Un élan national
“La dernière fois qu’on a vu autant de drapeaux, c’était le jour de l’Indépendance !”, s’enthousiasmaient avec émoi nombre de concitoyens durant le Hirak du 22 Fevrier.
Déclaration moins anecdotique qu’il n’y paraît si l’on considère la dynamique, l’élan patriotique soulevés par ces 2 événements qui ont marqué un tournant dans l’histoire de la nation algérienne.
Pour les plus anciens, certains se souviendront de la ferveur, du dévouement et de l’abnégation avec lesquels ils se sont lancés pour bâtir une Algérie jadis niée dans ses droits et bafouée dans sa dignité par plus d’un siècle de spoliation et d’humiliation coloniale. Ils auraient déplacé des montagnes au sens propre (car au figuré, c’est bien ce qui fut réalisé) pour qu’elle recouvre l’honneur, leur honneur.
De la même manière, on pourra noter une certaine similitude entre cette épopée héroïque et le mouvement patriotique suscité par le Hirak.
Ainsi une multitude de chaînes YouTube, d’initiatives individuelles ou collectives ont essaimé, prouvant encore, s’il était besoin, que le patriotisme n’est et ne sera jamais éteint en chaque Algérien, qu’il est prêt à se manifester à tout moment et à accomplir les plus grandes œuvres pour peu qu’on lui offre l’occasion de s’exprimer.
Et la plupart de ces volontaires d’horizons divers aussi bien géographiquement, qu’intellectuellement activent dans l’anonymat sans attendre en retour émoluments ni honneurs ou gloire pour leur profit mais pour celui de leur patrie.
Du reste, nous sommes convaincus qu’il existe une forme d’intelligence collective, une sorte de sagesse populaire, dont est doté chaque individu et qu’il s’agirait de ne pas sous-estimer, ignorer et encore moins mépriser s’il souhaite exprimer son idée.
Car celui-ci est susceptible d’apporter un éclairage ou un point de vue pouvant réorienter, réajuster le discours, voire donner une autre impulsion à la réflexion des analystes, qui, généralement, évoluent dans l’univers des hypothèses et de la théorie.
Or il est largement admis qu’il y a un gouffre, un abîme de la théorie à la pratique, car bien souvent il n’est pas tenu compte de ces fameux mais non moins inéluctables “impondérables “, que chacun aura pu expérimenter lorsqu’il a été amené à élaborer un plan d’action ou même entrepris de menus travaux de bricolage ménager.
A ce propos, en guise de parenthèse, nous préconisons, pour tout projet d’infrastructures ou autres, de prévoir une provision supplémentaire de 10 à 15% du montant prévisionnel afin de parer à la “réalité du terrain”.
Aussi sans doute nos élites seraient-elles bien inspirées de capitaliser sur ce mouvement patriotique, en étudier les ressorts et diffuser des émissions ouvrant un espace de débat ou créer des plateformes (dans des sites de ministères par exemple) offrant la possibilité à chacun d’apporter sa pierre à l’édifice (une sorte de boîte à idées).
Le CNES est, à n’en pas douter, un excellent thinktank réunissant la crème de nos élites, toutefois nous considérons que la tâche étant immense, l’effort de réflexion devrait être élargi à l’ensemble de la population, notamment nos universités afin qu’elles puissent contribuer dans chaque domaine (économie, sociologie, architecture, etc…).
En effet, comme vous avez pu le constater, dans ces périodes de communion, ce qui a concouru à mobiliser, galvaniser les citoyens, c’est en quelque sorte non seulement une impression de passage d’un “ancien monde” à un nouveau modèle souvent idéalisé, d’un commencement d’une nouvelle ère, mais aussi le sentiment que leur action, leurs idées contribuent à œuvrer dans ce sens et que leur voix compte et est entendue.
La dimension idéologique n’est, ce nous semble, pas totalement étrangère à ce phénomène, et le socialisme, portant en lui un idéal d’égalité et de solidarité propre à rassembler toute la population, y a certainement contribué, ce qui n’aurait peut-être pas été le cas s’il s’agissait de se mobiliser pour des oligarques.
En effet, c’est parce que la Sonatrach (pour prendre cet exemple) à été nationalisée que les Algériens ont œuvré d’arrache-pied à son succès, car ils considéraient qu’elle appartenait à la nation et donc qu’elle leur appartenait collectivement et individuellement.
Ainsi d’une manière générale, nous considérons que la voix des Algériens, confisquée durant des décennies, ne doit pas être convoquée uniquement durant les grands rendez-vous électoraux, par intermittence, mais doit faire l’objet d’une écoute permanente afin qu’ils aient le sentiment que leur avis compte et que tout simplement qu’ils existent
Miloud, www.jazairhope.org
1 comment
Excellent texte
Le parallèle entre le 5 juillet 1962, jour de notre indépendance et le 22 Février 2019, jour marquant le début du Hirak, est judicieusement choisi; c’est comme dire que les mêmes causes généraient les mm effets forcément.
La lutte contre le colonialisme avaient donné le 5 juillet et celle contre la médiocrité a donné le 22 Février.
Merci pour le ce Partage Miloud