{"id":42861,"date":"2022-01-14T13:46:30","date_gmt":"2022-01-14T13:46:30","guid":{"rendered":"https:\/\/jazairhope.org\/?p=42861"},"modified":"2022-01-14T13:46:30","modified_gmt":"2022-01-14T13:46:30","slug":"algerie-berbere-ou-arabe-ou-simplement-algerienne","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jazairhope.org\/fr\/algerie-berbere-ou-arabe-ou-simplement-algerienne\/","title":{"rendered":"Alg\u00e9rie : berb\u00e8re ou arabe ? Ou simplement alg\u00e9rienne ?"},"content":{"rendered":"
Par Khider MESLOUB<\/strong><\/span><\/p>\n A la faveur de la crise \u00e9conomique, politique et institutionnelle provoqu\u00e9e par le\u00a0Hirak<\/i>, la question de l\u2019identit\u00e9 nationale a refait surface. D’aucuns se sont engouffr\u00e9s dans cette br\u00e8che contestataire du 22 f\u00e9vrier pour porter haut la revendication identitaire berb\u00e9riste, cristallis\u00e9e par le brandissement de l\u2019embl\u00e8me amazigh lors des manifestations contre le r\u00e9gime. Moyen et ruse ethniques de se d\u00e9marquer du reste de la population \u00ab\u00a0arabe\u00a0\u00bb ou opportunit\u00e9 contestataire exploit\u00e9e pour imposer l\u2019id\u00e9ologie berb\u00e9riste sur la sc\u00e8ne protestataire alg\u00e9rienne, ou plus gravement, op\u00e9ration commandit\u00e9e par quelque obscure officine \u00e9tatique pour d\u00e9voyer le mouvement populaire authentiquement nationale et moderne vers l\u2019impasse politique et l\u2019aporie identitaire\u00a0?<\/strong><\/span><\/p>\n Ainsi la question berb\u00e8re s\u2019est-elle invit\u00e9e dans le d\u00e9bat public en cette p\u00e9riode historique de soul\u00e8vement populaire amorc\u00e9e le 22 f\u00e9vrier 2019. La controverse a pris une dimension judiciaire avec l\u2019interdiction calcul\u00e9e de l\u2019exhibition de l\u2019embl\u00e8me amazigh, interdiction ordonn\u00e9e par le nouvel homme fort du pays, Ga\u00efd Salah. Entre partisans de l’identit\u00e9 berb\u00e8re et tenants de l\u2019arabit\u00e9 de l\u2019identit\u00e9 nationale, le conflit semble de nouveau ouvert, pour mieux fermer la parenth\u00e8se du soul\u00e8vement populaire. Cependant, au sein des deux entit\u00e9s antagoniques, l\u2019argumentation respective s\u2019appuie sur une mystification de l\u2019histoire. Particuli\u00e8rement vrai pour la composante berb\u00e9riste. Pour nous permettre d\u2019\u00e9clairer la question de l\u2019identit\u00e9 nationale alg\u00e9rienne, un rappel historique sur l\u2019origine et les fondements id\u00e9ologiques du berb\u00e9risme est crucial.<\/span><\/p>\n Il est commun\u00e9ment admis que le berb\u00e9risme est n\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9tranger, avec le soutien de la main invisible de puissances occultes, avant d\u2019essaimer en Kabylie, puis dans les autres r\u00e9gions de l’Alg\u00e9rie. En outre, le berb\u00e9risme a toujours \u00e9t\u00e9 l\u2019apanage de la petite-bourgeoisie intellectuelle francophone.D\u00e8s l\u2019\u00e9poque de la lutte de Lib\u00e9ration nationale, cette frange de l\u2019avant-garde des r\u00e9volutionnaires alg\u00e9riens a voulu placer son combat sous les auspices de la sp\u00e9cificit\u00e9 culturelle berb\u00e8re de l\u2019Alg\u00e9rie. Anim\u00e9e par un esprit la\u00efque inculqu\u00e9 par l\u2019\u00e9cole fran\u00e7aise, parfois d\u2019ob\u00e9dience communiste (stalinienne), elle s\u2019est \u00e9rig\u00e9e contre l\u2019orientation arabo-islamique impuls\u00e9e au mouvement de Lib\u00e9ration nationale par la majorit\u00e9 des membres de l\u2019organisation anticolonialiste.\u00a0Vaincue au cours des ann\u00e9es 1940, puis totalement effac\u00e9e de la sc\u00e8ne politique au cours des ann\u00e9es de la guerre de Lib\u00e9ration Nationale 1954\/1962, la revendication berb\u00e9riste resurgit au lendemain de l\u2019ind\u00e9pendance. Port\u00e9e par une minorit\u00e9 d\u2019intellectuels \u00e9tablis en France et au Canada, la question berb\u00e9riste prendra une dimension politique solennelle, notamment par la cr\u00e9ation de l\u2019Acad\u00e9mie berb\u00e8re.\u00a0Issus majoritairement de la Kabylie, ses principaux animateurs s\u2019attelleront d\u00e8s lors \u00e0 \u00e9laborer une construction historique de l\u2019Alg\u00e9rie totalement mythifi\u00e9e. Ces berb\u00e9ristes, issus pourtant d’un pays \u00e0 l’histoire sans \u00e9criture, s\u2019ing\u00e9nieront \u00e0 r\u00e9\u00e9crire l\u2019histoire de l\u2019Alg\u00e9rie sur des fondements enti\u00e8rement falsifi\u00e9s.<\/span><\/p>\n En effet, au cours de ces derni\u00e8res d\u00e9cennies postind\u00e9pendance, une histoire berb\u00e9ris\u00e9e \u00e0 outrance de l\u2019Alg\u00e9rie a r\u00e9ussi le tour de force de supplanter l\u2019histoire officielle arabis\u00e9e, tout autant tronqu\u00e9e, en vue de motiver la revendication identitaire berb\u00e8re. Certes, la revendication linguistique berb\u00e8re est l\u00e9gitime, mais elle ne doit pas autoriser la falsification de l\u2019histoire de l\u2019Alg\u00e9rie (et au-del\u00e0, du Maghreb) par les partisans de l\u2019amazighit\u00e9 id\u00e9ologique.<\/span><\/p>\n \u00a0De toute \u00e9vidence, ces derni\u00e8res ann\u00e9es, nous avons assist\u00e9 \u00e0 un v\u00e9ritable hold-up historique, perp\u00e9tr\u00e9 par les berb\u00e9ristes. Dans leur entreprise de r\u00e9cup\u00e9ration chauvine ethniciste, ils se sont livr\u00e9s \u00e0 une construction id\u00e9ologique d\u2019un r\u00e9cit historique berb\u00e9riste totalement mythifi\u00e9. Pour appuyer leur mystification, ils n\u2019h\u00e9sitent pas \u00e0 user et abuser d\u2019anachronismes.\u00a0Ainsi, appliquent-ils sans vergogne des sch\u00e9mas de pens\u00e9e contemporains \u00e0 des r\u00e9alit\u00e9s historiques antiques.\u00a0\u00a0<\/span><\/p>\n \u00a0Parmi les plus grandes mystifications figure cet usage s\u00e9mantique de la traduction du vocable \u00ab\u00a0Amazigh\u00a0\u00bb sous le nom \u00ab\u00a0d\u2019homme libre\u00a0\u00bb, en lui accolant une connotation politique contemporaine inappropri\u00e9e et ill\u00e9gitime. En effet, contrairement \u00e0 la d\u00e9finition habituelle \u00e9nonc\u00e9e par les berb\u00e9ristes, le terme Amazigh, s\u2019il signifie bien \u00ab\u00a0homme libre\u00a0\u00bb, ne peut pas \u00eatre apparent\u00e9 \u00e0 l\u2019expression actuelle moderne \u00e0 l\u2019\u00e9vocation politique\u00a0prononc\u00e9e. Historiquement, il est \u00e9tabli anthropologiquement que les anciennes soci\u00e9t\u00e9s tribales, tels les Berb\u00e8res, se d\u00e9signaient, pour se diff\u00e9rencier d\u2019autres tribus ennemies aptes \u00e0 \u00eatre donc soumises, par le terme \u00ab\u00a0d\u2019hommes libres\u00a0\u00bb. \u00ab\u00a0Hommes libres\u00a0\u00bb, par opposition aux autres hommes des autres tribus susceptibles d\u2019\u00eatre attaqu\u00e9s, soumis, domin\u00e9s, r\u00e9duits \u00e0 l\u2019esclavage, voire mang\u00e9s.<\/span><\/p>\n Ce vocable ne peut donc pas \u00eatre associ\u00e9 aux d\u00e9finitions contemporaines charg\u00e9es d\u2019une dimension politique puis\u00e9e dans les soci\u00e9t\u00e9s d\u00e9mocratiques occidentales. Il n\u2019a pas la valeur de l\u2019acception moderne, th\u00e9oris\u00e9e par les philosophes et les l\u00e9gislateurs contemporains occidentaux. En effet, selon la terminologie juridique et politique bourgeoise, dans son acception large, l\u2019appellation moderne \u00ab\u00a0d\u2019homme libre\u00a0\u00bb renvoie au concept \u00ab\u00a0citoyen libre\u00a0\u00bb n\u00e9 avec les R\u00e9volutions fran\u00e7aise et am\u00e9ricaine. L\u2019expression renferme cette dimension politique de l\u2019homme inali\u00e9nable, aucunement soumis \u00e0 une divinit\u00e9 ni \u00e0 un pouvoir royal absolutiste. Affranchi de toute suj\u00e9tion aux pouvoirs religieux et politiques, \u00ab\u00a0l\u2019homme-individu-citoyen\u00a0\u00bb affirme ainsi sa libert\u00e9 de gouvernance dans une soci\u00e9t\u00e9 d\u00e9mocratique. On est loin de la d\u00e9finition anthropologique tribale. Pourtant, la majorit\u00e9 des Kabyles, par ignorance historique, accolent encore aujourd\u2019hui au vocable Amazigh la signification anachronique d\u2019homme libre associ\u00e9 \u00e0 sa d\u00e9finition moderne politique, autrement dit homme inali\u00e9nable, citoyen libre.<\/span><\/p>\n Un second exemple parmi tant d\u2019autres\u00a0: alors que tous les authentiques historiens s\u2019accordent sur l\u2019absence de l\u2019existence d\u2019un royaume uni et p\u00e9renne en Alg\u00e9rie, pays \u00e0 l\u2019\u00e9poque \u00e9clat\u00e9 en de multiples tribus constamment en guerre les unes contres les autres, les berb\u00e9ristes s\u2019\u00e9chinent \u00e0 tresser des l\u00e9gendes sur cette p\u00e9riode antique romantiquement d\u00e9peinte comme une glorieuse \u00e9poque, au cours de laquelle une \u00ab\u00a0nation berb\u00e8re\u00a0\u00bb aurait librement exist\u00e9, une \u00ab\u00a0civilisation berb\u00e8re\u00a0\u00bb homog\u00e8ne se serait brillamment \u00e9panouie. Au reste, ces berb\u00e9ristes n\u2019h\u00e9sitent pas non plus \u00e0 confisquer l\u2019histoire des \u00ab\u00a0rois\u00a0\u00bb fantoches berb\u00e8res (souvent romanis\u00e9s). Qui, soit dit en passant, ont souvent r\u00e9prim\u00e9 les soul\u00e8vements des paysans amazighs, accul\u00e9s \u00e0 la r\u00e9volte du fait de la politique d\u2019expropriation des terres et d\u2019exploitation forcen\u00e9e appliqu\u00e9e par les classes dominantes esclavagistes romano-berb\u00e8res de l\u2019\u00e9poque, par ailleurs majoritairement vassalis\u00e9es par Rome.<\/span><\/p>\n \u00a0De mani\u00e8re g\u00e9n\u00e9rale, s\u2019il est un fait historique irr\u00e9cusable, c\u2019est l\u2019isolement de la Kabylie du reste du territoire alg\u00e9rien au cours de ces derniers mill\u00e9naires. Au cours de sa longue histoire jalonn\u00e9e d\u2019occupations \u00e9trang\u00e8res, l\u2019Alg\u00e9rie a \u00e9t\u00e9 constamment colonis\u00e9e. Toutes les r\u00e9gions du pays ont \u00e9t\u00e9 conquises, except\u00e9 la Kabylie. Aucune puissance occupante, coloniale, depuis les Ph\u00e9niciens jusqu\u2019aux Turcs, en passant par les Romains, n\u2019a jamais pu conqu\u00e9rir la Kabylie. Et par voie de cons\u00e9quence, soumettre les Kabyles.\u00a0Vivant dans un isolat, derri\u00e8re les murailles montagneuses inexpugnables, la population kabyle a \u00e9volu\u00e9 dans une soci\u00e9t\u00e9 tribale autarcique, qui lui a ainsi permis de pr\u00e9server sa culture et sa langue jusqu\u2019\u00e0 aujourd\u2019hui. En outre, cet enclavement a concouru \u00e0 l\u2019absence de participation de ces montagnards au d\u00e9veloppement politique et culturel du reste du pays.\u00a0De fait, retranch\u00e9s dans leurs montagnes, les Kabyles n\u2019ont contribu\u00e9 nullement aux soubresauts de l\u2019histoire alg\u00e9rienne. On peut affirmer, sans risque d\u2019\u00eatre contredit, que la majorit\u00e9 de tous les grands hommes et rares femmes, rois, hommes politiques, religieux, hommes de sciences et de lettres, artistes, ayant contribu\u00e9 au cours des deux mill\u00e9naires \u00e9coul\u00e9s au d\u00e9veloppement culturel et politique du pays ont \u00e9t\u00e9 originaires de toutes les r\u00e9gions du Maghreb, except\u00e9 de la Kabylie.\u00a0Depuis\u00a0Massinissa, Juba, Jugurtha, en passant par saint Augustin, Tertullien, saint Cyprien<\/b>,\u00a0Kahina<\/b>, jusqu\u2019\u00e0\u00a0Ibn Khaldoun<\/b>\u00a0et tant d\u2019autres c\u00e9l\u00e9brit\u00e9s berb\u00e8res, tous sont originaires de toutes les r\u00e9gions du Maghreb. Mais aucun n\u2019est issu de la Kabylie.\u00a0Dans un chapitre de l\u2019histoire plus pr\u00e8s de nous, il aura fallu l\u2019invasion de l\u2019Alg\u00e9rie par la France pour voir la Kabylie int\u00e9gralement envahie. Cette conqu\u00eate a \u00e9t\u00e9 obtenue gr\u00e2ce \u00e0 la sup\u00e9riorit\u00e9 militaire et technologique de la France. L\u2019armement perfectionn\u00e9 de la nouvelle puissance coloniale est venu \u00e0 bout de la r\u00e9sistance des Kabyles, presque trente ans apr\u00e8s la colonisation du reste du territoire de l\u2019Alg\u00e9rie.<\/span><\/p>\n Pour la premi\u00e8re fois dans l\u2019histoire de cette r\u00e9gion longtemps demeur\u00e9e isol\u00e9e, la Kabylie a \u00e9t\u00e9 directement occup\u00e9e par des troupes militaires \u00e9trang\u00e8res. Cette intrusion va radicalement bouleverser la soci\u00e9t\u00e9 tribale kabyle. D\u2019abord soumise \u00e0 une f\u00e9roce colonisation et \u00e0 de sanglantes r\u00e9pressions \u00e0 chaque r\u00e9bellion, la Kabylie sera ensuite l\u2019enjeu d\u2019une politique sournoise de \u00ab\u00a0discrimination positive\u00a0\u00bb, pour la d\u00e9tacher des autres r\u00e9gions arabophones.\u00a0Dans un but inavou\u00e9 de division des Alg\u00e9riens, la \u00ab\u00a0politique kabyle\u00a0<\/i><\/b>\u00bb, initi\u00e9e par la France coloniale, a consist\u00e9 \u00e0 pr\u00e9senter les Kabyles comme une population radicalement diff\u00e9rente des autres habitants \u00ab\u00a0arabophones\u00a0\u00bb de l\u2019Alg\u00e9rie. Par ses suppos\u00e9s traits physiques apparent\u00e9s aux Europ\u00e9ens, par ses ascendances ethniques pareillement pr\u00e9tendument \u00ab\u00a0aryennes\u00a0\u00bb, par ses \u00ab\u00a0racines religieuses\u00a0\u00bb chr\u00e9tiennes exhib\u00e9es pour la cause coloniale, par la pr\u00e9tendue sup\u00e9riorit\u00e9 de son intelligence, par la modernit\u00e9 de sa mentalit\u00e9, par sa soi-disant pratique souple et tol\u00e9rante de l\u2019islam, par son pr\u00e9tendu esprit la\u00efque visc\u00e9ralement inn\u00e9, par ses traditions politiques cong\u00e9nitalement d\u00e9mocratiques, etc., la population kabyle s\u2019est vue aur\u00e9ol\u00e9e de toutes les vertus bourgeoises propices \u00e0 son assimilation ais\u00e9e \u00e0 la culture coloniale et imp\u00e9rialiste fran\u00e7aise.<\/span><\/p>\n Cette propagande coloniale, propag\u00e9e au sein de la soci\u00e9t\u00e9 kabyle, continue malheureusement de provoquer des ravages, notamment parmi les ind\u00e9pendantistes berb\u00e9ristes contemporains qui cultivent un irr\u00e9dentisme fond\u00e9 sur des st\u00e9r\u00e9otypes tout droit d\u00e9riv\u00e9s des th\u00e9ories raciales r\u00e9pandues par les colons improvis\u00e9s, qui ethnologues, qui anthropologues, qui historiens.\u00a0De toute \u00e9vidence, seule l\u2019occupation coloniale fran\u00e7aise est parvenue \u00e0 \u00e9branler la soci\u00e9t\u00e9 kabyle. Par l\u2019instruction scolaire rudimentaire prodigu\u00e9e parcimonieusement par l\u2019\u00e9cole coloniale, comme par l\u2019\u00e9migration pr\u00e9coce kabyle \u00e0 destination de la m\u00e9tropole fran\u00e7aise, les Kabyles ont amorc\u00e9 la construction politique d\u2019une conscience nationale alg\u00e9rienne. Cette \u00e9mergence de la conscience nationale a permis aux Kabyles de former les premi\u00e8res organisations anticolonialistes, notamment en France, o\u00f9 ils \u00e9taient majoritaires dans l\u2019immigration alg\u00e9rienne.\u00a0Gr\u00e2ce \u00e0 son affranchissement de la mentalit\u00e9 tribale, la soci\u00e9t\u00e9 kabyle s\u2019est arrim\u00e9e, pour la premi\u00e8re fois de l\u2019histoire, \u00e0 l\u2019ensemble du territoire alg\u00e9rien. Solidaire du destin de l\u2019Alg\u00e9rie, la Kabylie a concouru bravement \u00e0 la lutte de Lib\u00e9ration nationale. Aujourd\u2019hui, elle fait partie int\u00e9grante de l\u2019Alg\u00e9rie.<\/span><\/p>\n Mais, actuellement, \u00e0 la faveur de la crise prot\u00e9iforme de l\u2019Alg\u00e9rie, \u00e0 la fois \u00e9conomique, politique et institutionnelle, une composante berb\u00e9riste bourgeoise s’est engouffr\u00e9e dans cette br\u00e8che pour, soit radicalement d\u00e9velopper un discours irr\u00e9dentiste, soit plus id\u00e9ologiquement se livrer \u00e0 une OPA linguistico-culturelle berb\u00e9riste sur le reste de l\u2019Alg\u00e9rie, majoritairement arabe depuis des si\u00e8cles. \u00c9videmment, chacun aura compris que la survie de la faction de la bourgeoisie alg\u00e9rienne est li\u00e9e \u00e0 la survie du particularisme kabyle qui, le temps venu, sera marchand\u00e9 \u00e0 sa valeur \u00e9conomique et politique.<\/span><\/strong><\/p><\/blockquote>\n \u00c0 l\u2019\u00e9vidence, avec sa vision \u00e9troite et opportuniste, cette frange berb\u00e9riste est incapable d\u2019appr\u00e9hender de mani\u00e8re objective la r\u00e9alit\u00e9 historique alg\u00e9rienne. De son point de vue archa\u00efque, l\u2019Alg\u00e9rie (comme tout le Maghreb) est demeur\u00e9e fig\u00e9e au m\u00eame stade historique antique. Donc, l\u2019Alg\u00e9rie est berb\u00e8re (de toute \u00e9ternit\u00e9). Une soci\u00e9t\u00e9 tribale fig\u00e9e est incapable de percevoir la soci\u00e9t\u00e9 dans une approche historique dynamique, marqu\u00e9e par le perp\u00e9tuel mouvement et le changement. Pour elle, la vie est un \u00e9ternel recommencement du m\u00eame cycle. Prisonni\u00e8re d’une vision domin\u00e9e par l’invariance et l\u2019involution, elle appr\u00e9hende l\u2019histoire dans une optique statique. Aussi, n’\u00e9tait-il pas surprenant qu’elle d\u00e9finisse la nation d\u2019un point de vue ethniciste, \u00e0 la mani\u00e8re des Juifs. Tout ceci est un construit id\u00e9ologique, culturel et politique, servant \u00e0 justifier ses revendications pour une portion des redevances p\u00e9troli\u00e8res, gazi\u00e8res, marchandes et agricoles.<\/span><\/p>\n C\u2019est la raison pour laquelle elle ne peut int\u00e9grer les postulats juridiques et sociologiques modernes en mati\u00e8re de caract\u00e9risation d\u2019une nation, fond\u00e9e non sur une conception ethnique mais sur des axiomes juridiques et sociologiques capitalistes inscrits dans le droit international bourgeois. De l\u00e0 son int\u00e9r\u00eat \u00e0 nier que la majorit\u00e9 des Alg\u00e9riens soit arabe, au sens culturel et linguistique du terme, pour monnayer ses revendications. Quatorze si\u00e8cles d\u2019islamisation et d\u2019arabisation de la soci\u00e9t\u00e9 alg\u00e9rienne, et pourtant cette frange berb\u00e9riste refuse d\u2019admettre et de se soumettre \u00e0 cette profonde mutation quasi anthropologique de l\u2019Alg\u00e9rie. Avec sa conception racialiste tribale opportuniste, pour elle l\u2019Alg\u00e9rie est demeur\u00e9e \u00ab\u00a0berb\u00e8re\u00a0\u00bb depuis la nuit des temps, et le demeurera jusqu\u2019\u00e0 la fin des temps, ou du moins jusqu\u2019au repartage des pr\u00e9bendes nationales, assurant \u00e0 la Kabylie une belle part du g\u00e2teau de la rente.<\/span><\/p>\n En v\u00e9rit\u00e9, c\u2019est \u00e0 cette frange berb\u00e9riste de se conformer \u00e0 ce fait historique de la transformation radicale de la soci\u00e9t\u00e9 alg\u00e9rienne au cours des si\u00e8cles \u00e9coul\u00e9s, et non aux Alg\u00e9riens, depuis des si\u00e8cles arabis\u00e9s, d\u2019\u00e9pouser les postulats fantasmagoriques culturels et linguistiques de ces berb\u00e9ristes int\u00e9ress\u00e9s, avides de pouvoir. Ces derniers doivent se d\u00e9faire de leur conception doctrinaire ethniciste de la nation alg\u00e9rienne \u00e9ternellement berb\u00e8re. La nation se fonde sur des r\u00e9alit\u00e9s historique, linguistique, culturelle, religieuse en perp\u00e9tuelle transformation. Mais surtout, la nation se fonde sur un mode de production (aujourd\u2019hui industriel\u2014urbain-capitaliste) et des rapports de production (aujourd’hui bourgeois) en perp\u00e9tuels bouleversements, sous les assauts non pas des luttes ethniques ou raciales, mais des luttes de classe.<\/span><\/p>\n Assur\u00e9ment, la langue arabe comme la culture arabe sont parties int\u00e9grantes de l\u2019identit\u00e9 alg\u00e9rienne. La communaut\u00e9 alg\u00e9rienne, majoritairement, a embrass\u00e9 la langue et la culture arabes. De ce fait, il est fond\u00e9 historiquement et sociologiquement de d\u00e9finir l\u2019Alg\u00e9rie comme arabe. Mais l\u00e0 n\u2019est pas la caract\u00e9ristique fondamentale de la soci\u00e9t\u00e9 alg\u00e9rienne moderne. La caract\u00e9ristique essentielle r\u00e9cente de l\u2019Alg\u00e9rie est d\u2019\u00eatre une soci\u00e9t\u00e9 capitaliste-industrielle-urbaine. Elle est donc form\u00e9e majoritairement de prol\u00e9taires\u00a0; les reliquats de paysannerie \u00e9tant vou\u00e9s \u00e0 dispara\u00eetre. Y compris en Kabylie.<\/span><\/p>\n Ce n\u2019est pas \u00e0 une minorit\u00e9 communautaire linguistique alg\u00e9rienne, d\u2019expression kabyle, de modifier cette r\u00e9alit\u00e9, de nier cette dimension culturelle et linguistique arabe de l\u2019Alg\u00e9rie, au nom d\u2019une conception ethniciste anachronique de la nation. La Kabylie fait partie int\u00e9grante de l\u2019Alg\u00e9rie, certes avec ses sp\u00e9cificit\u00e9s linguistiques et culturelles qui doivent \u00eatre pr\u00e9serv\u00e9es et reconnues officiellement. Mais, elle n\u2019a pas \u00e0 verser dans une forme de politique linguistique et culturelle r\u00e9actionnaire contre la majorit\u00e9 des Alg\u00e9riens contemporains, somm\u00e9s d\u2019abjurer sa personnalit\u00e9 et son patrimoine arabes, ou plus pr\u00e9cis\u00e9ment arabes alg\u00e9riens.<\/span><\/p>\n Au demeurant, l\u2019amazighit\u00e9 est un mythe. L\u2019amazighit\u00e9 est une construction id\u00e9ologique forg\u00e9e par les berb\u00e9ristes. Il n\u2019a jamais eu d\u2019existence historique. Certes, au cours de l\u2019histoire mill\u00e9naire alg\u00e9rienne (maghr\u00e9bine), il a exist\u00e9 de nombreuses tribus \u00ab\u00a0berb\u00e9rophones\u00a0\u00bb, autrement dit amazighes. Mais les idiomes usit\u00e9s \u00e9taient tr\u00e8s disparates d\u2019une r\u00e9gion \u00e0 l\u2019autre. Le vocable \u00ab\u00a0berb\u00e8re\u00a0\u00bb est un terme g\u00e9n\u00e9rique. En raison de cette h\u00e9t\u00e9rog\u00e9n\u00e9it\u00e9 linguistique, on ne peut parler d\u2019une communaut\u00e9 amazighe, encore moins de l\u2019existence d\u2019une nation berb\u00e8re (ce serait tomber dans l\u2019anachronisme, les nations \u00e9tant une cr\u00e9ation r\u00e9cente). Par cons\u00e9quent, il n\u2019a pas exist\u00e9 de peuple berb\u00e8re, mais des tribus berb\u00e8res h\u00e9t\u00e9rog\u00e8nes, qui plus est constamment en conflits\u00a0entre elles.\u00a0De m\u00eame, \u00e0 plus forte raison, il n\u2019existe pas de \u00ab\u00a0peuple kabyle\u00a0\u00bb, population enti\u00e8rement alg\u00e9rienne.\u00a0On peut m\u00eame affirmer, sans risque d\u2019\u00eatre contredit, que c\u2019est gr\u00e2ce \u00e0 la langue arabe, massivement diffus\u00e9e concomitamment \u00e0 l\u2019islamisation de la soci\u00e9t\u00e9 alg\u00e9rienne (maghr\u00e9bine), que les tribus ont appris \u00e0 communiquer ensemble. Et par voie de cons\u00e9quence \u00e0 pacifier leurs relations, \u00e0 administrer \u00ab\u00a0nationalement\u00a0\u00bb le pays, par le truchement de la langue arabe, unique langue \u00e9crite. Ainsi, par-del\u00e0 les divisions conflictuelles tribales, la langue arabe est devenue un vecteur de coh\u00e9sion sociale et d\u2019identit\u00e9 \u00ab\u00a0nationale\u00a0\u00bb remarquables.\u00a0De nos jours, la langue arabe est la langue maternelle de la majorit\u00e9 des Alg\u00e9riens. Cette r\u00e9alit\u00e9 linguistique et culturelle arabe est inscrite dans l\u2019histoire de l\u2019Alg\u00e9rie. Aucune instance politique ou id\u00e9ologique ne peut le contester ou le renier. L\u2019arabit\u00e9 est consubstantiellement inh\u00e9rente \u00e0 l\u2019Alg\u00e9rie. Et contrairement \u00e0 la vision tribale racialiste berb\u00e9riste aveugl\u00e9e par l\u2019ignorance, par arabit\u00e9 on entend la dimension linguistique et culturelle de cette r\u00e9alit\u00e9 historique irr\u00e9futable.<\/span><\/p>\n La nation ne se d\u00e9finit pas par l\u2019appartenance ethnique, comme le postule la conception tribale anachronique berb\u00e9riste. La nation se caract\u00e9rise par la communaut\u00e9 d\u2019\u00e9conomie, de langue, de culture, de religion, de politique, de superstructure sociale (\u00c9tat), d\u2019histoire, par la communaut\u00e9 des rapports sociaux, aujourd\u2019hui majoritairement domin\u00e9s par les deux principales classes antagonistes, le prol\u00e9tariat et la bourgeoisie.<\/span><\/strong><\/p><\/blockquote>\n \u00a0Or, dans le cas de l\u2019Alg\u00e9rie, ces composantes historiques sont concentr\u00e9es dans l\u2019arabit\u00e9, au sens civilisationnel du terme et non ethnique.<\/i>\u00a0L\u2019Alg\u00e9rien, par sa langue et sa culture arrim\u00e9es depuis des si\u00e8cles au monde musulman, est arabe. Et il n\u2019y aucune honte \u00e0 l\u2019admettre, ni aucune fiert\u00e9 \u00e0 en tirer. C\u2019est un fait historique et sociologique irr\u00e9cusable.<\/span><\/p>\n Aujourd\u2019hui, les petits-bourgeois berb\u00e9ristes sont parvenus \u00e0 culpabiliser la majorit\u00e9 des Alg\u00e9riens sur leur identit\u00e9 alg\u00e9rienne arabe, rendue honteuse, au point de les acculer \u00e0 \u00e9pouser les fantasmagoriques revendications amazighes d\u00e9su\u00e8tes et anachroniques, \u00e9rig\u00e9es en \u00e9tendard national devant lequel chaque citoyen alg\u00e9rien doit se plier, comme une nouvelle religion, ou un nouveau totem comme avec l\u2019\u00ab\u00a0embl\u00e8me amazigh\u00a0\u00bb partout brandi comme le nouveau drapeau de l\u2019Alg\u00e9rie. Cette forme de dictature symbolique exerc\u00e9e contre la majorit\u00e9 des Alg\u00e9riens est inacceptable et condamnable. Cependant, la r\u00e9action de l\u2019\u00c9tat-major de l\u2019arm\u00e9e s\u2019appliquant \u00e0 \u00ab\u00a0surfer\u00a0\u00bb \u00e0 contre-courant sur cette vague r\u00e9actionnaire en interdisant les symboles kabyles est tout aussi condamnable. Le prol\u00e9tariat alg\u00e9rien doit refuser cat\u00e9goriquement de se laisser entra\u00eener sous l\u2019une ou l\u2019autre banni\u00e8re r\u00e9actionnaire. Seul importe pour lui son unit\u00e9 au sein d’une Alg\u00e9rie modernis\u00e9e, par-del\u00e0 les clivages artificiels religieux ou ethniques\u00a0; seuls doivent primer, pour lui, les revendications d\u2019am\u00e9lioration de conditions de vie et d\u2019obtention de travail pour vivre dignement.<\/span><\/p>\n Les citoyens alg\u00e9riens d\u2019expression kabyle, engag\u00e9s dans la mouvance berb\u00e9riste vindicative, doivent raison garder. Ils sont avant tout Alg\u00e9riens. Il faut bien admettre que ces fantasmagories identitaires sont tactiquement distill\u00e9es par la bourgeoisie r\u00e9gnante pour briser l\u2019unit\u00e9 de la classe prol\u00e9tarienne alg\u00e9rienne unifi\u00e9e. En effet, l’arme de la division ethnique est adroitement employ\u00e9e par la bourgeoisie alg\u00e9rienne qui, ces derni\u00e8res ann\u00e9es, apr\u00e8s avoir, un moment, promu l\u2019islamisme comme ferment de division nationale et de diversion politique pour consolider sa domination vacillante, s\u2019est mise \u00e0 encenser le\u00a0\u00ab\u00a0nationalisme\u00a0\u00bb (le terme communautarisme est plus ad\u00e9quat) kabyle, en promouvant ses tribales revendications au rang de politique culturelle nationale. Cette politique berb\u00e9riste, initi\u00e9e par le r\u00e9gime de Bouteflika, pourtant longtemps ennemi imp\u00e9nitent de la Kabylie, justifi\u00e9e au nom d\u2019une soi-disant \u00ab\u00a0communaut\u00e9 culturelle opprim\u00e9e\u00a0\u00bb et de l\u2019exhumation calcul\u00e9e de racines amazighes de l\u2019Alg\u00e9rie, constitue une v\u00e9ritable incitation \u00e0 la division entre prol\u00e9taires \u00ab\u00a0kabyles\u00a0\u00bb et \u00ab\u00a0arabes\u00a0\u00bb. Voire un encouragement de la haine. D\u00e9j\u00e0 en 1980, l\u2019authentique r\u00e9sistance ouvri\u00e8re et populaire des \u00e9v\u00e9nements de Tizi-Ouzou avait \u00e9t\u00e9 obscurcie et d\u00e9voy\u00e9e par la propulsion de l\u2019agitation universitaire et linguistique berb\u00e9riste, assur\u00e9ment pr\u00e9sente mais pas de mani\u00e8re d\u00e9terminante.<\/span><\/p>\n En v\u00e9rit\u00e9, le paradoxe est que le \u00ab\u00a0Kabyle est un Arabe qui parle kabyle<\/i>\u00a0\u00bb. <\/span><\/p>\n En effet, rien ne le distingue, ne le diff\u00e9rencie de l\u2019Alg\u00e9rien arabophone. Except\u00e9 son bilinguisme. Les deux Alg\u00e9riens (d\u2019expression arabe et kabyle) partagent la m\u00eame histoire, la m\u00eame culture, les m\u00eames m\u0153urs, les m\u00eames modes vestimentaires et culinaires, la m\u00eame religion, les m\u00eames physionomies, la m\u00eame exploitation au travail, la m\u00eame ali\u00e9nation de classe, le m\u00eame mode de production capitaliste rentier mortif\u00e8re, le m\u00eame \u00c9tat r\u00e9pressif, la m\u00eame marque de matraque ass\u00e9n\u00e9e par le r\u00e9gime dictatorial honni, etc.<\/span><\/strong><\/p><\/blockquote>\n Cette fixation obsessionnelle sur la langue amazighe pour se d\u00e9marquer des autres Alg\u00e9riens est pathologique (\u0153uvre de manipulation du r\u00e9gime). Elle refl\u00e8te un\u00a0malaise civilisationnel<\/i>. En v\u00e9rit\u00e9\u00a0:\u00a0la question berb\u00e8re est un probl\u00e8me d’identit\u00e9 personnelle kabyle, qui ne concerne nullement le peuple et les prol\u00e9taires\u00a0alg\u00e9riens en harmonie avec leur identit\u00e9 culturelle alg\u00e9rienne arabe. Aussi, le berb\u00e9riste, pour user d’une terminologie freudienne, ne doit pas se livrer \u00e0 des projections en transf\u00e9rant sur l’ensemble des Alg\u00e9riens sa propre d\u00e9tresse identitaire, son d\u00e9sarroi culturel, son malaise civilisationnel provoqu\u00e9 par le d\u00e9litement acc\u00e9l\u00e9r\u00e9 de son univers cloisonn\u00e9 archa\u00efque, par l\u2019\u00e9vanescence de ses r\u00e9f\u00e9rentiels culturels antiques encore pr\u00e9gnants et soumis aux assauts du capital conqu\u00e9rant. La r\u00e9sistance r\u00e9volutionnaire au capitalisme ne consiste pas \u00e0 s\u2019accrocher au f\u00e9odalisme (que ce soit dans son expression religieuse comme avec les islamistes ou ethnique comme avec les berb\u00e9ristes), mais \u00e0 transcender, \u00e0 annihiler le capitalisme sous toutes ses formes.<\/span><\/p>\n L\u2019Alg\u00e9rie n\u2019est ni berb\u00e8re, ni \u00ab\u00a0arabe\u00a0\u00bb, au sens ethnique du terme. Mais ind\u00e9niablement arabe, au sens linguistique et culturel, autrement dit au point de vue civilisationnel. Et il n’y a ni orgueil \u00e0 tirer comme le proclament certains alg\u00e9riens arabophones, ni honte \u00e0 \u00e9prouver comme le confessent d\u00e9daigneusement nombre de berb\u00e9ristes. Il faut assumer sereinement cet h\u00e9ritage culturel arabe, ce patrimoine civilisationnel arabe alg\u00e9rien avec sa sp\u00e9cificit\u00e9 culturelle.<\/span><\/p>\n L\u2019Alg\u00e9rie est alg\u00e9rienne. Point final.<\/strong> <\/span><\/p><\/blockquote>\n La langue arabe litt\u00e9raire (el\u00a0fousha<\/i>), seule langue normalis\u00e9e et homog\u00e9n\u00e9is\u00e9e, est sa langue officielle. La langue vernaculaire (dardja<\/i>) est l\u2019idiome national de tous les Alg\u00e9riens. Et la langue amazighe, langue minoritaire r\u00e9gionale, doit occuper la position linguistique qu\u2019il lui revient de droit, \u00e0 savoir langue secondaire destin\u00e9e uniquement aux berb\u00e9rophones \u00e9tablis en Kabylie. Pour les autres Alg\u00e9riens \u00ab\u00a0arabophones\u00a0\u00bb d\u00e9sireux d\u2019apprendre la langue amazighe, il leur suffit d\u2019ouvrir des \u00e9coles priv\u00e9es. En aucun cas, la langue amazighe ne doit \u00eatre enseign\u00e9e sur tout le territoire de l\u2019Alg\u00e9rie, \u00eatre impos\u00e9e \u00e0 tous les \u00e9l\u00e8ves alg\u00e9riens. Elle doit demeurer facultative, et non pas devenir langue obligatoire. Faute de quoi, c\u2019est l\u2019ouverture d\u2019un nouveau front d\u2019affrontements, de division entre prol\u00e9taires alg\u00e9riens, avec le risque d\u2019un embrasement g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9, transform\u00e9 rapidement en guerre civile. Au reste, on se dirige in\u00e9luctablement vers cette guerre linguistique g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9e \u00e0 tout le territoire. En effet, tandis que la langue amazighe a \u00e9t\u00e9 reconnue comme langue officielle, la Kabylie s’est illustr\u00e9e r\u00e9cemment par des mouvements de boycottage total de l\u2019enseignement arabe dans les \u00e9tablissements scolaires. Quand va s\u2019arr\u00eater la surench\u00e8re revendicative linguistique et culturelle berb\u00e9riste (en v\u00e9rit\u00e9 tram\u00e9e par une faction de la bourgeoisie du pouvoir alg\u00e9rien, engag\u00e9e dans la guerre des clans pour le repartage de la rente) ? Quand toute l\u2019Alg\u00e9rie sera d\u00e9membr\u00e9e, disloqu\u00e9e\u00a0? Balkanis\u00e9e\u00a0? Libanis\u00e9e\u00a0?<\/span><\/p>\n \u00a0En tout \u00e9tat de cause, \u00e0 vouloir imposer la langue amazighe \u00e0 l\u2019ensemble des Alg\u00e9riens dont la langue maternelle, depuis des si\u00e8cles maintenant, est la langue vernaculaire arabe (dardja<\/i>) et la langue administrative officielle, la langue litt\u00e9raire arabe (el-fousha<\/i>), n’est-ce pas ouvrir la bo\u00eete de pandore de l\u2019oppression linguistique\u00a0? En effet, c\u2019est transformer les berb\u00e9ristes en oppresseurs par leurs exigences de contraindre tous les Alg\u00e9riens \u00e0 apprendre et \u00e0 parler la langue amazighe.<\/span><\/p>\n Au reste, si l\u2019on se limite juste au registre de la langue berb\u00e8re, elle renvoie \u00e0 une multitude d\u2019idiomes diss\u00e9min\u00e9s \u00e0 travers tout le Maghreb, marqu\u00e9s par des variantes tr\u00e8s prononc\u00e9es. Rien de commun entre les langues amazighes parl\u00e9es de l\u2019Alg\u00e9rie et celles des r\u00e9gions marocaines, libyennes ou nig\u00e9riennes. M\u00eame en Alg\u00e9rie, les dialectes \u201cberb\u00e8res\u201d sont h\u00e9t\u00e9rog\u00e8nes.Quel dialecte amazigh va-t-on enseigner aux \u00e9l\u00e8ves alg\u00e9riens de l’ensemble du territoire\u00a0? L’idiome kabyle\u00a0? Le parler chaoui\u00a0? Le dialecte touareg ou mozabite\u00a0? Pourquoi favoriser le dialecte kabyle au d\u00e9triment des autres idiomes\u00a0? Pourquoi opter pour les caract\u00e8res latins, comme l\u2019appellent de leurs v\u0153ux les berb\u00e9ristes\u00a0complex\u00e9s, au d\u00e9triment de l’alphabet arabe pourtant fondement de la langue arabe propre \u00e0 tous les Alg\u00e9riens\u00a0? La question est ouverte, la controverse jamais r\u00e9solue et le probl\u00e8me potentiellement p\u00e9rilleux de guerre civile.<\/span><\/p>\n Au demeurant, \u00e0 l\u2019exemple du latin, langue originelle des langues fran\u00e7aise, italienne, espagnole et roumaine, le mot\u00a0berb\u00e8re<\/i><\/b>\u00a0est un terme g\u00e9n\u00e9rique pour d\u00e9signer les multiples dialectes issus de ce substrat linguistique. Substrat linguistique disparu depuis des si\u00e8cles pour laisser place juste \u00e0 quelques idiomes fragment\u00e9s, concentr\u00e9s dans certaines r\u00e9gions de l\u2019Alg\u00e9rie et du Maroc.\u00a0Entre temps, l\u2019histoire impitoyable s\u2019est charg\u00e9e d\u2019\u0153uvrer \u00e0 l\u2019installation d\u2019une autre langue associ\u00e9e \u00e0 la\u00a0\u00a0religion islamique en pleine expansion g\u00e9ographique, la langue arabe. Par un processus historique naturel, contrairement aux assertions berb\u00e9ristes d\u2019une implantation rampante et forc\u00e9e ou d\u2019une imposition par les pouvoirs des califats, la langue arabe a fini par supplanter \u00ab\u00a0naturellement\u00a0\u00bb (\u00e9conomiquement) les multiples dialectes amazighs. Et au fil des si\u00e8cles, elle est devenue la langue maternelle, vernaculaire, des Alg\u00e9riens, comme de la majorit\u00e9 de la population maghr\u00e9bine. Il n\u2019y a donc ni falsification historique, ni sentiment de trahison, ni de honte \u00e0 qualifier l\u2019Alg\u00e9rie de pays arabe, du nom de ceux qui ont apport\u00e9 la nouvelle religion et converti les Berb\u00e8res.<\/span><\/p>\n Pour illustrer notre th\u00e8se, nous nous appuierons sur l\u2019exemple de la France. Chacun est inform\u00e9 que l\u2019on d\u00e9signe l\u2019habitant de la France par le vocable Fran\u00e7ais. Cette d\u00e9nomination ne suscite ni ne provoque aucune d\u00e9sapprobation, ne soul\u00e8ve aucune condamnation en France. Pourtant, historiquement les premiers habitants de ce pays furent les Gaulois. Puis, \u00e0 l\u2019\u00e9poque romaine, il y eut des brassages de populations favoris\u00e9s par l\u2019\u00e9migration. Ce qui donna naissance aux Gallo-romains. Sans oublier les armoricains (les Bretons). Au lendemain de l\u2019effondrement de l\u2019empire romain survenu en l\u2019an 476 de notre \u00e8re, la France v\u00e9cut une longue p\u00e9riode d\u2019invasions provoqu\u00e9es par les fameux Barbares germains. Parmi les multiples tribus install\u00e9es en France, la tribu des Francs se d\u00e9marqua par son temp\u00e9rament guerrier et son esprit conqu\u00e9rant.\u00a0Cette tribu des Francs, arriv\u00e9e tardivement dans l\u2019Hexagone, \u00e9tait minoritaire compar\u00e9 \u00e0 la majorit\u00e9 de la population compos\u00e9e de Gaulois, de Gallo-romains, de Bretons, etc. Progressivement, elle \u00e9tendait son influence. Puis elle prit les r\u00eanes du pouvoir royal, imposa sa lign\u00e9e, convertit les autres peuples de l\u2019Hexagone \u00e0 sa nouvelle religion chr\u00e9tienne. Et domina tout le territoire situ\u00e9 au nord de la France. En particulier Paris. Puis au fil des si\u00e8cles, son pouvoir s\u2019\u00e9tendait \u00e0 toute la France.<\/span><\/p>\n Pourtant, c\u2019est cette tribu minoritaire, la plus barbare et sanguinaire, qui donnera son nom \u00e0 ce pays devenu France, imposera son idiome \u00e0 l\u2019ensemble des autres r\u00e9gions, appel\u00e9 fran\u00e7ais. Aujourd\u2019hui, ce pays s\u2019appelle la France et parle le fran\u00e7ais (du nom des Francs). Et aucun habitant de la France descendant des Gaulois et autres tribus ne s\u2019offusque qu\u2019il soit d\u00e9sign\u00e9 sous le vocable de Fran\u00e7ais (dont il est d\u2019ailleurs fier), ni que son pays soit d\u00e9nomm\u00e9 France, ni que la langue fran\u00e7aise soit langue nationale. Ce descendant de Gaulois, v\u00e9ritable autochtone de ce pays, ne trouve rien \u00e0 redire sur sa francit\u00e9. Il l\u2019assume sans complexe et avec fiert\u00e9.\u00a0Pourquoi, en m\u2019adressant aux berb\u00e9ristes en particulier et aux Berb\u00e8res en g\u00e9n\u00e9ral (soit dit en passant : je suis originaire de la Grande-Kabylie et je parle couramment la langue kabyle), contestent-ils le caract\u00e8re et l\u2019identit\u00e9 arabes de l\u2019Alg\u00e9rie\u00a0? Sinon par un vieux r\u00e9flexe tribal ethnocentriste ou par un complexe moderne \u00ab\u00a0arabophobe\u00a0\u00bb aliment\u00e9 par l\u2019ancienne puissance coloniale fran\u00e7aise. De toute \u00e9vidence, de mon point de vue, caract\u00e9riser l\u2019Alg\u00e9rie comme arabe est historiquement fond\u00e9 si l\u2019on retient, comme il a \u00e9t\u00e9 soulign\u00e9 plus haut, en guise de d\u00e9finition de la nation, le principe juridique de communaut\u00e9 de langue, de religion, de culture, d\u2019histoire et surtout d\u2019\u00e9conomie. Et non pas la d\u00e9finition se fondant sur les concepts archa\u00efques ethnicistes, raciaux, pour postuler l\u2019appartenance nationale.\u00a0\u00a0<\/span><\/p>\n Dans ce st\u00e9rile d\u00e9bat sur l\u2019identit\u00e9 r\u00e9elle et authentique de l\u2019Alg\u00e9rie, d\u00e9finie par les uns comme amazighe et arabe pour d\u2019autres, le clivage est superflu, superf\u00e9tatoire. De mani\u00e8re g\u00e9n\u00e9rale, si on se place au plan de la d\u00e9finition du droit international, la nation se caract\u00e9rise de la mani\u00e8re suivante\u00a0: communaut\u00e9 de langue, de culture, de religion, d\u2019histoire. Sur ces fondements-l\u00e0, on peut affirmer que l\u2019Alg\u00e9rie est arabe. De mani\u00e8re g\u00e9n\u00e9rale, tout comme l\u2019approche islamiste moyen\u00e2geuse passe sous silence la p\u00e9riode ant\u00e9rieure \u00e0 l\u2019\u00e9tablissement de l\u2019islam en Alg\u00e9rie, la vision \u00e9troite berb\u00e9riste \u00e9vacue d\u2019un revers de main la p\u00e9riode post\u00e9rieure \u00e0 l\u2019Antiquit\u00e9 berb\u00e8re. Or, depuis lors, l’Alg\u00e9rie s’est islamis\u00e9e, arabis\u00e9e. Culturellement transform\u00e9e. Sa berb\u00e9rit\u00e9 s\u2019est dilu\u00e9e. Sa personnalit\u00e9 \u00e9volu\u00e9e. Son identit\u00e9 transmu\u00e9e. Sa population transfigur\u00e9e. La langue maternelle de 80% d’Alg\u00e9riens est depuis des si\u00e8cles l’arabe. Aussi, vouloir d\u00e9finir l\u2019Alg\u00e9rie par ses pr\u00e9mices berb\u00e8res, c\u2019est comme vouloir appr\u00e9hender l\u2019homme adulte par ses caract\u00e9ristiques enfantines. Cet homme adulte est certes dot\u00e9 toujours du m\u00eame corps verticalement grandi, mais n\u2019est plus pourvu des m\u00eames attributs psychologiques, intellectuels, culturels. Ses dispositions enfantines et infantiles se sont dilu\u00e9es pour laisser place \u00e0 une personnalit\u00e9 mature radicalement diff\u00e9rente, transfigur\u00e9e.\u00a0La berb\u00e9rit\u00e9 a recul\u00e9. L\u2019arabit\u00e9 a avanc\u00e9. Deux ph\u00e9nom\u00e8nes historiques concomitants grav\u00e9s naturellement sur le visage de l\u2019Alg\u00e9rie. Ainsi, la configuration historique de l\u2019Alg\u00e9rie s\u2019est m\u00e9tamorphos\u00e9e. C\u2019est la loi de l\u2019\u00e9volution. Tout est mouvement, changement. Rien ne demeure \u00e0 l\u2019\u00e9tat initial ni de l\u2019\u00e9tat initial. L\u2019Alg\u00e9rie d\u2019aujourd\u2019hui n\u2019est pas la m\u00eame que celle d\u2019hier. L\u2019Alg\u00e9rie de demain ne sera pas la m\u00eame que celle d\u2019aujourd\u2019hui.\u00a0En v\u00e9rit\u00e9, les berb\u00e9ristes sont rest\u00e9s prisonniers du culte des anc\u00eatres, qu\u2019ils veulent imposer \u00e0 tous les Alg\u00e9riens. Comme les islamistes sont prisonniers d\u2019un culte mortif\u00e8re d\u2019un islam moyen\u00e2geux qu\u2019ils veulent imposer \u00e0 tous les Alg\u00e9riens.\u00a0Avec leur \u00e9troite vision tribale, ils sont incapables de chausser les lunettes de l’objectivit\u00e9 historique moderne pour saisir l’anachronisme de leur conception de l’histoire de l’Alg\u00e9rie. Leur c\u00e9cit\u00e9 historique les emp\u00eache d’avoir une vue moins \u00e9triqu\u00e9e de l’Alg\u00e9rie. Une Alg\u00e9rie sur laquelle ils projettent leurs fantasmagoriques r\u00e9cits mythiques exhib\u00e9s en guise de construction statique et immuable de l’identit\u00e9 nationale alg\u00e9rienne r\u00e9duite \u00e0 sa plus simple expression, \u00e0 savoir la langue amazighe, \u00e9rig\u00e9e en h\u00e9ritage g\u00e9n\u00e9ral et \u00e9ternel de l\u2019Alg\u00e9rie.<\/span><\/p>\n Camp\u00e9s obsessionnellement sur cette phase antique de l\u2019histoire mythique \u00ab\u00a0berb\u00e8re\u00a0\u00bb r\u00e9volue, ils \u00e9prouvent des difficult\u00e9s \u00e0 admettre que l\u2019Alg\u00e9rie s\u2019est profond\u00e9ment transform\u00e9e\u00a0;, qu\u2019elle a chang\u00e9 de mode de production, de rapports de classe, de classes dominantes et domin\u00e9es, d\u2019\u00e9poque\u00a0; qu\u2019elle a \u00e9volu\u00e9 sur les plans culturel, linguistique, religieux, etc.<\/span><\/p>\n Quoi qu\u2019il en soit, au-del\u00e0 de cette controverse st\u00e9rile, le capitalisme s\u2019est charg\u00e9 depuis longtemps d\u2019\u00e9roder toutes les identit\u00e9s particuli\u00e8res archa\u00efques. Aujourd\u2019hui, le d\u00e9coupage des identit\u00e9s s\u2019\u00e9tablit sur des fondements de classes sociales et non sur des cat\u00e9gories ethniques ou religieuses. Aussi, en Alg\u00e9rie, comme dans tous les pays capitalistes, la d\u00e9finition sociologique d\u2019un individu s\u2019appuie sur son appartenance sociale. Or le capitalisme a donn\u00e9 naissance \u00e0 deux cat\u00e9gories sociales principales\u00a0: la classe capitaliste et la classe ouvri\u00e8re (ou prol\u00e9tariat). Aujourd\u2019hui, chaque individu est assign\u00e9 \u00e0 cette cat\u00e9gorie sociologique, \u00e0 l\u2019une des deux principales classes antagonistes existantes. Par-del\u00e0 son appartenance nationale, ses origines \u00ab\u00a0ethniques\u00a0\u00bb ou sa religion, aujourd\u2019hui l\u2019Alg\u00e9rien se d\u00e9finit d\u2019abord par son assignation sociale, sa condition sociale, ses int\u00e9r\u00eats de classe par ailleurs identiques entre l’Alg\u00e9rien \u00ab\u00a0kabyle\u00a0\u00bb et l\u2019Alg\u00e9rien \u00ab\u00a0arabe\u00a0\u00bb. Toute division ethnique \u00e9tablie entre prol\u00e9taires alg\u00e9riens est le fruit de l\u2019id\u00e9ologie dominante qui \u0153uvre \u00e0 l\u2019\u00e9clatement de l\u2019identit\u00e9 alg\u00e9rienne populaire commune.<\/span><\/p>\n \u00a0En conclusion, toute l\u2019id\u00e9ologie berb\u00e9riste est fond\u00e9e sur une mystification et une mythification de l\u2019histoire. Alors que la Kabylie est demeur\u00e9e durant des si\u00e8cles hors histoire (de l\u2019Alg\u00e9rie et, au-del\u00e0, du Maghreb, ran\u00e7on de la survie de sa culture et de sa langue), aujourd\u2019hui, nous assistons \u00e0 l\u2019usurpation de l\u2019histoire de l\u2019Alg\u00e9rie, perp\u00e9tr\u00e9e par les berb\u00e9ristes pour appuyer, ou leur projet irr\u00e9dentiste, ou leurs revendications identitaires linguistico-culturelles anachroniques communautaristes. Cette d\u00e9formation de l\u2019histoire nationale alg\u00e9rienne \u00e0 des fins ind\u00e9pendantistes ou communautaristes doit \u00eatre radicalement rejet\u00e9e, d\u00e9nonc\u00e9e. En outre, en accaparant les personnalit\u00e9s historiques berb\u00e8res de l\u2019Afrique du Nord, toutes originaires de toutes les r\u00e9gions du Maghreb, les berb\u00e9ristes travestissent outranci\u00e8rement l\u2019histoire de l\u2019Alg\u00e9rie.<\/span><\/p>\n Certes l\u2019Alg\u00e9rie a \u00e9t\u00e9 berb\u00e8re, tout comme la France a \u00e9t\u00e9 gauloise. Mais aujourd\u2019hui, linguistiquement et culturellement, l\u2019Alg\u00e9rie est arabe, comme l’ancienne Gaule est linguistiquement et culturellement fran\u00e7aise. Et aucun Fran\u00e7ais ne conteste ce fait historique, cette r\u00e9alit\u00e9 sociologique.\u00a0En Alg\u00e9rie, les berb\u00e9ristes refusent cette \u00e9vidence historique, cette r\u00e9alit\u00e9 sociologique. En raison de leur vision tribale, de leur attachement atavique \u00e0 leurs particularismes ethniques, ils ne peuvent s’arrimer au projet de construction de l’identit\u00e9 nationale alg\u00e9rienne moderne avec sa dimension historique arabe.<\/span><\/p>\n En tout \u00e9tat de cause, ce n\u2019est pas aux Alg\u00e9riens de satisfaire les caprices ethnocentristes des berb\u00e9ristes contre le principe de r\u00e9alit\u00e9 historique alg\u00e9rien, mais aux berb\u00e9ristes de se d\u00e9faire de leur ethnocentrisme scl\u00e9ros\u00e9 capricieux pour rentrer dans la r\u00e9alit\u00e9 historique alg\u00e9rienne en perp\u00e9tuelle transformation, en pleine mutation, modernisation.<\/span><\/p>\n (1) Chapitre extrait du dernier ouvrage de l’auteur consacr\u00e9 au Hirak, intitul\u00e9 \u00ab\u00a0Secou\u00e9e par le Hirak\u00a0: l\u2019Alg\u00e9rie \u00e0 la crois\u00e9e des chemins\u00a0<\/b>\u00bb, les \u00e9ditions l\u2019Harmattan.<\/i><\/span><\/p>\n <\/p>\n https:\/\/blogs.mediapart.fr\/<\/strong><\/span><\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Par Khider MESLOUB A la faveur de la crise \u00e9conomique, politique et institutionnelle provoqu\u00e9e par le\u00a0Hirak, la question de l\u2019identit\u00e9 nationale a…<\/p>\n","protected":false},"author":58,"featured_media":42862,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"_lmt_disableupdate":"","_lmt_disable":"","footnotes":""},"categories":[32],"tags":[],"class_list":["post-42861","post","type-post","status-publish","format-standard","has-post-thumbnail","hentry","category-algerie"],"yoast_head":"\n