Il y a unanimité chez les trois candidats à l’élection présidentielle anticipée à dénoncer le flou et les contradictions des chiffres fournis par l’instance indépendante des élections dans le cadre de l’annonce des résultats du scrutin tenu samedi dernier.
Dans un communiqué commun, publié tard dans la soirée d’hier, signé par les responsables de campagne des trois candidats à l’élection présidentielle anticipée, les trois candidats ont remis en cause les chiffres annoncés par le président de l’instance nationale indépendante des élections.
« Nous informons l’opinion publique nationale de l’opacité, le flou, les contradictions et les disparités des chiffres enregistrés dans l’annonce des résultats provisoires des élections présidentielles anticipées faite par le président de l’instance nationale indépendante des élections », ont, ainsi, déclaré les trois candidats au scrutin présidentiel.
Les signataires du communiqué citent plusieurs éléments qu’ils remettent en cause dans l’annonce des résultats provisoires de l’élection présidentielle anticipée.
En premier lieu, les responsables de la campagne du candidat indépendant Abdelmadjid Tebboune, du candidat du MSP Abdelaali Hassani Cherif et du candidat du FFS, Youcef Aouchiche, dénoncent l’opacité et les contradictions des chiffres des taux de participations annoncés par l’ANIE.
Dans la soirée du samedi, l’ANIE avait annoncé une moyenne de participation de l’ordre de 48% de participation à l’élection présidentielle anticipée. Dimanche, en marge de l’annonce des résultats provisoires, Mohamed Charfi a dévoilé des chiffres différents des voix exprimées pour chaque candidat qui contredisent la moyenne du taux de participation annoncée la veille.
Les responsables de campagne des trois candidats ont également pointé la contradiction dans les chiffres annoncés par le président de l’ANIE avec le contenu des procès verbaux délivrés par ses délégations au niveau des communes et des wilayas.
Les signataires du communiqué ont également mis en avant le flou qui a marqué selon eux l’annonce des résultats provisoires des élections présidentielles anticipées. Ces derniers ont signalé le manque de l’ensemble des données principales que doit traiter l’annonce des résultats comme cela se fait habituellement dans les échéances électorales nationales importantes.
En dernier lieu, les responsables de campagnes des trois candidats à la présidentielle ont mis en avant le dysfonctionnement dans l’annonce des taux obtenus par chaque candidat.
Ce qui est à relever dans le communiqué en question, qui était pour le moins inattendu, c’est la participation de la direction de campagne du candidat vainqueur à l’initiative de dénonciation de dysfonctionnement et des manquements relevés dans l’annonce des résultats provisoires et des chiffres de la participation de l’ANIE.
Ainsi, les trois candidats ont entrepris de dénoncer ensemble les manquements signalés tant dans l’annonce des chiffres sur la participation le soir de l’élection que dans l’annonce des résultats provisoires le lendemain.
Tebboune se démarque
Réélu à 94% des suffrages exprimés, Abdelmadjid Tebboune s’est joint à l’initiative des autres candidats à dénoncer des contradictions qui ont quelque peu contrarié la crédibilité des élections présidentielles anticipées du 7 septembre.
Au moment de voter samedi dernier, Abdelmadjid Tebboune avait fait part dans ses déclarations à la presse de son désir de consacrer les règles démocratiques dans l’exercice politique. Il passe à l’acte en dénonçant des défaillances qui entachent la crédibilité du scrutin présidentiel.
Si Tebboune, favori sans conteste, était appelé à gagner les élections présidentielles, c’est dans les règles de l’art qu’il souhaite obtenir le quitus pour un deuxième mandat à la tête du pays.
C’est ce qu’il a démontré à travers la signature par son équipe de campagne du communiqué cinglant contre les manquements enregistrés chez l’instance nationale indépendante des élections.
C’est une première depuis l’ouverture démocratique en Algérie qu’un candidat vainqueur de l’élection présidentielle dénonce conjointement à ses adversaires des dysfonctionnements dans le cadre de la gestion de l’opération électorale.
Dans l’Algérie post-hirak, mouvement populaire qui s’est levé pour mettre fin aux pratiques qui ont éloigné le peuple de la chose politique, Abdelmadjid Tebboune fait montre d’une prise de distance avec un passé douloureux dans la mémoire des Algériens.
Par Zine Haddadi
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