Dans un long podcast diffusé sur la chaîne YouTube Interviews By Roula, le penseur algérien Yahia Abou Zakaria a livré une lecture sans détour des menaces qui pèsent sur l’Algérie. Au milieu d’une analyse globale du monde arabe et islamique, souvent sombre, c’est pourtant le passage sur l’Algérie qui a concentré les propos les plus personnels, les plus vibrants – et les plus engagés.
Avec une voix posée mais ferme, Abou Zakaria a dressé l’inventaire des tentatives de déstabilisation de l’État algérien. Il dénonce une stratégie multiforme, dont les ressorts vont des pressions identitaires à la subversion militaire : tentatives d’opposer Arabes et Amazighs, résurgence du terrorisme depuis la Libye, survols hostiles par drones étrangers, et instrumentalisation d’alliés régionaux comme les Émirats.
Mais ce qui inquiète le plus l’intellectuel, c’est ce qu’il présente comme un plan de remplacement politique au sommet de l’État algérien. Il affirme que certains centres de pouvoir extérieurs – qu’il ne nomme pas tous, mais que l’on devine à travers le contexte – viseraient à écarter le président Tebboune pour installer un dirigeant plus malléable, à l’image, dit-il, de “généraux formés à la manière de Joulanie”.
C’est alors qu’Abou Zakaria lance l’une des phrases les plus fortes du podcast :
“Si l’Algérie est attaquée, moi Yahia Abou Zakaria, j’enlèverai ma veste et je prendrai le kalachnikov pour défendre mon pays.”
Ce n’est pas une métaphore. C’est un serment.
Il le dit les yeux dans les yeux, avec une gravité rare. Il ne parle plus en intellectuel, mais en homme qui se sent investi d’une dette historique, celle des 12 millions de martyrs qu’il évoque comme des juges éternels devant lesquels il faudra répondre.
Pour lui, la spécificité algérienne est double : une immunité populaire profonde, et une armée aguerrie, forgée dans la guerre contre le terrorisme dans les années 90. Il assure que “le peuple algérien mangerait la chair et les os de celui qui tenterait de nuire à l’Algérie”.
Dans une époque marquée par les normalisations rampantes avec Israël, il affirme que l’Algérie reste la dernière forteresse debout, refusant toute compromission. Ce refus serait, selon lui, la raison même des attaques diplomatiques et médiatiques contre elle : “Ils veulent que l’Algérie baisse la tête comme les autres.”
Et il conclut avec une forme de serment collectif :
“À nos martyrs, nous dirons : nous sommes restés fidèles.”
Mon avis ?
Dans un monde arabe désorienté, Yahia Abou Zakaria incarne une voix d’alarme – mais aussi une voix de promesse. Ce qu’il dit sur l’Algérie n’est pas simplement une défense de l’État. C’est une déclaration d’amour politique, une fidélité sacrée à une nation qu’il considère comme l’ultime refuge du refus.
🎙️ À écouter sur la chaîne Interviews By Roula :
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Hope&ChaDia