CENSUR\u00c9ES et restent OPAQUES pour les lecteurs du \u00ab Quotidien ind\u00e9pendant \u00bb, parce qu\u2019elles ne correspondent pas aux engagements politico-id\u00e9ologiques de son conseil d\u2019administration. Au \u00ab Quotidien ind\u00e9pendant \u00bb, le respect de l\u2019information et des lecteurs est \u00e0 cette aune. Il est bienheureux, \u00e0 cet \u00e9gard, que le lecteur alg\u00e9rien s\u2019abreuve \u00e0 plusieurs sources d\u2019information.<\/p>\n Concluons donc. Si la publicit\u00e9 publique est un levier de l\u2019action gouvernementale, pour la mise \u00e0 mort d\u2019un titre de presse, pour n\u2019importe quelle raisons, entre autres la raison d\u2019\u00c9tat, il convient pour le gouvernement d\u2019en prendre acte publiquement. Et laisser \u00ab\u00a0Le Quotidien ind\u00e9pendant\u00a0\u00bb d\u00e9cider des moyens de sa survie ou de sa mort. Si ce n\u2019est pas le cas, cette publicit\u00e9 publique devrait lui revenir dans l\u2019\u00e9gale proportion que ses concurrents. Toutefois, le gouvernement peut arguer relativement \u00e0 la publicit\u00e9 publique d\u2019une aide de l\u2019\u00c9tat aux titres de presse \u00e0 caract\u00e8re discr\u00e9tionnaire, directe et non contractuelle. Et dans ce cas, il n\u2019est pas tenu d\u2019expliquer et de justifier une d\u00e9cision discr\u00e9tionnaire. Fin de partie.<\/p>\n Ce que les autorit\u00e9s de l\u2019\u00c9tat ont l\u2019obligation d\u2019interroger au regard des lois, c\u2019est la loyaut\u00e9 des institutions de presse priv\u00e9e et de leurs journalistes envers les chartes morales de leur profession et de leur pays. Cette r\u00e9gulation de l\u2019exercice du m\u00e9tier d\u2019informer, la cr\u00e9ation de dispositifs de contr\u00f4le et de sanction coercitifs, sont plus indispensables \u00e0 la cr\u00e9dibilit\u00e9 de la presse \u00e9crite que le controvers\u00e9 partage de la publicit\u00e9 publique. Un titre de presse qui s\u2019inscrit dans une d\u00e9marche de destruction de l\u2019\u00c9tat l\u00e9gal envisag\u00e9e par des organisations reconnues et d\u00e9clar\u00e9es terroristes devrait \u00eatre simplement interdit. Pourquoi un journal, quels que soient son statut et son histoire, n\u2019entrerait-il pas dans un cercle vertueux pour m\u00e9riter de son m\u00e9tier d\u2019informer\u00a0et, surtout du respect de ses lecteurs ?<\/p>\n Notes<\/em><\/strong><\/p>\n\n
<\/p>\n
\n