L\u2019excellente \u00e9tude de l\u2019interpr\u00e8te militaire Arnaud sur les Ouled Na\u00efl nous a \u00e9t\u00e9 d\u2019un grand secours pour fixer plusieurs points de la l\u00e9gende des saints Na\u00efliens, que notre conteur avait laiss\u00e9s, soit par ignorance, soit pour toute autre cause, dans une obscurit\u00e9 enlevant une grande partie de son charme \u00e0 la tradition.<\/div>\n
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Gr\u00e2ce au consciencieux travail du savant interpr\u00e8te, nous avons pu r\u00e9tablir dans toute leur int\u00e9grit\u00e9 les faits miraculeux que notre raoui (narrateur) avait tronqu\u00e9s ou alt\u00e9r\u00e9s.<\/div>\n<\/div>\n
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Les terres de parcours des nombreuses tribus nomades d\u00e9sign\u00e9es sous l\u2019appellation collective d’Ouled Na\u00efl sont comprises entre Biskra, Bou Sa\u00e2da, les djebel (montagnes) Sendjas, Seba\u00e2 Rous et Oukit, la limite de la province d\u2019Oran jusqu\u2019au djebel Serdoun, Djebel El Eumour, Laghouat, Oued El Djedi et Touggourt.<\/div>\n<\/div>\n
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Mais ces limites sont loin d\u2019\u00eatre absolues, et le besoin de pa\u00eetre leurs troupeaux oblige les populations nomades de les d\u00e9passer, soit au nord, quand la s\u00e9cheresse a rong\u00e9 les fourrages du Sahara, soit au sud, quand les pluies y ont fait pousser l\u2019herbe, n\u00e9e presque instantan\u00e9ment sous la fra\u00eecheur d\u2019une ond\u00e9e bienfaisante.<\/div>\n<\/div>\n
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C\u2019est dans ces immenses espaces bossu\u00e9s de dunes que se meuvent les descendants de Sidi Na\u00efl, l\u2019un des saints les plus illustres de notre Sahara alg\u00e9rien, et le premier auteur de ces ravissantes cr\u00e9atures de Dieu qu\u2019on appelle les Na\u00efliat, lesquelles, de tout temps, ont joui du don funeste d\u2019incendier, les c\u0153urs des Croyants, voire m\u00eame de ceux qui ne le sont pas.<\/div>\n<\/div>\n
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Sidi Na\u00efl \u00e9tait de noblesse religieuse ; il descendait en ligne directe de Moulay Idris El Kebir, celui qui jeta les premiers fondements du royaume de Fez, et qui \u00e9tait de la descendance d\u2019Ali, le gendre du Proph\u00e8te Mohammed \ufdfa.<\/div>\n<\/div>\n
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Sidi Na\u00efl \u00e9tait donc ch\u00e9rif, et il pouvait prouver par sa chedjara (arbre g\u00e9n\u00e9alogique) qu\u2019il \u00e9tait noble \u00e0 22 degr\u00e9s en remontant jusqu\u2019au Proph\u00e8te seulement, ce qui lui faisait d\u00e9j\u00e0 un nombre, de quartiers assez raisonnable ; mais, comme il lui \u00e9tait on ne peut plus facile de remonter la cha\u00eene du tempe jusqu\u2019au premier homme, -notre seigneur Adam-, on voit de suite \u00e0 quel chiffre vertigineux de ces quartiers cela menacerait de nous conduire, si l\u2019on remarque que Louis XVI, qui n\u2019\u00e9tait qu\u2019au 29e degr\u00e9 depuis Robert-le-Fort, en comptait pourtant 536 870 912.<\/div>\n<\/div>\n
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D\u2019apr\u00e8s la tradition, Sidi Na\u00efl serait n\u00e9 \u00e0 Figuig, vers l\u2019an 1365 de notre \u00e8re. Lors de l\u2019expulsion des Maures de l\u2019Espagne, il \u00e9tait gouverneur de la province de Sous (Province situ\u00e9e sur la c\u00f4te occidentale du Maroc), non loin de laquelle se trouvait la c\u00e9l\u00e8bre saoula de Saquiet El Hamra, foyer religieux d\u2019o\u00f9, -nous le savons-, s\u2019\u00e9lanc\u00e8rent les marabouts missionnaires qui entreprirent d\u2019introduire l\u2019\u00e9l\u00e9ment arabe chez les soup\u00e7onneux Berb\u00e8res ou Kabyles qui habitaient les montagnes du Tell et les ksour du Sahara, et de r\u00e9veiller la foi musulmane dans des contr\u00e9es o\u00f9 elle n\u2019avait jamais \u00e9t\u00e9 bien assise.<\/div>\n
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C\u2019est \u00e9videmment dans la fr\u00e9quentation des saints marabouts du Sud marocain que Sidi Na\u00efl puisa ces principes de pi\u00e9t\u00e9 qui, plus tard, lui valurent une r\u00e9putation de saintet\u00e9 dont il jouit surtout dans les derni\u00e8res ann\u00e9es de sa vie.<\/div>\n<\/div>\n
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La tradition rapporte que Sidi Na\u00efl \u00e9tait fort bien en cour, et que son souverain, le sultan Hassan, le tenait en haute estime et consid\u00e9ration, et ce fut \u00e0 ce point que de graves diff\u00e9rends s\u2019\u00e9tant \u00e9lev\u00e9s entre Maroc et Tunis, et les deux sultans ayant r\u00e9solu de s\u2019en remettre au sort des armes pour vider leur querelle, Hassan fit choix de Sidi Na\u00efl pour le seconder, en qualit\u00e9 de premier lieutenant, dans cette lointaine et aventureuse exp\u00e9dition.<\/div>\n
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Le sultan marocain envahit donc, \u00e0 la t\u00eate d\u2019une puissante arm\u00e9e, les possessions tunisiennes par le Sud ; mais il fut battu, et il p\u00e9rit dans la m\u00e9t\u00e9o.<\/div>\n<\/div>\n
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Sidi Na\u00efl parvint \u00e0 r\u00e9unir quelques d\u00e9bris de l\u2019arm\u00e9e du sultan de l\u2019Ouest ; mais, craignant que le successeur de Hassan ne lui imput\u00e2t un d\u00e9sastre dans lequel sa responsabilit\u00e9 \u00e9tait bien un peu engag\u00e9e, Sidi Na\u00efl, disons-nous, d\u00e9cid\u00e9 \u00e0 ne point rentrer au Maroc, r\u00e9solut de se fixer \u00e0 Bled Mendas (Relizane), dans les montagnes des Flitta, o\u00f9 il fut bient\u00f4t rejoint par sa famille et par sa nombreuse parent\u00e9.<\/div>\n
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La conf\u00e9d\u00e9ration flitta repr\u00e9sente une fraction tr\u00e8s particuli\u00e8re du monde arabe qui peuple l’Alg\u00e9rie. Elle s’en d\u00e9tache \u00e0 la fois par ses caract\u00e8res physiques et psychologiques.<\/div>\n
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Bien que de religion musulmane, les Flittas ont conserv\u00e9 des rites et coutumes empreints de paganisme.<\/div>\n<\/div>\n
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Le pays flitta<\/div>\n<\/div>\n
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Les douars -hameaux- flittas s’inscrivent dans la r\u00e9gion de Zemmora, r\u00e9gion situ\u00e9e au Sud-Est d’Oran.<\/div>\n<\/div>\n
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Un jour, Sidi Na\u00efl eut l\u2019imprudence de descendre dans la plaine, avec une partie de sa famille, pour traiter avec les Flitta d\u2019un achat de bl\u00e9 dont il avait besoin pour la nourriture de la fraction qui s\u2019\u00e9tait group\u00e9e autour de lui ; ais, enflamm\u00e9s spontan\u00e9ment par les charmes irr\u00e9sistibles des filles de Na\u00efl et de ses compagnons, ces grossiers Flittiens, qui, en fait de femmes, n\u2019avaient jamais rien vu, m\u00eame dans leurs r\u00eaves, de si s\u00e9duisant et de si parfait, ne voulurent livrer leur bl\u00e9 qu\u2019autant que les Na\u00efliens leur laisseraient en \u00e9change quelques exemplaires de ces ravissantes houris.<\/div>\n<\/div>\n
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Indign\u00e9 de cette proposition, Sidi Na\u00efl refusa de souscrire \u00e0 ce honteux march\u00e9 : des filles de ch\u00e9rifs \u00e0 ces mangeurs de glands !…<\/div>\n
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Vraiment, ces Kabyles ne doutent de rien ! Sidi Na\u00efl, disons-nous, leva son camp sans retard, ne voulant pas rester un instant de plus au milieu d\u2019une population ai effront\u00e9ment immorale.<\/div>\n<\/div>\n
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En quittant le pays des Flitta, le chef des Ouled Na\u00efl s\u2019\u00e9criait avec une amertume qui attestait toute la profondeur de la puret\u00e9 de ses tuteurs ; \u00abL\u2019immoralit\u00e9 et l\u2019abjection des gens du Mendas ont atteint un tel d\u00e9veloppement que l\u2019\u00e9tendue de mon regard ne saurait en apercevoir les limites. Mieux vaut l\u2019existence p\u00e9nible du Bou Biadha, qui vit dans les sables, que Mendas et son bl\u00e9.<\/div>\n<\/div>\n
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En quittant le pays des Flitta, Sidi Na\u00efl, accompagn\u00e9 de tout son monde, avait pris une direction Sud, qu\u2019il suivit longtemps sans trouver un pays qui le satisfit compl\u00e8tement.<\/div>\n
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Pourtant, El Atba, pr\u00e8s d\u2019A\u00efn Er Rich, dans le sud de Bou Sa\u00e2da, parut lui convenir et remplir les conditions cherch\u00e9es. Il s\u2019y fixa, du moins temporairement, sans trop demander le consentement des fractions qui s\u2019y \u00e9taient install\u00e9es, et qui, du reste, n\u2019y avaient qu\u2019un droit de priorit\u00e9.<\/div>\n<\/div>\n
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Cependant, quelques ann\u00e9es plus tard, Sidi Na\u00efl s\u2019aper\u00e7ut qu\u2019El Atba n\u2019\u00e9tait pas tout \u00e0 fait encore le pays qu\u2019il avait r\u00eav\u00e9 ; il remonta vers le nord, dans la direction de Sour El Ghozlan, et se mit \u00e0 la recherche d\u2019une contr\u00e9e plus riche en herbages, en terres cultivables et en eaux.<\/div>\n<\/div>\n
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Le Bou Biadha est un petit l\u00e9zard qui vit dans les touffes de guethaf, plante du Battra qu\u2019on rencontre plus particuli\u00e8rement dans les terrains salants.<\/div>\n<\/div>\n
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Lorsqu’un chef prenait possession d\u2019un p\u00e2turage, il n\u2019employait d\u2019autre formalit\u00e9 que de faire aboyer sa meute. Le rayon sonore de cette proclamation tra\u00e7ait aussit\u00f4t celui d\u2019un domaine interdit aux troupeaux d\u2019alentour – S\u00e9dillot – Histoire des Arabes.<\/div>\n<\/div>\n
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Point sur lequel nous avons b\u00e2ti, en 1848, la ville d\u2019Aumale<\/div>\n<\/div>\n
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C\u2019est en explorant la vall\u00e9e de l\u2019oued El Lahm que la mort le surprit sur l\u2019oued Sbiceb, affluent de ce premier cours d\u2019eau. Sa d\u00e9pouille mortelle fut d\u00e9pos\u00e9e sur le point m\u00eame o\u00f9 il avait cess\u00e9 de vivre, et la pi\u00e9t\u00e9 de ses descendants lui \u00e9leva une koubba sur son tombeau.<\/div>\n<\/div>\n
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Pendant sa vie terrestre, Sidi Na\u00efl eut beaucoup \u00e0 souffrir de l\u2019injustice et de la m\u00e9chancet\u00e9 des hommes ; aussi ne le leur a-t-il point pardonn\u00e9, m\u00eame au del\u00e0 du tombeau.<\/div>\n<\/div>\n
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En effet, il ne tol\u00e8re autour de ses restes mortels que la d\u00e9pouille de jeunes enfants, et pour cette raison qu\u2019ils n\u2019ont pu encore ni conna\u00eetre le p\u00e9ch\u00e9, ni pers\u00e9cuter leurs contemporains.<\/div>\n<\/div>\n
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Et c\u2019est tellement vrai que, chaque fois qu\u2019on a tent\u00e9 d\u2019enterrer un homme fait pr\u00e8s de la koubba de l\u2019implacable ouali, la terre en a rejet\u00e9 le cadavre, ou elle l\u2019a englouti sans en laisser la moindre trace.<\/div>\n<\/div>\n
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Sidi Na\u00efl laissa quatre fils : Ahmed, Zekri, Yahya et Melik. \u00c0 l\u2019exception d\u2019Ahmed, qui mourut sans post\u00e9rit\u00e9, les trois autres et leurs descendants devinrent la source des nombreuses tribus qui composent la grande fraction des Ouled Na\u00efl.<\/div>\n<\/div>\n
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Cependant, un accident conjugal arriv\u00e9 \u00e0 Sidi Na\u00efl, -h\u00e9las ! les saints n\u2019en sont pas exempts ! a fait \u00e9lever quelques doutes sur l\u2019authenticit\u00e9 de la descendance de l\u2019illustre et pieux ch\u00e9rif.<\/div>\n<\/div>\n
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Voici comment les choses se seraient pass\u00e9es :<\/div>\n<\/div>\n
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Un jour, dans les derni\u00e8res ann\u00e9es de sa vie, il songea avec une certaine terreur que, lui, descendant du Proph\u00e8te Mohammed \ufdfa, n\u2019avait point encore accompli le p\u00e8lerinage au tombeau de son illustre anc\u00eatre, p\u00e8lerinage qui est d\u2019obligation pour tout bon Musulman, car le Proph\u00e8te Mohammed \ufdfa a dit : \u00abAccomplissez le p\u00e8lerinage \u00e0 La Mecque et la visite des Lieux Saints.\u00bb<\/div>\n<\/div>\n
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\u00c0 son \u00e2ge, il n\u2019y avait plus \u00e0 reculer, car la mort pouvait le surprendre d\u2019un jour \u00e0 l\u2019autre. Il se d\u00e9cida donc \u00e0 se mettre en route pour les Villes saintes et respect\u00e9es. Avant d\u2019entreprendre ce voyage, qui pouvait \u00eatre fort long, Sidi Na\u00efl confit a sa femme et ses enfants \u00e0 Sidi Melik, qui \u00e9tait son ami et son confident.<\/div>\n<\/div>\n
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Le saint homme partit ensuite tout \u00e0 fait rassur\u00e9 sur le sort de sa maison pendant son absence. Mais les jours succ\u00e9daient aux jours, et les mois aux mois, et pourtant Sidi Na\u00efl ne revenait point, ni ne donnait de ses nouvelles ; sa veuve, tout naturellement, se persuada que son saint \u00e9poux avait rendu sou \u00e2me \u00e0 Dieu ; ce fut aussi l\u2019avis de Sidi Melik,<\/div>\n
qui, -nous ne pouvons le dissimuler-, br\u00fblait d\u2019une flamme criminelle pour la femme de son ami.<\/div>\n<\/div>\n
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Du reste, le bruit de la mort de Sidi Na\u00efl courait depuis longtemps d\u00e9j\u00e0 dans le pays ; ou pr\u00e9tendait qu\u2019il avait \u00e9t\u00e9 apport\u00e9 par un thaleb arriv\u00e9 r\u00e9cemment d\u2019Orient.<\/div>\n
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Sans se donner la peine de prendre des Informations plus pr\u00e9cises, la belle Cheliha, press\u00e9e par Sidi Melik, \u00e0 qui, dit la l\u00e9gende, elle avait donn\u00e9 d\u00e9j\u00e0 quelques preuves de son amour, consentit \u00e0 devenir sa femme tout \u00e0 fait. Mais, au bout de trois ann\u00e9es d\u2019absence, Sidi Na\u00efl revint \u00e0 l\u2019improviste et sans s\u2019\u00eatre fait annoncer. En faisant le compte de ses enfants, le saint homme ne fut pas sans s\u2019apercevoir qu\u2019il en avait un de plus qu\u2019\u00e0 son d\u00e9part, et que l\u2019\u00e2ge de cette cr\u00e9ature, m\u00eame en exag\u00e9rant de beaucoup le temps qu\u2019elle avait d\u00fb passer dans le sein de sa m\u00e8re, ne lui permettait gu\u00e8re de s\u2019en attribuer la paternit\u00e9.<\/div>\n<\/div>\n
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Apr\u00e8s cela, il pouvait bien y avoir l\u00e0 un miracle : Dieu est si bon pour ses serviteurs ! Quoi qu\u2019il en soit, Sidi Na\u00efl, qui d\u00e9testait le scandale, reprit sa femme sans faire la moindre allusion \u00e0 cette augmentation de personnel, et il consid\u00e9ra comme sien l\u2019enfant dont le ciel avait enrichi sa demeure.<\/div>\n<\/div>\n
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Quant \u00e0 Sidi Melik, il n\u2019avait pas jug\u00e9 \u00e0 propos d\u2019attendre les explications qu\u2019aurait pu lui demander son ami sur la multiplication qui s\u2019\u00e9tait op\u00e9r\u00e9e, pendant son absence, dans sa prog\u00e9niture : il avait disparu, et jamais on ne sut ce qu\u2019il \u00e9tait devenu.<\/div>\n<\/div>\n
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Les int\u00e9ress\u00e9s dans cette affaire cherch\u00e8rent bien \u00e0 d\u00e9montrer que la belle Cheliha \u00e9tait avec le ventre au moment du d\u00e9part de Sidi Na\u00efl pour le p\u00e8lerinage aux villes saintes ; pourtant, la possibilit\u00e9 du s\u00e9jour de l\u2019enfant pendant pr\u00e8s de deux ans et demi dans les entrailles de sa m\u00e8re trouva quelques incr\u00e9dules dans les tribus voisines.<\/div>\n<\/div>\n
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Il est indubitable que le fait n\u2019est pas commun ; mais, en r\u00e9sum\u00e9, disaient la femme et les enfants de Sidi Na\u00efl, Dieu ne fait-il pas ce qu\u2019il veut ? Quoi qu\u2019il en soit, et dans la crainte de commettre une erreur d\u2019attribution, on nomma l\u2019enfant litigieux Melik Ben Na\u00efl.<\/div>\n<\/div>\n
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Aussi, quand les populations qui avoisinent les tribus de la descendance de ce dernier veulent les injurier, ne manquent-elles pas de les traiter d\u00e9daigneusement d’Ouled Melik, d\u00e9nomination qu\u2019ils ne supportent d\u2019ailleurs que tr\u00e8s difficilement.<\/div>\n<\/div>\n
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Sidi Na\u00efl avait v\u00e9cu encore quelques ann\u00e9es apr\u00e8s son retour de Mekka. Sa r\u00e9putation de saintet\u00e9 s\u2019\u00e9tait accrue consid\u00e9rablement par son long s\u00e9jour \u00e0 Beit ALLAH.<\/div>\n<\/div>\n
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Il avait, en outre, visit\u00e9 l\u2019\u00c9gypte et la Syrie, et il avait pu entrer en relations avec les plus savants th\u00e9ologiens et les plus remarquables jurisconsultes musulmans, dont il avait suivi les doctes le\u00e7ons.<\/div>\n<\/div>\n
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Aussi, sa science et sa profonde pi\u00e9t\u00e9 lui avaient-elles m\u00e9rit\u00e9 le don des miracles. Dieu, qui l\u2019avait combl\u00e9 de ses faveurs, lui avait accord\u00e9, entre autres, une sorte de double vue qui sensibilisait \u00e0 ses yeux les choses incorporelles et immat\u00e9rielles ; ainsi, comme Sidi Ali El Khaouanas, dont parle l\u2019illustre cheikh Ech Cha\u00e2rani, il voyait dans l\u2019eau de la piscine o\u00f9 des Croyants faisaient leurs ablutions avant la pri\u00e8re les fautes qui y tombaient, et qui leur \u00e9taient pardonn\u00e9es.<\/div>\n<\/div>\n
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\u00abJe n\u2019ai jamais rien rencontr\u00e9 de plus repoussant, r\u00e9p\u00e9tait-il souvent, que ce qui venait des individus qui, avant leurs ablutions, s\u2019\u00e9taient livr\u00e9s \u00e0 la p\u00e9d\u00e9rastie, ou qui avaient noirci l\u2019honneur des autres, ou donn\u00e9 la mort \u00e0 quelqu\u2019un dont Dieu a ordonn\u00e9 de respecter la vie.\u00bb Sidi Na\u00efl avait aussi la facult\u00e9 de voir, sous une forme mat\u00e9rielle, les actes ou \u0153uvres des hommes, et d\u2019en reconna\u00eetre les auteurs lorsque ces actes ou \u0153uvres montaient au ciel. Il lui \u00e9tait \u00e9galement donn\u00e9 de distinguer les actions mauvaises que commettaient les gens dans leurs demeures, et il disait au coupable : \u00abRepens-toi<\/div>\n
de telle ou telle action coupable.\u00bb<\/div>\n<\/div>\n
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Et le p\u00e9cheur, qui se sentait d\u00e9couvert jusqu\u2019au fond de sa conscience, se repentait et faisait p\u00e9nitence.<\/div>\n<\/div>\n
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Enfin, Sidi Na\u00efl lisait dans l\u2019avenir comme dans un livre ouvert. Cela n\u2019a rien qui doive nous surprendre, puisqu\u2019il \u00e9tait en communication directe avec le Proph\u00e8te Mohammed \ufdfa.<\/div>\n<\/div>\n
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Ainsi, il pr\u00e9disait les accidents, les \u00e9v\u00e9nements, les \u00e9pid\u00e9mies, les disettes, la mort d\u2019un sultan, et jamais il ne se trompait dans ses pr\u00e9dictions.<\/div>\n<\/div>\n
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Pour en donner un exemple :<\/div>\n<\/div>\n
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Quelques jours apr\u00e8s son retour \u00e0 A\u00efn Er Rich, il rencontre un individu portant un suaire pour un cheikh d\u2019une tribu voisine de ses campements, lequel \u00e9tait \u00e0 l\u2019article de la mort : \u00abRemporte ce suaire, lui dit Sidi Na\u00efl, le cheikh a encore sept mois \u00e0 vivre.\u00bb<\/div>\n<\/div>\n
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Et il en fut ainsi qu\u2019il l\u2019avait annonc\u00e9.<\/div>\n
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Comme \u00e0 tous les saints qui jouissent du don de prescience, il lui \u00e9tait interdit de p\u00e9n\u00e9trer, pour ce qui le concernait, dans les secrets de l\u2019avenir.<\/div>\n<\/div>\n
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Le Dieu unique avait vu, sans doute, des inconv\u00e9nients dans la r\u00e9v\u00e9lation \u00e0 ses \u00e9lus du sort qui les attendait. Peut-\u00eatre eussent-ils cherch\u00e9 \u00e0 modifier leur destin\u00e9e, et, comme c\u2019\u00e9tait \u00e9crit, ils eussent ainsi oblig\u00e9 les anges charg\u00e9s de la comptabilit\u00e9 divine de faire des ratures ou des surcharges sur le Livre des D\u00e9crets \u00e9ternels.<\/div>\n<\/div>\n
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Nous devons dire que cette opinion nous est enti\u00e8rement particuli\u00e8re, et qu\u2019elle ne s\u2019appuie que sur une sorte de logique humaine qui, probablement, n\u2019a pas le moindre rapport avec celle d\u2019en-haut.<\/div>\n<\/div>\n
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Il est clair que tout le monde se sera fait la r\u00e9flexion suivante : \u00abMais, puisque Sidi Na\u00efl y voyait de si loin, pourquoi ne s\u2019est-il pas aper\u00e7u de ce qui se passait chez lui pendant son absence ?\u00bb<\/div>\n<\/div>\n
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Nous venons de r\u00e9pondre \u00e0 cette question par notre hypoth\u00e8se. Il nous serait facile d\u2019en hasarder une autre tout aussi terrestre que la pr\u00e9c\u00e9dente, et de dire que, par cette raison que nous ne pouvons distinguer notre nez que d\u2019une mani\u00e8re confuse et fort imparfaite, bien que cependant il soit bien pr\u00e8s de notre \u0153il, de m\u00eame il se pourrait que, par analogie, ce fut \u00e0 cette proximit\u00e9 de ce qui les touche personnellement qu\u2019il conviendrait d\u2019attribuer le manque de prescience et de p\u00e9n\u00e9tration qu\u2019on remarque chez les saints relativement \u00e0 ce qui les concerne particuli\u00e8rement.<\/div>\n
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Mais \u00ab\u00d4 Allahou A\u00e2lamou\u00bb ;<\/div>\n<\/div>\n
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– Dieu l\u00e0-dessus en sait plus long que nous.<\/div>\n
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Sidi Na\u00efl ne craignait ni le scorpion, ni la vip\u00e8re cornue, bien que la morsure de cette derni\u00e8re f\u00fbt mortelle.<\/div>\n<\/div>\n
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Souvent, ces animaux, qui sont si communs dans le Sahara, venaient se r\u00e9chauffer dans ses burnous quand il \u00e9tait couch\u00e9 dans sa tente, et jamais ils ne lui faisaient aucun mal.<\/div>\n
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Quand un lui demandait comment il s\u2019y prenait pour \u00e9chapper \u00e0 la piq\u00fbre ou \u00e0 la morsure de ces esp\u00e8ces venimeuses, il r\u00e9pondait tout simplement : \u00abC\u2019est que j\u2019ai la ferme croyance qu\u2019un c\u00e9raste ne mord personne si Dieu ne lui donne l\u2019envie de le faire, et ne lui dit dans le langage de sa divine puissance : \u00abVa pr\u00e8s d\u2019un tel, et mords-le \u00e0 tel endroit du corps, afin qu\u2019il devienne malade, ou qu\u2019il perde la vue, ou qu\u2019il meure.\u00bb<\/div>\n<\/div>\n
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“La vip\u00e8re ne va donc mordre qui que ce soit sans qu\u2019il n\u2019y ait volont\u00e9 et permission de Dieu.”<\/div>\n<\/div>\n
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Enfin, apr\u00e8s avoir op\u00e9r\u00e9 de nombreux miracles, Sidi Na\u00efl termina son existence terrestre dans la vall\u00e9e de l\u2019oued El Lahm, ainsi que nous l\u2019avons dit plus haut, et sa d\u00e9pouille mortelle fut, selon sa volont\u00e9 supr\u00eame, d\u00e9pos\u00e9e sur le lieu m\u00eame o\u00f9 Dieu avait jug\u00e9 convenable de marquer le terme de sa vie.<\/div>\n<\/div>\n
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De nombreux p\u00e8lerins visitent, deux fois par an, le tombeau de Sidi Na\u00efl, et ses descendants y affluent de tous les points des espaces immenses qu\u2019ils se sont successivement attribu\u00e9s comme terrains de parcours.<\/div>\n<\/div>\n
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Bien que les m\u0153urs des filles des Ouled Na\u00efl n\u2019aient pas, g\u00e9n\u00e9ralement, la puret\u00e9 du cristal, Sidi Na\u00efl n\u2019en est pas moins extr\u00eamement bon pour elles, bon jusqu\u2019\u00e0 la faiblesse : car il est rare qu\u2019il n\u2019exauce pas leurs v\u0153ux, bien que, le plus souvent, ils aient pour mobile la satisfaction de leurs int\u00e9r\u00eats charnels.<\/div>\n
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Mais le saint a assez fait, \u00e0 ses d\u00e9pens, l\u2019exp\u00e9rience de la fragilit\u00e9 de la vertu f\u00e9minine pour ne point \u00eatre dispos\u00e9 \u00e0 pardonner et \u00e0 oublier.<\/div>\n<\/div>\n
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Aussi sa koubba est-elle extr\u00eamement fr\u00e9quent\u00e9e par les femmes et les filles de ses descendants, lesquelles ont toujours quelque chose \u00e0 demander au saint fondateur de la tribu.<\/div>\n<\/div>\n
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Un certain nombre des descendants du saint ont jouit du don des miracles, et, chose bizarre, cette pr\u00e9cieuse facult\u00e9 s\u2019est surtout continu\u00e9e dans la descendance de Sidi Melik Ben Na\u00efl, l\u2019enfant que Cheliha donna a son saint \u00e9poux avec la collaboration, -pr\u00e9sum\u00e9e-, de Sidi Melik.<\/div>\n<\/div>\n
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Nous citerons, parmi ceux de ces saints qui sont arriv\u00e9s \u00e0 la c\u00e9l\u00e9brit\u00e9, Sidi Salem Ben Sidi Melik, Sidi Abd Er Rahman Ben Salem, son fils, Sidi Mohamed Ben Abd Erahman, et Sidi Thameur Ben Mohamed.<\/div>\n<\/div>\n
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La l\u00e9gende ne nous a conserv\u00e9 le souvenir que d\u2019un seul miracle op\u00e9r\u00e9 par le dernier de ces saints marabouts.<\/div>\n<\/div>\n
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Source : L\u2019Alg\u00e9rie l\u00e9gendaire en p\u00e8lerinage \u00e7a et l\u00e0 – <\/span>Aux tombeaux des principaux thaumaturge de l’islam – Tell et Sahara.<\/span><\/div>\n<\/div>\n